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Aviculture

Des œufs de poules en plein air au Gaec Floremy

Avec l’installation de Mathis Jallifier, le Gaec familial Floremy à Vassieux-en-Vercors (Drôme) lance une nouvelle activité de production d’œufs de poules en plein air. Le bâtiment vient d’être inauguré.

Par M. E.
Des œufs de poules en plein air au Gaec Floremy
ME/AD26
Le Drômois est installé sur le Gaec Floremy, épaulé par son père Rémy, son oncle Florent et son cousin Corentin.

Le pari peut sembler osé. Âgé de 21 ans, Mathis Jallifier a fait construire un poulailler de 500 m² pour la production d’œufs en plein air. Toutefois, ce dernier n’est pas seul. Le Drômois est installé sur le Gaec Floremy, épaulé par son père Rémy, son oncle Florent et son cousin Corentin. « Il faut regarder le ratio chiffre d’affaires par rapport à l’investissement. Lorsqu’on voit qu’un tracteur coûte 150 000 € pour le peu de bénéfices qu’il rapporte, ce projet n’est pas si osé car plus rentable », estime Mathis Jallifier. Le bâtiment a coûté 350 000 €, pour lequel le jeune installé a pu compter sur une aide de 80 000 € accordée par la Région Auvergne Rhône-Alpes dans le cadre du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader).

Se diversifier pour s’installer

L’histoire de la ferme familiale remonte aux années 1970 lorsque Marcel Jallifier et sa femme s’installent à Vassieux-en-Vercors (Drôme). L’aventure commence avec vingt vaches laitières. Deux décennies plus tard, Florent Jallifier s’installe avec son père en tant que naisseur engraisseur. Père et fils créent le Gaec Floremy. Quelques années plus tard, Rémy Jallifier s’installe à son tour. Depuis que leur père est retraité, les deux frères gèrent un troupeau de 75 vaches mères limousines. Ils assurent principalement la vente de taurillons et de vaches de réforme à un maquignon et de génisses à un boucher local. C’est ensuite au tour de Corentin Jallifier, à la tête d’un troupeau de 200 brebis, de rejoindre le Gaec en 2018 pour la production de viande. Ce dernier vend les agneaux à une boucherie locale.

À son tour, Mathis Jallifier rejoint l’aventure agricole en avril 2024 après un bac professionnel à la maison familiale rurale (MFR) de Chatte (Isère). « J’ai toujours voulu m’installer. Je voulais le faire assez jeune car mon père et mon oncle ont encore quelques années de travail avant la retraite. Je trouve ça important de pouvoir travailler avec eux et garder cet esprit familial, déclare le jeune agriculteur. L’objectif était de proposer une voie de diversification car nos activités sont touchées et contraintes par la sécheresse, le loup et la pression foncière sur les terres alentour ». À ce jour, la ferme dispose de 320 hectares de surface agricole utilisée. « Nous pouvons sortir un chiffre d’affaires avec un bâtiment sans avoir à racheter des surfaces, se projette le Drômois de 21 ans. Ici, les terres sont assez convoitées. Les jeunes recherchent des hectares pour s’installer ». Cette volonté de se diversifier répond aussi à d’autres enjeux. « Avec la sécheresse, les parcs repoussent moins et nous avons moins de foins pour les vaches. Les stocks d’hiver passent durant l’été », rapporte Mathis Jallifier. Le loup a aussi donné du fil à retordre à l’exploitation. « Lorsque mon cousin s’est installé, il a été confronté à trois attaques en moins de deux mois. Aujourd’hui, avec nos sept chiens de protection, il y a moins de problèmes ». L’activité de poules pondeuses du jeune homme arrive donc à point nommé pour la ferme familiale.

Miser sur la vente directe

« On a trouvé le compromis des poules pondeuses. Au début, nous n’étions pas trop fixés sur le nombre et on avait regardé pour faire de l’intégration. C’était un plus gros investissement pour finalement ne pas gagner bien plus. On s’est recentré sur quelque chose de plus petit mais en vendant nous-même et en fixant nos propres prix », explique Mathis Jallifier. Construit par l’entreprise Socma élevages, le poulailler se divise en deux lots de 1 800 poules avec le centre de conditionnement au milieu. Il vise la production d’environ un million d’œufs par an au prix moyen de 24 centimes l’unité. Les poules pourront sortir du parc l’après-midi, ce qui permettra à Mathis Jallifier de les valoriser en code poules plein air. Pour la commercialisation, priorité à la vente directe. L’agriculteur peut compter sur quatre Intermarché basés à Die (Drôme), Villard-de-Lans (Isère), Saint-Sauveur (Isère) et Saint-Jean-en-Royans (Drôme). Ses œufs seront aussi vendus dans certaines épiceries et boulangeries locales.

Accompagné technique

Pour mener à bien son projet, Mathis Jallifier a pu compter sur l’appui technique de l’entreprise Sanders, notamment pour le choix du bâtiment et la réflexion autour des débouchés. « Aujourd’hui, on a la chance d’être dans une région au sein de laquelle il y a une vraie dynamique de consommation. Nous recherchons la production d’œufs, de lait de chèvres, de viande bovine et de volailles de chair. Le message que nous voulons faire passer aux jeunes, c’est que s’ils ont des projets, nous sommes présents pour les épauler. Toute une filière est présente pour accompagner les projets. Mathis se place dans une vraie démarche de responsabilité sociale et environnementale avec du produire et du consommer local », a déclaré Alain Pinon, manager de territoire chez Sanders lors de l’inauguration. Le jeune agriculteur a aussi été accompagné par Amélie Lebrasseur, conseillère entreprise à la chambre d’agriculture de la Drôme. Montage administratif et viabilité économique du projet ont été observés de près. « L’objectif est que le Gaec puisse faire vivre quatre personnes et donc, que d’ici quatre ans, tout le monde puisse se dégager un Smic », précise la conseillère. Mathis Jallifier a ainsi pu bénéficier d’une dotation jeune agriculteur (DJA) d’un montant de 38 000 € pour s’installer. Le dernier arrivé du Gaec Floremy devrait commencer à commercialiser ses œufs d’ici le mois de juin.

ME/AD26
Le dernier arrivé du Gaec Floremy devrait commencer à commercialiser ses œufs d’ici le mois de juin.