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Tuberculose bovine

Des résurgences, encore et toujours

Le GDS de Côte d’Or, par la voix de son président et de son secrétaire général, dresse le bilan de la campagne de prophylaxie aujourd’hui terminée.
Par Propos recueillis par Aurélien Genest
Des résurgences, encore et toujours
Pascal Martens demande une fois de plus des avancées sur le dossier des blaireaux.
Ils ne devraient plus bouger aujourd’hui : les résultats de la prophylaxie 2015-2016 donnent dix foyers dont huit résurgences.

- Pascal Martens, que vous évoque ce bilan ?
«Le total de dix foyers est plutôt encourageant puisque nous en avions treize l’année dernière. En revanche, la proportion de résurgences continue d’augmenter. Huit cette année, c’est deux de plus que l’an passé. Des élevages sont contaminés pour la troisième fois pour certains. Plus le temps passe, plus la zone de contamination se réduit, mais ça bouge de plus en plus à l’intérieur... La progression de ces résurgences est la preuve que le plan de lutte n’est pas adapté. Je pense surtout à la recontamination par les blaireaux. Malgré un travail impitoyable des piégeurs et des lieutenants de louveterie, les terriers restent infectés et continuent d’infecter... Ce n’est pas comme ça que nous vaincrons la tuberculose bovine. Nous nous heurtons une fois de plus au ministère de l’Environnement. Il faudrait enfin arriver à l’anéantissement de terriers et aller jusqu’au bouchage de ces derniers».

- La prochaine prophylaxie va t-elle évoluer ?
«Nous sommes en discussions avancées sur le nouveau schéma de dépistage qui débutera en novembre. Nous voulons que nos demandes sur la faune sauvage soient enfin entendues. Aussi, nous souhaitons que les élevages non positifs soient moins bloqués. Pour ce faire, nous voulons faire rentrer la notion d’historique dans la prophylaxie. Certains éleveurs la font depuis une quinzaine d’années et font abattre des animaux pour rien car rien n’est finalement trouvé chez eux. Il faut vraiment stopper les excès de zèle... Le GDS va tout faire pour que cette proposition soit acceptée dès la prochaine campagne, cela pourrait soulager un certain nombre d’élevages avec une prophylaxie qui pourrait être effectuée sans bloquer des bêtes. Nous avons demandé à la préfecture de réunir les Parlementaires pour porter ce nouveau protocole au niveau national.  Il faut vraiment que nous avancions. Ça bloque déjà assez sur le bouchage des terriers et sur les zones humides, les éleveurs ont l’impression que l’on veut absolument les embêter».

-  Qu’en est-il des problèmes des indemnisations ?
«Je déplore un certain marchandage du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) qui examine les différents dossiers, cela est très mal vécu par l’ensemble de la profession. Que ce soit en abattage sélectif ou diagnostic, la plus grande rigueur doit s’imposer sinon, nous ne sommes pas prêts de retrouver un département propre. Négocier tous les prix n’est pas possible. Sur le sélectif, certaines bêtes sont indemnisées 150 euros, cela ne veut rien dire, surtout quand on considère le temps perdu, le nombre de personnes mobilisées sur chaque dossier et l’énervement que tous ces événements génèrent. Je n’ai pas envie que les éleveurs se découragent et finissent par conserver des animaux infectés. Il faut que les choses soient claires dès le départ comme avant. La rigueur reste le maître-mot dans le dossier tuberculose : dans le même temps, dans les élevages, nous devons rester rigoureux, notamment dans l’abatage sélectif qui n’est aujourd’hui qu’une dérogation. Si l’on galvaude le sélectif, il pourrait bien vite nous être retiré. Ce serait un sacré coup dur pour le département, ce n’est pas d’actualité».

Florent Lefol, secrétaire général du GDS

«Reconnaître le travail des éleveurs»
«Les éleveurs de Côte d’Or font un travail énorme depuis plusieurs années, nous voulons que l’État le reconnaisse enfin en simplifiant la prophylaxie. Il n’est pas question de laisser partir des animaux positifs dans la nature, loin de là cette idée, mais simplement prendre en compte l’historique des exploitations qui soulagerait bon nombre d’éleveurs. Les blocages qui ne servent à rien, ça suffit. Certains cheptels sont bloqués tout l’hiver et rien ne peut être vendu : nous n’avons pas besoin de ça, surtout en ces temps économiques très difficiles. Si les blocages restent trop nombreux, les éleveurs vont être tentés de lever la main et vont laisser partir des animaux positifs dans la nature... Ce n’est pas ce que nous voulons. Personne ne veut reconnaître la situation des années 2005 avec 20-30 foyers... J’appelle également à la rigueur dans les abattages sélectifs, j’ai lu et récemment entendu des choses contradictoires ces temps-ci. Un autre point et non le moindre : un travail de fond est sans doute à instaurer dans les zones les plus à risques. Là-bas, on ne peut pas labourer. Il faut sans doute reconsidérer l’élevage d’une autre façon. Pourquoi pas mettre des animaux d’embouche... Lâchés en avril, ils repartiraient en septembre-octobre directement à l’abattoir. Il faut en parler avec les éleveurs  et aller chercher des autorisations parisiennes. Des abattage totaux ne servent à rien dans ces zones, là où il y a des recontaminations chaque année».