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Sanitaire

Des petites bêtes qui montent, qui montent…

C'est au lycée agricole de La Barotte, à Châtillon-sur-Seine, que le GDS 21 a organisé sa 3e journée de la biosécurité, axée principalement sur un thème qui représente une menace croissante : les maladies liées aux insectes piqueurs.

Par Berty Robert
Des petites bêtes qui montent, qui montent…
source Préfecture de Région Auvergne Rhône-Alpes
Cette carte montre la zone réglementée suite à une déclaration de DNC. La Bourgogne-Franche-Comté voit la menace se rapprocher.

Fièvre catarrhale ovine (FCO), Maladie hémorragique épizootique (MHE), et maintenant Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) : voici le funeste « tiercé » auquel le monde de l'élevage est aujourd'hui confronté en France. Avec un point commun entre toutes ces pathologies : elles sont véhiculées par des insectes piqueurs (culicoïdes, stomoxes, taon, tiques…) Il était donc logique, face aux différents variants de FCO déjà présents sur notre région, à la menace croissante de la MHE, pour laquelle l'Yonne, la Nièvre et l'ouest de la Côte-d'Or se trouvent en zone régulée, et face à une DNC détectée en Haute-Savoie, Savoie, Ain et Rhône, que le GDS de Côte-d'Or consacre sa troisième Journée de la biosécurité à ces maladies vectorielles. Le sujet intéresse, indubitablement : ils étaient nombreux à avoir répondu à l'invitation pour participer à cet événement organisé au lycée agricole de La Barotte, à Châtillon-sur-Seine, le 18 septembre.

Améliorer les connaissances

La journée se structurait autour de deux ateliers : l'un consacré aux maladies à tiques et l'autre aux maladies transmises par les insectes piqueurs. L'objectif des présentations, qui permettaient d'entendre des techniciens, des vétérinaires, et d'échanger sur les interrogations des éleveurs présents, était d'abord d'acquérir une meilleure connaissance des organismes responsables de ces pathologies. La gestion agro-zootechnique des refuges de ces « agents vectoriels » de maladies faisait aussi partie des thèmes de discussions, dans le but d'aller au-delà des idées reçues et de comprendre, entre autres, l'intérêt de mettre en place et de sauvegarder des éléments de défense naturels tels que les haies. Ces dernières, par exemple, permettent de limiter les contacts potentiellement contagieux d'animaux d'élevage situés dans des parcelles voisines. La prévention face à ces maladies passe aussi par un raisonnement autour du positionnement des animaux dans certaines pâtures. C'est notamment le cas dans les situations d'infections liées à la présence de tiques. « Dans une pâture à risque, précisait Claire Lemaire, vétérinaire à Saulieu, il est préférable de ne mettre que de jeunes animaux (1 an, 18 mois), moins à risque, car moins producteurs. » La configuration de parcelles en bocage reste très importante car c'est un vrai moyen de distanciation des cheptels, qui évite le mufle à mufle et diminue ainsi le risque de transmission de maladies.

Vigilance sur les parcelles

Sur les maladies liées aux tiques, demeure néanmoins une difficulté : il est impossible de déterminer précisément la proportion de tiques saines par rapport aux tiques malades, qui peuvent contaminer les animaux. La prudence engage donc à tenter de repérer préventivement les parcelles où les zones sur lesquelles ces insectes sont fortement présents, et à éviter d'y laisser des animaux. Pour cela, les conseils prodigués par Claire Lemaire pouvaient se révéler utiles : « les tiques sont très présentes en végétation basse, en forêt feuillue, en lisière, en sous-bois, dans les haies bocagères, les friches, les prairies humides, les ripisylves, les zones périurbaines vertes et elles ont une durée de vie relativement longue de 2 à 3 ans. Elles ont une distance de déplacement très réduite, mais elles peuvent se mettre sur un animal-hôte qui bouge beaucoup, ce qui favorise leur dispersion et celle des maladies dont elles sont éventuellement porteuses. » Ces tiques, plus actives au printemps et à l'automne, ont besoin de repas sanguins entre les trois phases de développement : larve, nymphe, adultes. Nous figurons à leur menu, ainsi que les chiens, la faune sauvage et, bien évidemment, les animaux en pâtures.

Risques réels

Si elles ne sont pas obligatoirement porteuses de maladie, les tiques peuvent néanmoins propager, la piroplasmose (pissement de sang), l'erlichiose ou l'anaplasmose. Des maladies qui fatiguent les vaches (anémie), et peuvent entraîner de la mortalité embryonnaire précoce. Claire Lemaire a passé en revue les traitements à envisager lorsqu'on y est confronté : « sur la piroplasmose qui est bien présente en Côte-d'Or, il ne faut pas hésiter à se renseigner sur des pâtures à risque. Pour la lutte il faut privilégier un traitement curatif à l'imidocarb, un entretien des haies et zones humides, et le débroussaillage des parcelles. Sur l'erlichiose, le traitement doit s'appuyer sur des antibiotiques de la famille des tétracyclines, tout comme pour l'anaplasmose. » Une chose est certaines, face à ces maladies, la plus grande vigilance s'impose et les éleveurs en sont conscients.