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Chambre d’agriculture

Difficulté, le mot de la rentrée

La session du 4 septembre a fait état d’une situation plus que tendue dans les cours de ferme. Les annonces gouvernementales de la veille n’ont pas semblé l’apaiser.
Par Aurélien Genest
Difficulté, le mot de la rentrée
Le préfet Éric Delzant au micro, entouré de François Depuydt, Vincent Lavier et Jean-Luc Iemmolo.
Les membres de la session de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or se sont réunis vendredi dernier à Saulon-la-Chapelle. Un tableau «noir foncé» de l’agriculture a été dressé. Si les moissons se sont terminées sur un bilan globalement correct, les moyennes départementales cachent de profondes disparités, certaines terres donnent moins de 25q/ha en colza et orges de printemps et moins de 45q/ha en blé et orges d’hiver. «Un grand nombre de revenus sont dans le rouge, nous assistons à une forte dégradation des situations financières» déplore Vincent Lavier. Pour ne rien arranger, les cours céréaliers chutent depuis plus de deux mois : «ils ont dévissé d’au moins 20% et j’ai bien peur que ça ne s’arrange pas». En élevage, la sécheresse implique l’achat d’aliments de substitution et dégrade encore plus les trésoreries. «Les prix de vente des denrées ont de plus en plus de mal à couvrir les coûts de production» s’inquiète le président de la Chambre d’agriculture, sentant qu’un «profond désarroi s’est installé au sein du monde agricole» : «le constat suivant est très dur, mais certains exploitants n’ont plus rien à perdre... A force d’accumuler les dettes, ils ne possèdent plus rien sur leur exploitation. Leur réaction par rapport à ça ? Certains se replient sur eux-mêmes, d’autres peuvent rentrer dans des mouvements d’humeur difficiles à contrôler, comme nous pouvons le constater aujourd’hui dans d’autres régions».

Des efforts qui ne paient pas
Vincent Lavier poursuit son constat pour le moins affligeant: «les agriculteurs ont été énormément sollicités ces dernières années, d’importants efforts d’adaptation ont été réalisés sans qu’aucune amélioration globale ne soit constatée. Les nouvelles normes et contraintes ont engendré des coûts supplémentaires impossibles à répercuter. Tous les gains de productivité ont été globalement captés par les filières au sein desquelles, plus que jamais, les producteurs de matières premières sont devenus des variables d’ajustement». Pour le président de la Chambre d’agriculture, les agriculteurs ont besoin de solutions économiques, mais aussi d’une «véritable» reconnaissance et d’une vraie lisibilité : «notre secteur de production est-il encore un secteur stratégique de l’économie nationale aux yeux de nos dirigeants ? La vocation exportatrice de notre agriculture doit-elle perdurer ou souhaite t-on l’orienter vers un autre modèle ? Le choix n’a jamais été fait dans notre pays, plusieurs réformes se sont succédées sans déterminer la moindre ligne directrice. A force de ne pas choisir, l’agriculture pourrait bien se voir réserver le même sort que l’industrie, le textile ou la sidérurgie».

Mesures du 3 septembre
Le préfet Éric Delzant et Jean-Luc Iemmolo, directeur de la DDT, ont présenté les mesures annoncées la veille à Paris (résumées dans l’encadré «Plan de soutien à l’élevage»). «Elles restent essentiellement conjoncturelles et ne résoudront pas les problèmes de fond» regrette Vincent Lavier. Des mesures assurant le devenir de l’agriculture ont une nouvelle fois été demandées. Dans cette période plus que difficile, la Chambre d’agriculture, de son côté, se dit prête à continuer de travailler au plus près des exploitants agricoles en leur apportant des services pertinents, en tentant de répondre à diverses problématiques et en soumettant des actions locales possibles à son niveau (voir ci-dessous «Propositions d’actions»).


Crise de l’élevage et sécheresse
Propositions d’actions de la Chambre d’agriculture
Grandes cultures :
- demande de dégrèvement de la TFNB sur le Nord Dijonnais
- mise en place d’un groupe de réflexion sur la conduite de l’atelier Grandes cultures en terres superficielles
- pérennisation de la ressource en eau pour l’irrigation des productions de printemps
Élevage :
- demande de dégrèvement de la TFNB, dossier calamités
- mobilisation de ressources alimentaires avec aide du Conseil départemental
- poursuite de l’offre de formation «étude des coûts de production»
- une offre de service sur l’optimisation du coût de l’alimentation
- prise en charge des coûts sanitaires liés aux concours des bovins
- promotion à l’abonnement «contrôle de performance bovins viande» sous condition de participation à formation continue
Productions végétales diversifiées :
- développement des retenues collinaires afin d’assurer la ressource pour irrigation
Exploitations en dérive économique :
- partenariat avec les centres comptables et de gestion pour détection et intervention pour expertise de solutions à mettre en œuvre.

Plan de soutien à l’élevage

Le plan de soutien à l’élevage initialement présenté le 22 juillet évolue. En voici les principales mesures :
- Concernant les prix : suivi avec un médiateur du respect des engagements de revalorisation, conseil extraordinaire des ministres de l’agriculture lundi 7 septembre à Bruxelles
- Le fonds d’allègement des charges passe de 50 à 100 millions d’euros. Les prises en charge de cotisations MSA passent de 15 à 50 millions d’euros.
- La cotisation minimum maladie est alignée sur le régime des indépendants dès 2015 : baisse de 50 millions d’euros des cotisations sociales agricoles.
- Un report total des annuités bancaires 2015 sera proposé aux éleveurs : ces derniers devront en faire la demande auprès de la cellules d’urgence départementale, cette mesure était jusque là réservée aux jeunes agriculteurs et aux récents investisseurs, elle est donc étendue.
- Les aides publiques à l’investissement seront augmentées de 200 à 350 millions d’euros par an.
- Augmentation de 20 à 50 millions d’euros des subventions à la modernisation des outils d’abattage-découpe
- Pause dans la création des nouvelles normes environnementales jusqu’en février 2016
- Les agriculteurs fermiers pourront obtenir sur leurs impositions non professionnelles une répercussion équivalente à la remise gracieuse de TFNB (réservée aux propriétaires)