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Premier bilan des moissons 2012

Des situations « hétérogènes »

Les responsables de la Chambre d'€™agriculture et de la FDSEA58 ont tiré un premier bilan des moissons dans la Nièvre. Chez Jean-Pierre Condamine à Suilly-la-Tour, lundi, Eric Bertrand, Sébastien Perret, Benoit Mathé et Maëla Guégan ont évoqué une «année correcte». Même s'€™il y a forcément des heureux et des déçus.
Par Emmanuel Coulombeix
Des situations « hétérogènes »
Éric Bertrand, Benoît Mathé, Jean-Pierre Condamine et Sébastien Perret (de gauche à droite) ont tiré les premiers enseignements de ces moissons 2012 dans la Nièvre.
Malgré un retard dû aux pluies du début de l'€™été, les moissons sont dorénavant bien avancées dans la Nièvre. A commencer par les orges d'€™hiver, «dont la récolte est finie partout», selon Benoît Mathé, président de la section grandes cultures de la FDSEA58 et administrateur de la FOP.

[INTER]Orges: de 45 à 70 q/ha[inter]
Les premiers résultats sont encourageants puisque les responsables agricoles du département enregistrent des volumes de 45 à 70 quintaux par hectare (q/ha) sur les orges qui ont été maintenues après le gel du mois de février. Le constat est à nuancer: «à cause de l'€™hiver très tardif et des -18° de la mi-février, beaucoup d'€™orges ont disparu, notamment au nord de la Nièvre» détaille Jean-Pierre Condamine, le président de la FDSEA58. Celles qui ont été laissées en l'€™état, en dépit d'€™un début de printemps qui a laissé craindre une nouvelle vague de sécheresse, comme en 2011, ont bénéficié de l'€™eau qui est tombée à partir du 15 avril. Une eau qui a finalement bien rattrapé la situation. Eric Bertrand, le président de la Chambre, confirme: «il y a bien des disparités mais elles sont dûes à l'€™absence de neige durant les épisodes de gel à -18° qui, contrairement à 2003 ou 1985, n'€™a pas protégé les plantes, notamment du côté de Varzy et Clamecy». Si Benoît Mathé précise qu'€™il y a bien eu «quelques parcelles plus à l'€™abri», il ajoute aussi que «parfois, çà ne tenait à rien, une date de semis ou un choix de variété»... Et, selon les professionnels, la qualité des orges est à l'€™avenant: des situations très hétérogènes et «injustes. Il y a de la meilleure qualité chez ceux qui ont aussi fait les plus gros rendements» indique Benoît Mathé. Ce qui inquiète les agriculteurs et plus particulièrement les éleveurs, selon à‰ric Bertrand, c'€™est que «vu la hausse des cours des matières agricoles, le prix de l'€™orge de brasserie s'€™accroche à celui de l'€™orge fourragère». Et il n'€™y a quasiment pas de différence de prix entre l'€™une et l'€™autre. Or, cette année, beaucoup d'€™orges qui habituellement vont dans les malteries ont été destinées à l'€™alimentation animale, ce qui va immanquablement entraîner des hausses de charges de production dans les élevages.

[INTER]Colza: de 18 à 38 q/ha[inter]
Confirmés par les données de Sébastien Perret, technicien "€œgrandes cultures"€ de la Chambre d'€™agriculture, les professionnels évoquent en colza «les mêmes problèmes de gel qu'€™en orges». Ils constatent une fois encore des «zones très hétérogènes, avec des rendements moyens de 18 à 38 q/ha, variant d'€™une parcelle à l'€™autre». Lundi (ndlr: 23 juillet), la récolte des colzas se terminait partout. Pour Benoît Mathé, «les zones humides qui ont été la conséquence de l'€™épisode de gel ont causé beaucoup de dégâts. Quand le froid tardif de février est arrivé, la végétation était déjà bien avancée» note-t-il, ce qui a bien impacté les rendements. En revanche, la qualité semble au rendez-vous: «les grains sont de belle facture, riches en huile, le poids de 1000 grains étant supérieur de 20% à la moyenne». Comme pour l'€™orge, à‰ric Bertrand redoutait «un échaudage en fin de cycle, au moment du remplissage des grains, mais finalement il n'€™en a rien été. Les grains ont été bien nourris jusqu'€™au bout». Dans la Nièvre, le colza sert à alimenter deux filières: celle des huiles alimentaires et celle du diester avec, à 200 km, l'€™usine de Mériot (77) qui valorise bien les deux tiers du colza produit dans le département. Et puis, selon Jean-Pierre Condamine, «dans un grain, on retire 40% d'€™huile et 60% de tourteau destiné à l'€™alimentation animale. C'€™est beaucoup plus confortable pour les éleveurs que d'€™importer des tourteaux de soja américains ou brésiliens dont les cours sont très élevés». Le colza a tout bon.

[INTER]Blé tendre: du simple au double[inter]
Il est encore trop tôt pour avoir une idée du bilan en blé tendre, «qui nous préoccupe cette semaine» souligne Jean-Pierre Condamine. Benoît Mathé parle d'€™un rendement moyen qui se situerait entre 40 à 80 q/ha, avec là encore d'€™énormes disparités. Habituellement, la moyenne s'€™échelonne de 50 à 75 q/ha. Ce qui laisse espérer les professionnels, c'€™est qu'€™en général la Nièvre suit la tendance nationale. L'€™an dernier, «on a même produit un peu plus que la France». La moisson du blé a débuté dans tout le département autour du 22 juillet. Une quinzaine de variétés sont semées dans la Nièvre comme dans tout le Berry Nivernais. «Quelques variétés ont gelé à 100%. Cela vaut que nous nous interrogions sur les indices de sensibilité au gel dont les notations dépendent du moment où le gel croise l'€™évolution de la plante» insiste le président de la Chambre d'€™agriculture. Beaucoup d'€™agriculteurs vérifieront leurs catalogues l'€™an prochain, à en croire les responsables. «Le Bazois et la région de Varzy-Clamecy, là encore, ont subi les plus gros dégâts» selon Benoît Mathé. Si en blé, il est trop tôt pour tirer des conclusions sur la qualité, «le PS devrait être moins exceptionnel que l'€™an dernier».