Val de Saône
Des propositions contre les inondations
La profession agricole avait convié le préfet à une visite terrain mercredi 17 juin. Retour sur une journée riche en revendications.
Sur invitation de la FDSEA, des JA, de la Chambre d’agriculture et de l’APPV21, Éric Delzant s’est rendu la semaine dernière sur plusieurs communes du Val de Saône ayant une nouvelle fois «trinqué» lors de la crue de début mai (voir nos dernières éditions). Les responsables agricoles ont alerté le préfet sur la fréquence inhabituelle des crues d’automne et de printemps. Si les inondations hivernales sont «classiques» et intégrées dans le «cycle» agricole depuis des décennies, les crues automnales et printanières interrogent de plus en plus, d’autant que la pluviométrie n’est pas toujours exceptionnelle. Début mai, moins de 50 mm d’eau ont suffit pour augmenter le niveau d’eau de la Saône de 40 à 50 cm...
Nombreux impacts
Ces crues «anormales» de printemps ont de lourdes conséquences pour les productions agricoles. Les responsables d’OPA, entourés d’agriculteurs concernés, ont évoqué la pénalisation du potentiel de production des cultures d’automne, la destruction de semis, l’indisponibilité des pâturages pour les animaux mis à l’herbe, la dégradation de la qualité des pâturages et des fourrages, le stress des animaux, des exploitants, ou encore les charges de travail supplémentaires pour rentrer les animaux et remettre les parcelles culturales en état.
Le coût économique et les contraintes croissantes que représentent ces crues tendent à faire disparaître les prairies du Val de Saône. Pour les producteurs de grandes cultures, outre le fort impact économique, la répétition des crues a également pour conséquence le désengagement des assureurs pour la couverture assurantiel des cultures, laissant les producteurs sans outil d’atténuation à leur disposition.
L’analyse des OPA
Sur un périmètre de 40 km allant de Saint-Jean-de-Losne à Palleau, deux secteurs très sensibles sont identifiables. Sur le premier, entre Esbarres et Glanon, le phénomène de crues est «multifactoriel» selon les responsables d’OPA. Un ensablement du lit de la Saône est déploré avec toutes les conséquences connues : réduction du débit et érosion des berges. Le pont de l’autoroute 36 est également cité, avec ses piles qui perturbent l’écoulement des eaux et créent un goulot d’étranglement. Le secteur est aussi très plat, avec une rive droite plus basse que la rive gauche, ce qui conduit à des surfaces inondées très importantes. Le deuxième secteur identifié est celui de Labergement-lès-Seurre et Chivres : le phénomène de crue se caractérise principalement par le défaut d’entretien du «grand fossé» impliquant une faible capacité à capter des volumes d’eau, un ralentissement de la décrue et donc une stagnation des eaux. Concernant la gestion des volumes d’eau sur la Saône, les responsables d’OPA signalent que «les différents échanges et réunions mettent en avant, qu’à ce jour la mission de Voie Navigable de France est d’assurer un niveau d’étiage minimum pour le passage des bateaux de plaisance et de commerce, mais en aucun cas d’être pro-actif dans l’anticipation et la gestion des crues. Ce phénomène est accentué par le manque de transparence de la gestion des barrages».
Les propositions
Afin de limiter ces crues d’automne et de printemps, il est indispensable, selon les responsables d’OPA, que l’Etat «mette en œuvre des mesures concrètes dans un pas de temps court». Un document avec plusieurs propositions visant une atténuation de ces inondations à répétition à été remis au préfet. Divers travaux d’entretien y figurent, comme le dragage de la Saône, pour extraire le sable en excès, qui pourrait servir pour les travaux publics en lieu et place de création de nouvelles carrières à ciel ouvert. Sur la commune d’Esbarres, à l’embouchure entre la Vouge et la Saône, il faudrait recréer un chenal en enlevant les matières organiques et sédiments déposés depuis des années. Sur la commune de Charrey-sur-Saône est demandée la réalisation d’un entretien régulier de la végétation des berges et du lit qui aujourd’hui possède un statut de «forêt vierge» qui freine l’écoulement de l’eau et créé des bouchons avec le dépôts des arbres morts. Sur la commune de Pagny-la-Ville, la suppression de l’île artificielle apparue depuis la création du barrage en 1972 est évoquée. Cette île «détourne l’écoulement naturel des eaux et provoque une remontée du courant sur Esbarres, qui accentue la vitesse et l’ampleur des crues». Sur la commune de Glanon, au niveau de l’A36, la création d’un nouveau fossé sur une distance d’environ 200 mètres favoriserait une décrue rapide dès que la Saône sort de son lit. Sur la commune de Labergement-lès-Seurre, le curage du «grand fossé» lui permettrait de retrouver son rôle d’assainissement du secteur.
