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Haute Côte d’Or

Des questions sans réponses

Le Parc national des Forêts de Champagne Bourgogne suscite des craintes chez bon nombre d’agriculteurs.
Par Aurélien Genest
Des questions sans réponses
A l’image d’autres exploitants, Murielle Noury, dans le canton de Recey-sur-Ource, redoute de ne plus pouvoir travailler librement.
La venue de l’ancien Premier ministre François Fillon l’été 2009 à Leuglay parait très loin aujourd’hui. «A l’époque, nous  avions accueilli la création du Parc avec un enthousiasme certain» se rappelle Murielle Noury, pensant qu’un tel projet serait source de dynamisme pour son secteur. Si les promesses du tourisme et de l’emploi sont toujours d’actualité, ce sont bien les interrogations sur le devenir de l’agriculture qui hantent l’esprit de cette Côte d’orienne de 47 ans, habitant la commune de Bure-les-Templiers : «le cœur du parc, qui sera très certainement soumis à des contraintes, ne concerne plus seulement les forêts domaniales comme cela était prévu initialement. De nombreuses forêt privées et terres agricoles ont été intégrées dans le périmètre concerné. Quand on questionne le directeur du GIP sur les futurs impacts agricoles et forestiers, nous n’obtenons pas la moindre réponse. C’est inquiétant. Aujourd’hui, mon exploitation ne fait pas partie du cœur mais rien ne me dit que ce ne changera pas demain». Comme de nombreux autres exploitants, Murielle Noury craint de ne plus pouvoir travailler librement dans ses champs, entretenir ses haies ou même couper du bois de chauffage. «Il y a déjà beaucoup de contraintes dans notre métier. Beaucoup d’opérations sont soumises à autorisation, il ne faudrait surtout pas en rajouter une couche» poursuit l’agricultrice, qui travaille avec son mari Dominique sur une exploitation de polyculture-élevage. La Côte d’orienne illustre ses propos : «un ruisseau déborde régulièrement sur une route de notre commune mais l’entretien n’est pas autorisé afin de protéger des petites écrevisses... Il faudra sans doute attendre un accident pour faire avancer les choses... C’est notamment ce genre d’aberrations que nous souhaitons éviter». Murielle Noury insiste sur un point : «je ne suis pas du tout opposée au Parc. Je veux seulement, à l’image de très nombreuses personnes, que les deux piliers du territoire local, c’est-à-dire l’agriculture et la forêt, ne ressortent pas diminués dans la réalisation de ce projet».