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FDSEA 89

Des propositions à mettre en œuvre maintenant

Dans un point presse, Francis Letellier a tracé un panorama des propositions  que l’instance syndicale souhaite voir mises en œuvre pour la survie de l’agriculture et des territoires
Par Propos recueillis par Dominique Bernerd
- Quelles mesures souhaitez vous voir mises en œuvre aujourd’hui rapidement ?
Francis Letellier : « Commençons par supprimer toutes les transpositions des règles communautaires, ainsi que toutes les normes et mesures dont l’évaluation coûts/bénéfices, montre un impact économique ou social, négatif. Il faut par ailleurs, réformer en profondeur la fiscalité actuelle, qui n’est plus adaptée à l’agriculture, compte tenu des amplitudes de revenus qu’elle connaît depuis plusieurs années. Il nous faut une fiscalité spécifique, sur du moyen et du long terme, qui nous permette de faire face à la volatilité, notamment en nous donnant la possibilité d’épargner de la trésorerie et de la réintégrer dans les années les plus difficiles… »

- Vous avez évoqué une baisse des cotisations sociales
«On demande c’est vrai, l’application d’une baisse immédiate des cotisations sociales de l’ordre de 8 à 10 points. Aujourd’hui, un exploitant paie 42 %, toutes charges confondues et l’Etat doit enclencher rapidement une réforme sur les cotisations sociales agricoles».

- Mais comment financer ce dispositif et qui paiera in fine ?
«Afin d’éviter un trou supplémentaire dans les Caisses de l’Etat, il faut financer cette baisse des cotisations, par une augmentation de la TVA, afin de redonner notamment, au monde agricole et agroalimentaire, des points de compétitivité vis-à-vis des autres pays européens et éviter la concurrence déloyale des produits importés. A l’Etat bien sur, de mettre en place, suite à la baisse des coûts de production, un mécanisme de gestion et de surveillance, pour éviter ce que l’on a connu avec le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi, dont les 20 milliards n’auront au final que peu rapporté d’emplois».

- Et dans les rapports avec la Grande Distribution ?
«Il est impératif d’appliquer l’étiquette d’origine pour tous les produits alimentaires, y compris transformés, ainsi que sur les plats préparés, afin de favoriser l’origine France. Par ailleurs, c’est en ce moment que tout se négocie avec la grande distribution et il est important de faire appliquer les clauses de renégociations dans le cadre des relations producteurs/transformateurs/distributeurs, en s’appliquant à condamner tout manquement. Il faut faire en sorte que les produits des paysans ne servent plus, en bout de chaîne, à rattraper les manques apparus en amont. Il nous faudra peut-être pour cela, accompagner les transformateurs dans les négociations et refuser toute baisse en dessous d’un certain niveau de prix. Pourquoi ne pas imaginer le financement d’un fonds par la distribution et le transformateur, qui serait retourné aux agriculteurs sous forme de complément de prix ? En expliquant au consommateur que son acte d’achat citoyen, c’est aussi moins de chômage, de l’emploi pour ses enfants et de l’emploi local».

- D’un côte, on évoque des millions d’euros pour sauver l’agriculture et de l’autre, quelques centimes d’augmentation sur le kg de viande ou le litre de lait. Etes-vous certain que le consommateur s’y retrouve ?
«L’échelle n’est pas la même, on l’a dit et redit. Payer au producteur sa viande à 4 €/kg, c’est au final 2 centimes de plus pour le consommateur sur son steak haché de 125 gr. Même chose pour un litre de lait. Aujourd’hui, la course à l’échalote des prix bas fait que nous n’avons plus d’usines en France. Il nous faut sans doute dans le même temps, continuer à moderniser nos outils et nos outils de production pour gagner de la valeur ajoutée, mais la survie de l’agriculture passera, je le répète, par une baisse des charges pour entrer en compétitivité. Cela créera de l’emploi, qui lui-même,  créera de la consommation et la consommation de la TVA. C’est un cercle vertueux, mais nos gouvernants semblent figés dans un ancien modèle».