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Maraîchage dans la Nièvre

Des légumes... et des projets

Les projets de création d’exploitations maraîchères, le plus souvent biologiques, se multiplient dans le département. Les élus professionnels encouragent cette tendance qui peut «ramener un peu de valeur ajoutée à la ferme Nièvre» au même titre que d’autres idées de diversification.
Par Emmanuel Coulombeix
Des légumes... et des projets
Michèle Kirry, préfète de la Nièvre, a consacré sa journée du 30 avril à une visite des exploitations maraîchères péri-urbaines, autour de Nevers.
Ce n’est pas un hasard si Michèle Kirry, la préfète de la Nièvre, a consacré l’une de ses journées de visites mensuelles, le 30 avril, au maraîchage péri-urbain. Répondant à un engagement pris il y a quelques semaines, elle a voulu constater sur le terrain, les efforts réalisés par plusieurs exploitants agricoles de la périphérie de Nevers, en matière de production de légumes. Chez Denis Sanchez, à Varennes-Vauzelles, sur l’espace-test agricole de La Baratte ou deux jeunes agriculteurs viennent de s’engager, sur l’exploitation de Christophe Soleilhac puis aux Jardins de Marigny, chez Mathilde et Jean De Gesnais, à Sauvigny-les-Bois, la représentante de l’État s’est laissée guider par ses hôtes entre les plants de salades et de carottes. Et se faire expliquer les techniques, les volumes, les besoins et les freins à l’activité de ces exploitants un peu particuliers. Dans la Nièvre, pourtant, les projets de maraîchage ne manquent pas. Lors de la dernière assemblée générale du Groupement des agrobiologistes de la Nièvre (GABNI), il y a quelques semaines à Saint-Saulge, Laurent Barle, son animateur, en avait recensé une dizaine d’entre eux rien qu’en bio, ce qui constitue le secteur le plus porteur en terme de diversification dans le département. Et les élus professionnels appuient cette tendance, au premier rang desquels Éric Bertrand, le président de la Chambre d’agriculture, parie sur [I]«un moyen parmi d’autres de ramener de la valeur ajoutée à la ferme Nièvre»[i] à côté des productions dominantes traditionnelles que sont l’élevage bovin allaitant et les grandes cultures. [I]«Il y a de la place pour tous et les légumes, comme le porc, les moutons, les chèvres ou les fruits rouges»[i] peuvent aussi permettre d’installer des exploitations viables dans le département.

[INTER]Maraîchage exemplaire[inter]
Si les légumes remportent une telle adhésion des porteurs de projets, c’est qu’ils offrent des avantages conséquents, tels que l’investissement matériel limité ou le besoin réduit de foncier. Et que, moyennant une démarche de communication indispensable, ils peuvent répondre à des demandes de consommation dans l’air du temps. C’est ainsi qu’en 2012, un quadragénaire habitant sur la commune de Montigny-en-Morvan, a lancé les Jardins de Pannecière, son exploitation de légumes de plein champ et sous tunnel sur une SAU de 1,3 ha. Laurent Minéo, qui est un hors cadre familial, a bénéficié du soutien de la Chambre d’agriculture et du Centre d’études et de recherches sur la diversification (CERD), notamment pour l’étude de marché, puisqu’il a décidé de commercialiser ses produits bio sur les marchés de Château-Chinon, Corbigny et Moulins-Engilbert mais aussi sous forme de paniers sur l’exploitation et dans la restauration collective (école de Montigny-en-Morvan, restaurants à Saint-Honoré les Bains...). Il bénéficie de l’espace-test agricole mis en place par le Conseil général et la Chambre d’agriculture dans le Morvan. A ce titre, le maraîchage est exemplaire de ces démarches partenariales des responsables professionnels et des Pouvoirs publics.

[INTER]Espace-test maraîcher[inter]
Dans l’agglomération neversoise aussi, un espace-test maraîcher, à La Baratte, a été mis sur pied en 2012. Deux jeunes porteurs de projets ont été agréés et installés. Guillaume Debeer a l’ambition de [I]«créer une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP)»[i] en se servant [I]«du tremplin qui lui est donné par cette structure»[i]. Quentin Vitry se réjouit de [I]«cette opportunité de (se) tester pendant ces trois ans, faire des choix et prendre des responsabilités»[i], [I]«en commercialisant mes produits dans les magasins bio et au marché Saint-Arigle»[i]. Pour tous les deux, dans le cadre d’un Contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE) d’une durée de 1 à 3 ans, les acteurs se sont mobilisés collectivement: la Ville de Nevers met à disposition le site éco-certifié de 4 ha, le Conseil général permet l’acquisition d’équipements, la Chambre d’agriculture, le lycée de Challuy, les maraîchers locaux et le Sedarb apportent le conseil technique et enfin le Pays Nevers Sud-Nivernais et Nevers agglomération apportent leurs soutiens financiers à cette couveuse d’entreprises maraîchères... L’idée mise en avant est de [I]«relancer une filière maraîchère locale en aidant de jeunes porteurs de projets, donner en exemple des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, permettre aux habitants de Nevers de bénéficier de produits frais locaux par la création d’un circuit court « producteur-consommateur»[i].
[INTER]Contre l’artificialisation foncière[inter]
L’exemple de l’espace-test neversois, en maraîchage, est aussi symbolique d’une autre préoccupation des Pouvoirs publics, souvent pointée par le syndicat des jeunes agriculteurs: l’artificialisation des terres agricoles à proximité des villes. La préfète, la semaine dernière, a pu entendre les chiffres dévoilés par la Chambre d’agriculture, à la suite d’une étude qu’elle a menée en 2009. Moins de 90 exploitations agricoles survivent autour de Nevers et leurs surfaces ne cessent de diminuer: moins 86 ha à Varennes-Vauzelles entre 1994 et 2009, moins 65 ha à Marzy, moins 33 ha à Garchizy... sur la même période. L’extension de zones d’activités industrielles et commerciales, la construction de logements, l’aménagement de l’autoroute A77 sont pointés du doigt, dans cette lente érosion de l’agriculture périurbaine.