Gestion et systèmes d’anticipation
Depuis de nombreuses années, la profession agricole milite pour une gestion cohérente de l’eau à l’échelle des bassins versant mais aussi dans le temps. Il est «difficilement acceptable» d’être inondé début mai puis de se retrouver en déficit hydrique deux semaines plus tard. L’évolution du climat avec la répétition et l’accentuation de phénomènes exceptionnels couplé au maintien d’une agriculture de production nécessite une nouvelle gestion de l’eau d’après les responsables d’OPA. Un accompagnement politique et financier de l’État est demandé pour promouvoir de nouvelles zones de stockages qui, en période de fortes eaux, pourront jouer le rôle d’effet tampon et lors des périodes de sècheresses être disponible pour les secteurs d’activités économiques. Les OPA demandent la définition d’une nouvelle gestion des barrages. Celle-ci pourrait se caractériser par une baisse préventive du niveau d’eau de la Saône avec l’abaissement des barrages dès lors que des précipitations susceptibles de provoquer une forte crue sont annoncées. Cette gestion adaptée aux intérêts agricoles pourrait se tenir sur un pas de temps de trois semaines à un mois au printemps et à l’automne et sur une durée de douze heures avant la montée des eaux. La mise en place d’un réseau de référents agriculteurs locaux qui surveillent la montée des eaux et la gestion (ouverture/fermeture) des barrages en lien avec la DDT est également sollicitée, tout comme la mise à disposition d’une permanence préfectorale au pouvoir décisionnel auprès d’un élu agricole qui permettrait d’intervenir en cas d’urgence, notamment lors des week-end prolongés.
Nombreux impacts
Ces crues «anormales» de printemps ont de lourdes conséquences pour les productions agricoles. Les responsables d’OPA, entourés d’agriculteurs concernés, ont évoqué la pénalisation du potentiel de production des cultures d’automne, la destruction de semis, l’indisponibilité des pâturages pour les animaux mis à l’herbe, la dégradation de la qualité des pâturages et des fourrages, le stress des animaux, des exploitants, ou encore les charges de travail supplémentaires pour rentrer les animaux et remettre les parcelles culturales en état.
Le coût économique et les contraintes croissantes que représentent ces crues tendent à faire disparaître les prairies du Val de Saône. Pour les producteurs de grandes cultures, outre le fort impact économique, la répétition des crues a également pour conséquence le désengagement des assureurs pour la couverture assurantiel des cultures, laissant les producteurs sans outil d’atténuation à leur disposition.
L’analyse des OPA
Sur un périmètre de 40 km allant de Saint-Jean-de-Losne à Palleau, deux secteurs très sensibles sont identifiables. Sur le premier, entre Esbarres et Glanon, le phénomène de crues est «multifactoriel» selon les responsables d’OPA. Un ensablement du lit de la Saône est déploré avec toutes les conséquences connues : réduction du débit et érosion des berges. Le pont de l’autoroute 36 est également cité, avec ses piles qui perturbent l’écoulement des eaux et créent un goulot d’étranglement. Le secteur est aussi très plat, avec une rive droite plus basse que la rive gauche, ce qui conduit à des surfaces inondées très importantes. Le deuxième secteur identifié est celui de Labergement-lès-Seurre et Chivres : le phénomène de crue se caractérise principalement par le défaut d’entretien du «grand fossé» impliquant une faible capacité à capter des volumes d’eau, un ralentissement de la décrue et donc une stagnation des eaux. Concernant la gestion des volumes d’eau sur la Saône, les responsables d’OPA signalent que «les différents échanges et réunions mettent en avant, qu’à ce jour la mission de Voie Navigable de France est d’assurer un niveau d’étiage minimum pour le passage des bateaux de plaisance et de commerce, mais en aucun cas d’être pro-actif dans l’anticipation et la gestion des crues. Ce phénomène est accentué par le manque de transparence de la gestion des barrages».
