Accès au contenu
Chambre d’agriculture

Des solutions à trouver

La dernière session 2016 de la Chambre d’agriculture s’est déroulée le 24 novembre à Beaune. La filière viticole a été présentée, plusieurs dossiers de conjoncture ont été étudiés.
Par Aurélien Genest
Des solutions à trouver
À la tribune : Jean-Luc Iemmolo (directeur de la DDT), Vincent Lavier et François Depuydt (président et directeur de la Chambre d’agriculture).
C’est devenu une habitude : les membres de la session de la Chambre d’agriculture s’intéressent à une production donnée à chacun de leurs rendez-vous. à ce titre, la session était délocalisée la semaine dernière à Beaune et plus précisément à la CAVB pour une présentation des différentes facettes du vignoble de la région. Philippe Longepierre, directeur des marchés et du développement au Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, a rappelé les différentes missions et stratégies du BIVB. L’exposé a mis en évidence la très bonne organisation de la filière viticole et une excellente connaissance des marchés de la part de chaque viticulteur. Un schéma qualifié d’«exemplaire» par le président de la Chambre d’agriculture Vincent Lavier, qui a suggéré l’idée de s’en inspirer dans les autres filières agricoles: «Tout n’est malheureusement pas transposable et le degré de concurrence n’est sans doute pas le même. Néanmoins, il serait intéressant d’étudier dans quelle mesure nous pourrions nous en approcher dans un avenir proche. Le monde viticole a de l’ambition et se donne d’importants moyens pour arriver à ses fins. N’oublions pas que la production viticole était très mal en point il y a encore quelques décennies».

Cap sur la technicité
Plusieurs dossiers de conjoncture étaient ensuite présentés avec, en premier lieu, le plan de soutien aux agriculteurs. L’État garantit notamment la moitié des emprunts des exploitants en difficulté, prolonge le dispositif de l’année blanche et permet le dégrèvement de taxes foncières. Si ce plan a le «mérite d’exister», les réponses apportées ne sont «pas du tout en phase avec les vrais enjeux agricoles» déplore Vincent Lavier. Par sa vocation à accompagner les exploitants, la Chambre d’agriculture préfère se concentrer sur les leviers techniques à actionner au sein de chaque exploitation. «Notre ambition est de remettre à plat les systèmes de production et évaluer les marges de manoeuvre pour trouver des solutions face à cette crise conjoncturelle plutôt que des aides directes qui ne sauraient intégralement résoudre les difficultés» explique le président. Cette session a d’ailleurs remis l’accent sur le renforcement du dispositif d’accompagnement des exploitants fragilisés par la crise agricole.
Un numéro vert (03 80 90 00 01) a été mis en place début novembre et a déjà été sollicité une vingtaine de fois. «Ce service est anonyme et permet d’engager une réflexion sur son système d’exploitation, les agriculteurs n’ont vraiment rien à y perdre» souligne Vincent Lavier. La Chambre d’agriculture rappelle la possibilité de réaliser un audit, financé à hauteur de 70% par le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Appels à la vigilance
La directive nitrates était également à l’ordre du jour. Suite à un recours du syndicalisme, 116 communes du département ne rentreront pas dans le dispositif prévu cette année et ne seront pas soumises aux différentes contraintes d’usage. La Chambre d’agriculture informe toutefois que le dit classement sera remis en cause tous les quatre ans. «À chaque échéance, des communes seront susceptibles d’entrer ou de sortir de la carte. En terme de lisibilité, ce n’est pas ce que nous pouvions attendre de mieux pour le monde agricole, mais il faudra faire avec» commente Vincent Lavier, en invitant les agriculteurs à conserver leur attitude responsable. Le projet d’arrêté phyto était lui aussi au programme de cette réunion, l’objectif de la profession étant de retrouver une «mouture» à peu près similaire à celle de 2006. «Si nous ne voulons pas que les choses se durcissent à l’avenir, il faut rester extrêmement attentif sur ses pratiques. Il est dans l’intérêt de la profession de s’autodiscipliner un minimum pour ne pas être pénalisée par la suite» poursuit le président. Un point a également été dressé sur la révision des zones défavorisées simples. Plusieurs secteurs côte d’oriens sortent du dispositif mais la profession travaille sur leur réintégration. «Tout sera fait pour maintenir dans le nouveau zonage les communes jusque là classées en ZDS» assure Vincent Lavier, «le dispositif est désormais appliqué par petites régions et plusieurs incohérences ont été remarquées selon les différents critères retenus. Par exemple, dans l’arrière-côte, la présence de domaines viticoles fait augmenter la production brute standard et fait sortir les exploitations agricoles».

Dossier Val de Saône

Le responsable professionnel Jean-Luc Loizon est intervenu durant cette session.  Son discours sera d’ailleurs envoyé à l’ensemble des Parlementaires de Côte d’Or pour faire avancer la problématique des inondations dans le val de Saône. Une partie de son intervention est à retrouver ici : «À ce jour, le pessimisme et la colère ont envahi nos rangs, mais également les quelques commerces touristiques qui subsistent, personne n’y croit plus. Le Val de Saône se noie. En plus, le coût envisagé d’une étude à un moment où l’on dit qu’il n’y a plus d’argent ne passe pas dans nos campagnes (…). La Saône, en 2015/2016, a recouvert les prés, les champs, les terrains de camping, onze fois. À trois reprises, rien ne pouvait être fait, le volume d’eau tombé et la grandeur du territoire touché rendaient la maîtrise de la crue impossible, mais à huit reprises, avec un entretien du tirant d’eau et du chenal normal, avec un entretien de la ripisylve normal complété du retrait de quelques îles artificielles, tout serait passé sans dommage. Qu’attendons-nous ? Qu’on fait pour leur part les Politiques qui, avec nous sur le tas de sable, compatissaient à notre triste sort et laissaient envisager quelques amendements justifiés à la Loi sur l’eau ? La profession, que je représente avec Nicolas Michaud, sur ce dossier, pour la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, a fait le choix, dans le contexte agricole difficile que nous connaissons, de défendre une activité agricole de production en accord avec le syndicalisme FDSEA/JA. Je m’adresse solennellement à toutes les personnes qui ne font pas ce qu’elles devraient faire, pour que ce dossier démarre enfin. Attention, cesser d’ignorer et de minimiser ce dossier, ainsi que les personnes touchées, en laissant croire qu’elles n’y connaissent rien et que finalement, ce qui leur arrive n’est pas si grave : elles se sentent humiliées, frustrées. La colère gronde et est malheureusement mauvaise conseillère».