Accès au contenu
Engraissement

Diminuer les achats d’aliment avec de l’herbe enrubannée ou ensilée

L’introduction d’une part importante d’herbe dans la ration des animaux en engraissement permet le maintien de performances zootechniques élevées.
Par C. Delisle
Diminuer les achats d’aliment  avec de l’herbe enrubannée ou ensilée
( Crédit photo : C.DELISLE )
«Pour faire face à la volatilité des cours des différentes matières premières alimentaires, la valorisation des surfaces en herbe permet d’augmenter l’autonomie alimentaire, en diminuant les achats d’aliments. Nous avons réalisé une synthèse qui porte sur les essais zootechniques de vingt-deux régimes alimentaires d’engraissement de génisses et de jeunes bovins, de races charolaise et limousine, menés entre 2009 et 2015. L’objectif est de préciser les niveaux de performances technico-économiques des rations introduisant de l’enrubannage ou de l’ensilage d’herbe (graminées ou prairies permanentes, luzerne, multi-espèces, graminées et légumineuses) par rapport à des rations témoins à base d’ensilage de maïs ou à des rations sèches à base de céréales et tourteaux», expliquent les auteurs de l’étude (1). Des comparaisons de coûts alimentaires sur plusieurs années ont également été effectuées. Ces essais ont été conduits par les stations expérimentales d’Arvalis - Instituts du végétal de la Jaillière (44), de Saint Hilaire en Woëvre (55) et des Bordes (36).

Réduction de la quantité de tourteaux
Toutes races confondues, les croissances et durées d’engraissement des jeunes bovins (JB) observées avec des régimes à base d’herbe sont identiques à celles observées avec les rations sèches témoins, à base de concentrés avec de la paille. Le constat est identique pour les génisses. Avec des rations à base d’herbe, les ingestions des génisses augmentent peu, tandis que les densités énergétiques sont nettement inférieures aux régimes témoins en ration sèche.
«Par contre, l’introduction d’enrubannage ou d’ensilage d’herbe à hauteur de 35 % en matière sèche dans les rations à base de maïs allonge la durée d’engraissement des JB de 21 jours, tout en conservant des performances de croissance élevées (1419 g/j). La baisse de croissance par rapport aux témoins est de 128 g/jour sur la durée d’engraissement. Les consommations de tourteaux diminuent peu et les consommations en céréales augmentent. Avec l’ajout d’herbe dans la ration, les densités énergétiques des rations étudiées ont été significativement inférieures par rapport aux témoins.» Le coût alimentaire des rations JB est donc augmenté de 34 € en moyenne avec l’ajout d’herbe dans les rations à base de maïs fourrage. Mais dans le cas de rations à base d’herbe comparées aux témoins maïs fourrage, les fluctuations interannuelles sont réduites de 25 %.

Fluctuations interannuelles réduites
En ration sèche, le coût alimentaire est de 482 € en moyenne pour les témoins, contre 454 €pour les rations avec de l’enrubannage à hauteur de 35 % de la ration. La variation du coût alimentaire inter-campagnes est limitée à 120 € contre 143 € pour les témoins. Pour les JB engraissés en ration sèche avec herbe, les coûts alimentaires sont inférieurs aux témoins dans 30 cas sur 40.
«Pour les génisses limousines, les coûts alimentaires sont systématiquement inférieurs avec des rations à base d’enrubannage par rapport aux coûts des régimes témoins. Les coûts alimentaires d’engraissement à l’herbe des génisses charolaises sont en revanche toujours plus conséquents (en moyenne de 28 €) malgré un coût de la ration journalière moins élevé que pour le témoin en ration sèche.»
«L’introduction d’herbe de bonne qualité dans la ration des JB entraîne une diminution du coût alimentaire des rations sèches et stabilise les variations inter-campagnes du coût alimentaire d’une ration à base de maïs fourrage. L’herbe dans une ration sèche de JB à base de céréales, tourteau et paille permet de réduire fortement les consommations de concentrés, sans impacter les performances de croissance. Pour évaluer l’impact de l’introduction d’herbe dans une ration d’engraissement sur son coût alimentaire, l’attention devra être portée principalement sur le prix des céréales pour les rations à base de maïs fourrage et sur le prix des tourteaux pour les rations sèches. »
Quels que soient les types de rations et les races, l’introduction d’une part importante d’herbe dans la ration des animaux en engraissement maintient des performances zootechniques élevées et permet de réduire les variations interannuelles du coût des rations d’engraissement.

Source : Rencontres recherche ruminants 2015.