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Sanitaire

DNC : entre inquiétude et incompréhension dans le Jura

La préfecture du Jura a organisé une réunion d’information et d’échanges avec les éleveurs concernés par l’extension de la zone réglementée de la DNC. Une quarantaine était présente, avec leur lot d’inquiétudes et de questions, et l’espoir d’une levée des contraintes rapides, synonyme de fin de l’épizootie.

Par Pierre-Etienne Brunet
DNC : entre inquiétude et incompréhension dans le Jura
Lors de cette réunion, les éleveurs ont pu exprimer les nombreuses questions qui les taraudent actuellement.

C’est sous l’autorité de Sophie Deknuydt, sous-préfète de Saint-Claude, que les services de la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) et du GDS ont pendant deux heures rappelé les règles sanitaires, déminées des fake news, et chercher à répondre aux questions très pratico-pratiques des éleveurs présents lors d'une réunion sur la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) organisée aux Moussières, une commune toute proche du département de l'Ain, où plusieurs cas de la maladie ont été détectés. Rapidement, les questions ont fusé. Est-ce que le vaccin est efficace ? Pourquoi attendre d’être dans la zone pour avoir accès aux vaccins ? Quelles dérogations sont possibles pour bouger des animaux ? Comment faire lorsque des animaux sont en partie en zone indemne et en partie en zone réglementée ? Quid des animaux en estives si les règles perdurent après le 13 octobre ?

Éradiquer le plus vite possible

La directrice de la DDETSPP, Anne-Cécile Cotillon, a rappelé le contexte. « L’objectif est d’éradiquer cette maladie le plus rapidement possible et les chiffres nous montrent que nous sommes sur la bonne voie. Mais cela nécessite des contraintes collectives pour protéger vos troupeaux d’une contamination, qui s’arrêteront 45 jours après la disparition du dernier foyer. » L’entrée en zone de surveillance a d’ailleurs permis de commencer dès le 29 août la vaccination des premiers bovins jurassiens. D’après une estimation du GDS, 2 650 bovins sont concernés par la vaccination qui est obligatoire pour tous les bovins présents dans les 9 communes de la zone réglementée. Pour les services de l’État, la réservation des doses de vaccins aux zones réglementées se justifie par le nombre limité de doses disponibles et pour limiter au maximum la durée où la France aura perdu son statut indemne de DNC, lui bloquant les possibilités d’exports vers de nombreux pays pendant 14 mois car beaucoup de pays ne reconnaissent pas de zonage local. « Les enjeux économiques sont importants pour la ferme France, notamment pour la filière allaitante qui exporte beaucoup de broutards »

Pas de mouvements sans dérogation

Concernant les mouvements d’animaux, les éleveurs avaient aussi beaucoup de questions. Le principe de base étant qu’il est interdit de faire rentrer dans la zone de surveillance des animaux actuellement en zone indemne, et à l’intérieur de la zone réglementée de changer de pâtures les animaux sans autorisation préalable de l’administration. Face aux réactions d’éleveurs appelant au bon sens pour alléger les déplacements d’animaux sur l’exploitation, la sous-préfète est restée ferme en rappelant que les mouvements d’animaux sont la principale cause de l’évolution géographique de la maladie et que la rigueur est indispensable. « Évidemment si vos bêtes n’ont plus de quoi se nourrir ou viennent de vêler, on vous donnera des autorisations pour les déplacer mais il est indispensable que l’on puisse tracer les animaux en temps réel » se veut rassurante la DDETSPP. « L’étau réglementaire s’est déjà desserré un peu face à l’évolution positive de la maladie permettant ainsi des dérogations au cas par cas. Des discussions sont en cours sur le retour des animaux en estives, mais l’enjeu est aussi de ne pas aller trop vite et que la maladie reparte, car sinon tout cela n’aura servi à rien. »

Les chiffres au 3 septembre

Au niveau national : 77 foyers – 1718 bovins euthanasiés – 45 élevages concernés - levée potentielle des contraintes mi-octobre si pas de nouveaux foyers en France

Au niveau jurassien : 9 communes en zone de surveillance (ZS) – 33 élevages concernés + autres bovins présents en ZS – 2650 bovins à vacciner.

Témoignage

Stéphane Gros, éleveur à Bellecombe, au sud de Saint-Claude, en zone réglementée DNC, préfère rester positif : « Je suis plutôt optimiste, nous allons vers une saison moins chaude, moins favorable aux vecteurs et une grande partie des animaux du secteur concerné est vaccinée. ». Les 120 têtes de son troupeau ont toutes été vaccinées au 28 août. « Le plus contraignant est de ne plus pouvoir déplacer nos bêtes. Quand on est obligé de changer de parc, on doit informer la DDETSPP. » Un autre inconvénient est l’impossibilité de vendre des animaux. « On garde les veaux plus longtemps, on va patienter jusqu’à la levée des restrictions. » Parmi les animaux qu’il reçoit également en pension, un troupeau présent sur la commune des Molunes, en zone indemne, a pu repartir vers son élevage d’origine avec l’autorisation de la DDETSPP. Pour l’éleveur, le plus important « est de rester vigilant sans baisser la pression et transparent sur ses pratiques, sans faire n’importe quoi. Si nous n’avons pas de nouveau cas à proximité, nous serons soulagés. Cela aurait pu être bien pire : un troupeau décimé comme en Savoie, ça fiche la trouille, on est blessé dans sa chair… ». Stéphane Gros fait le tour des pâturages chaque jour. « Cela n’a pas changé mes pratiques car j’ai subi une attaque de loup en juillet. La surveillance est quotidienne à cause de la prédation, cela commence à faire beaucoup ! »