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CFPPA Auxerre La Brosse

Des stagiaires venus de loin...

En charge de la formation continue au sein de l’Établissement Public des Terres de l’Yonne, le CFPPA d’Auxerre La Brosse peine depuis quelques années à faire le plein de candidats, notamment en ce qui concerne les formations viticoles.
Par Dominique Bernerd
Des stagiaires venus de loin...
De gauche à droite : Julien Libsig, Sophie Dusseau et Suzanne Callerot.
La  formation «Ouvrier Polyvalent Vignes travaux en vert» qui s’est achevée le 31 mai dernier a eu du mal à recruter : à peine 8 candidats pour 12 places disponibles. Des personnes venant d’horizons divers, au sens littéral du terme, quand on sait que 3 d’entre elles étaient des migrants, originaires du Soudan et d’Afghanistan. Un recrutement peu commun, sans qui la formation n’aurait pu voir le jour, explique Julien Libsig, formateur viticulture au CFPPA d’Auxerre La brosse : «pour la première fois sur ce type de formation, on a eu du mal à recruter, alors qu’elle n’est que de 3 mois, rien à voir avec un Bepa où l’on s’engage sur 9 mois. Nous avions déjà tenté l’expérience avec Mustapha, qui arrivait de Syrie, sur une précédente formation. Cela s’était très bien passé, il est aujourd’hui en contrat sur un grand domaine du Chablisien et nous avons souhaité renouveler la chose…» Avec cette précision importante à l’attention des esprits chagrins pour qui leur présence serait inappropriée : «ils n’ont pris la place de personne ! Il restait encore des places et on peut même dire que sans leur présence, on ne faisait pas la formation, c’est un fait !» Des migrants ayant un statut de régularisés bien sûr, rajoute Julien Libsig : «pour suivre des formations chez nous, ils doivent être inscrits à Pôle Emploi et de ce fait, ont un permis de travail, nécessitant obligatoirement une régularisation…»

Si la barrière de la langue peut être un handicap, la répétition des gestes techniques fait le reste : «on apprend à répéter les choses, pour y accrocher un mot et faire qu’ils comprennent la phrase…»
Avec au final des stagiaires qui ont conquis le reste du groupe : «c’était un peu notre crainte, car si le groupe ne suivait pas, c’était plus délicat…» Et à la clé, un CDD de 6 mois pour Jawad, originaire d’Afghanistan, ainsi que des formations complémentaires en perspective pour ses deux collègues Soudanais.

Des métiers encore trop méconnus

En poste au CFPPA depuis 2010 en qualité de formatrice, Sophie Dusseau a souhaité donner une autre orientation à sa vie professionnelle et quitte l’établissement, remplacée par Suzanne Callerot, une jeune Dijonnaise, pour qui cet emploi est le premier de sa vie active. Retour pour Sophie, sur ces huit années passées au sein de l’établissement : « le contexte alors, n’était pas du tout le même, il y avait moins de formations, c’était le début des ACQ (Action Courte Qualifiante) et ce n’était pas évident au début, car la notoriété n’était pas installée et il a fallu créer toute une dynamique pour gagner la confiance des professionnels… » D’autant qu’ils n’étaient pas nombreux alors à savoir que l’on pouvait se former à la viticulture à La Brosse : « je connais une viticultrice du chablisien qui en 2007 est allée passer son BPREA à Beaune, faute de connaître le CFPPA et ses compétences en matière viticole, beaucoup moins identifiées par les professionnels qu’aujourd’hui… » Avec son idée sur le désintérêt manifesté ces dernières années, par les demandeurs d’emploi pour se porter candidat aux formations viticoles proposées : « c’est peut-être le métier qui aujourd’hui encore, fait peur ! Les gens le connaissent mal et du coup, n’ont pas conscience des différentes possibilités d’évolution au sein de la filière viticole. Peut-être ne communique-t-on pas assez sur tous les postes que peut acquérir un ouvrier viticole tout au long de sa carrière ? Pouvant débuter comme salarié de base et finir responsable de vignes ou caviste assistant, maître de chais, voire gérer toute la partie logistique… ».