Les propositions
Afin de limiter ces crues d’automne et de printemps, il est indispensable, selon les responsables d’OPA, que l’Etat «mette en œuvre des mesures concrètes dans un pas de temps court». Un document avec plusieurs propositions visant une atténuation de ces inondations à répétition à été remis au préfet. Divers travaux d’entretien y figurent, comme le dragage de la Saône, pour extraire le sable en excès, qui pourrait servir pour les travaux publics en lieu et place de création de nouvelles carrières à ciel ouvert. Sur la commune d’Esbarres, à l’embouchure entre la Vouge et la Saône, il faudrait recréer un chenal en enlevant les matières organiques et sédiments déposés depuis des années. Sur la commune de Charrey-sur-Saône est demandée la réalisation d’un entretien régulier de la végétation des berges et du lit qui aujourd’hui possède un statut de «forêt vierge» qui freine l’écoulement de l’eau et créé des bouchons avec le dépôts des arbres morts. Sur la commune de Pagny-la-Ville, la suppression de l’île artificielle apparue depuis la création du barrage en 1972 est évoquée. Cette île «détourne l’écoulement naturel des eaux et provoque une remontée du courant sur Esbarres, qui accentue la vitesse et l’ampleur des crues». Sur la commune de Glanon, au niveau de l’A36, la création d’un nouveau fossé sur une distance d’environ 200 mètres favoriserait une décrue rapide dès que la Saône sort de son lit. Sur la commune de Labergement-lès-Seurre, le curage du «grand fossé» lui permettrait de retrouver son rôle d’assainissement du secteur.
Gestion et systèmes d’anticipation
Depuis de nombreuses années, la profession agricole milite pour une gestion cohérente de l’eau à l’échelle des bassins versant mais aussi dans le temps. Il est «difficilement acceptable» d’être inondé début mai puis de se retrouver en déficit hydrique deux semaines plus tard. L’évolution du climat avec la répétition et l’accentuation de phénomènes exceptionnels couplé au maintien d’une agriculture de production nécessite une nouvelle gestion de l’eau d’après les responsables d’OPA. Un accompagnement politique et financier de l’État est demandé pour promouvoir de nouvelles zones de stockages qui, en période de fortes eaux, pourront jouer le rôle d’effet tampon et lors des périodes de sècheresses être disponible pour les secteurs d’activités économiques. Les OPA demandent la définition d’une nouvelle gestion des barrages. Celle-ci pourrait se caractériser par une baisse préventive du niveau d’eau de la Saône avec l’abaissement des barrages dès lors que des précipitations susceptibles de provoquer une forte crue sont annoncées. Cette gestion adaptée aux intérêts agricoles pourrait se tenir sur un pas de temps de trois semaines à un mois au printemps et à l’automne et sur une durée de douze heures avant la montée des eaux. La mise en place d’un réseau de référents agriculteurs locaux qui surveillent la montée des eaux et la gestion (ouverture/fermeture) des barrages en lien avec la DDT est également sollicitée, tout comme la mise à disposition d’une permanence préfectorale au pouvoir décisionnel auprès d’un élu agricole qui permettrait d’intervenir en cas d’urgence, notamment lors des week-end prolongés.
40 cm d’eau = 17 770 euros !
Aurélien Viellard prenait part à la visite et a reçu les participants sur sa commune de Labergement-lès-Seurre. L’agriculteur a fait le bilan des conséquences financières des inondations de début mai. Sur l’élevage, 35 ha de prairies inondées, dont la moitié en pâture et la moitié pour le foin. Une partie des animaux a été rentrée le 11 mai et n’a pas pu être remis dans les pâtures que le 27 mai. Une autre partie a été déplacée sur une prairie initialement prévue pour faire du foin. Les pertes s’élèvent à 6250€ réparties comme suit : consommation supplémentaire de foin durant les 15 jours (1 000 €), aliment durant les 15 jours (360 €), 4,5 ha de foin non récolté car pâturés, soit 20 tonnes (1 600 €), prés de fauche, perte de production de 20 %, soit perte d’une tonne par hectare sur 18 ha (1 440 €), mauvaise qualité de l’herbe pâturée au retour des animaux : perte de croissance des broutards : décalage par rapport aux marchés (850 €), parasitisme : un traitement antiparasite sur tous les animaux (1 000 €). Sur l’atelier grandes cultures, le total atteint 11 520€ :3 ha de colza détruit à 100 % et 3 ha perte de 50 %, soit 180 qx à 35 €/q (6 300 €), perte de 20 % sur 4,5 ha de blé, soit 90 qx à 15 €/q (1 350 €), 3 ha d’avoine détruits, resemés en herbe. L’assurance climatique indemnise 225 € pour le resemis. Perte = semis avoine 600 € + perte de récolte = 50qx à 15 €/q, soit 2250 € (2 850 €),2,5 ha d’orge de printemps détruits resemés en maïs. L’assurance climatique indemnise 280 € pour le resemis. Perte = semis et désherbage du 1er maïs (500 €), 2 ha de maïs détruits, resemés en maïs. L’assurance climatique indemnise 280 € pour le resemis. Perte de rendement lié au retard de croissance: 40 qx à 13 €/q (520 €). Soit une perte globale de 17 770 €.