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Chambre d’agriculture de l’Yonne

Des vœux et de gros enjeux

Le mardi 7 janvier ont eu lieu les vœux de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. L’actualité agricole ainsi que les enjeux pour 2020 ont été abordés. Une année qui s’annonce notamment décisive en ce qui concerne les ZNT (Zones de non traitement), le renouvellement des générations ou encore l’adaptation au changement climatique.
Par Christopher Levé
Des vœux et de gros enjeux
Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, a présenté ses vœux le mardi 7 janvier.
«Ce que l’on peut souhaiter aux agriculteurs en 2020 ? Des prix rémunérateurs, même si nous n’avons pas la main dessus. Il y a les Egalim qui sont entrés en vigueur l’année dernière, mais le retour est encore timide. On espère en 2020 voir des avancées au niveau de la production laitière pour les Egalim», indique Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne.

Lors des vœux de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, qui ont eu lieu le mardi 7 janvier, Arnaud Delestre a aussi souhaité que cette nouvelle année apaise les relations entre les agriculteurs et une partie des citoyens, dans un contexte où l’agriculture française, bien que l’une des plus fiables au monde, est souvent décriée par la population.

Le président de la Chambre a ensuite parlé des grands enjeux à venir. A commencer par le sujet qui fait le plus parler en ce début d’année : les ZNT (Zones de non traitement). «Le 29 décembre, un décret est paru au journal officiel avec des distances prises suite aux recommandations de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) : qui sont de 20 m pour certaines substances les plus préoccupantes, 10 m pour les cultures hautes (arboricultures, viticultures et autres petits fruits de plus de 50 cm de haut) et 5 m pour les autres cultures (colza, blé, orge…)», détaille Arnaud Delestre. Cette règle ne sera appliquée qu’à compter du 1er juillet 2020 pour les cultures semées avant le 1er janvier 2020.
Les distances pourraient être réduites (à 3 m pour les grandes cultures et en viticulture, et à
5 m en arboriculture) avec l’utilisation d’un certain nombre d’éléments permettant de limiter la dérive (comme la présence d’un mur le long d’une propriété, d’une haie, de l’utilisation d’une buse antidérive, de l’utilisation en viticulture de matériel spécifique de pulvérisation face par face). Pour cela, la signature d’une charte départementale de bon voisinage est nécessaire. Une rencontre est d’ailleurs prévue avec les associations de maires. Cependant, le sujet reste flou. «Qui sont les signataires, quels sont les délais à respecter ?», s’interroge Arnaud Delestre. Une signature qui ne devrait pas être actée avant les élections municipales approchant qui auront lieu les 15 et 22 mars prochains.
 
La gestion de l’eau «primordiale pour continuer à cultiver»
Autre enjeu fort de l’année évoqué lors des vœux : le défi climatique. Après deux années de fortes sécheresses, l’adaptation au changement climatique est l’une des priorités. «On souhaiterait pouvoir mettre en place quelques réserves par endroits pour garantir un certain nombre de cultures spécifiques qui pourraient en avoir besoin l’été, comme le maraîchage par exemple», commente Arnaud Delestre. «Cela serait aussi utile pour l’abreuvement du bétail. On va travailler pour voir comment il est possible de gérer le stockage de l’eau. A travers des systèmes de retenu d’eau par exemple, ou en faisant des postes d’abreuvement. La gestion de l’eau sera primordiale dans les prochaines années pour pouvoir continuer à cultiver».

Un point a également été fait sur la PAC (Politique agricole commune). «On sait que la sortie du Royaume-Uni avec le Brexit aura une incidence économique sur le budget de la prochaine Pac», développe le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. La mise en place d’une nouvelle Pac devrait probablement se faire entre 2020 et 2023.
Arnaud Delestre a aussi évoqué les attaques de loup a répétition dans le département. «Les dernières en date ont été faites durant les fêtes de fin d’année dans le Tonnerrois (à Jully et Villiers-Louis notamment)». Pour le moment, ces cas sont à l’étude par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) pour déterminer si la responsabilité du loup est engagée, exclue ou non exclue.

Renouveler les générations
Enfin, Arnaud Delestre a parlé d’un dernier grand enjeu, celui du renouvellement des générations. «On sait que 50 % des agriculteurs en place aujourd’hui, seront soit en retraite soit à l’âge de la retraite dans les dix ans qui viennent. C’est-à-dire que cela demande un renouvellement énorme», assure-t-il.
En élevage, 70 % du cheptel dans la Région Bourgogne-Franche-Comté est détenue par des agriculteurs qui ont plus de 55 ans. Le renouvellement, notamment au niveau de l’élevage, fait donc partie des inquiétudes à avoir dans le département. «Depuis deux-trois ans, on perd en moyenne une vingtaine d’éleveurs laitiers par an dans le département, qui n’en compte plus que 150 aujourd’hui», poursuit-il.

Cependant, le nombre d’installations se maintient dans l’Yonne ces dernières années avec environ 50 installations aidées, par an.
Pour le président de la Chambre, la pérénité de l’agriculture française passe par du changement. «Il y a beaucoup de perspectives en agriculture mais il faut accepter qu’il y ait des choses qui doivent changer. Il y a des nouvelles cultures qui sont mises à l’essai, qui peuvent être prometteuses. On a un gros souci dans le département avec la production de colza (avec les grosses altises et les grosses sécheresses notamment) qui représentait un tiers de notre surface de production il y a quelques années. Aujourd’hui, il faut arriver à trouver d’autres plantes qui peuvent s’adapter à nos territoires», confie-t-il.

«Cependant, je pense que le colza n’est pas fini. C’est une plante qui a des capacités. Il y a une filière qui est très organisée. Il faut arriver à s’adapter et faire en sorte que la production ré-augmente. On fait aussi des essais avec des plantes compagnes (comme la féverole) qui attirent les insectes pour qu’ils n’aillent pas sur le colza», conclut Arnaud Delestre.