Accès au contenu
Fourrages

Des stocks en reconstitution

Un éleveur de Marcilly-Ogny évoque sa récolte d’herbe, sur le point de se terminer.
Par Aurélien Genest
Des stocks en reconstitution
Matthieu Saulgeot, satisfait de son enrubannage, termine les foins ce week-end.
L’hiver a été très gourmand en fourrages. Chez Matthieu Saulgeot, éleveur d’une centaine de vaches charolaises entre Saulieu et Pouilly-en-Auxois, les stocks ont été pratiquement réduits à néant. «Les besoins ont été importants durant de longs mois»,  rappelle le Côte-d’orien de 37 ans, «avec la sécheresse que nous avons connue, l’affouragement avait été très précoce, il avait commencé dès le 14 juillet dans un de mes prés. Heureusement, j’ai effectué une mise à l’herbe précoce elle aussi, grâce aux conditions sèches de la fin d’hiver et du printemps».

Quantité et qualité
La récolte d’herbe de Mathieu Saulgeot a débuté le 1er juin sur des coteaux, avec de l’enrubannage sur 22 hectares. L’éleveur de Marcilly est globalement satisfait des volumes et de la qualité de la récolte terminée le 15 juin : «cette année, je voulais mettre tous les atouts de mon côté pour valoriser au mieux la production et reconstituer les stocks. Habituellement, j’épands beaucoup de fumier sur les grandes cultures, mais cette fois, je l’ai privilégié sur les prairies. J’ai également testé pour la première fois l’apport d’écumes de betteraves, particulièrement riches en potasse. Il est difficile de quantifier les différents impacts sur la production, mais le rendement est satisfaisant, il tourne autour de 4 t/ha. J’en suis content, d’autant que la qualité est au rendez-vous. C’est mieux que l’an passé avec 3,8t/ha, mais moins bien que les 6 ou 6,5t/ha de l’année pluvieuse de 2016».

Foin, la fin
La récolte de foin, débutée il y a une semaine dans le bas de la vallée froide et tardive de Marcilly, devrait se terminer ce week-end sur les 60 ha en production: «le rendement devrait se situer entre 4,5 et 5t/ha, les dernières pluies que nous avons eues ont permis aux prairies de se développer davantage. Certes, nous avons perdu un peu de qualité mais les stocks vont se reconstituer, c’est l’objectif premier». Membre du réseau Herbe Hebdo de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, Matthieu Saulgeot fera analyser sa production pour ajuster ses rations : «je ne le fais pas systématiquement mais en ce moment, je pense que cela vaut le coup. Des indicateurs en potasse et phosphore nous permettent de prendre la bonne direction».

Les grandes cultures, bientôt
La récolte d’orge ne devrait pas tarder au Gaec de Cerney. La moisson sera certainement pénalisée par le manque d’eau sur le plateau : «le rendement en orge était probablement fait avant l’arrivée des 40 mm du week-end dernier», commente Matthieu Saulgeaot. Une grande interrogation concerne les parcelles de blé, déjà mal embarquées cette année avec une implantation difficile à l’automne. «Les cultures n’étaient réellement parties que le 5 novembre, quand la neige était tombée. Le blé n’a sûrement pas aimé les fortes températures de la semaine», poursuit l’agriculteur. Faute à la sécheresse 2018 et la présence importante de grandes altises dès la moisson , aucun colza n’a été semé sur les 50 ha de grandes cultures de l’exploitation.

Sécheresse Bis repetita ?

Les craintes d’une nouvelle sécheresse se font de plus en plus ressentir dans le monde agricole. «Les sources, les puits et les cours d’eau ont tous des niveaux très bas. Les derniers jours ne vont pas apaiser les esprits», confie Matthieu Saulgeot, sensibilisé à cette problématique sécheresse dès son installation dans le Gaec familial en... 2003. L’éleveur espère comme ses collègues le retour de pluies régulières : «cela nous éviterait bien des soucis. Généralement, nous avons un temps mort autour du 15 août. Avec une telle sécheresse, c’est du travail non-stop tout l’été. L’hiver dernier, heureusement, je n’ai réalisé aucun achat supplémentaire pour nourrir les bêtes, j’ai notamment puisé dans mon stock fourrager de 2016. Mais cette issue de secours ne sera pas possible tous les ans. J’espère récolter un bon volume de de paille avec mes cultures, nous verrons bien. Sur l’aspect financier, il y a l’eau : j’ai utilisé 1 000 m3 du réseau en 2018, ce n’est pas rien, même si les tarifs de Marcilly sont relativement bas, par rapport à d’autres communes». Pour faire face à la sécheresse récurrente, Matthieu Saulgeot envisage de diminuer son cheptel afin que le chargement ne dépasse pas 1,2 UGB/ha.