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Interprofession des vins de Bourgogne

Des « influenceurs » techniques

Le Pôle technique et Qualité du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne pilote plus de 60 projets de recherche qui permettent d’apporter des solutions techniques aux maisons et domaines bourguignons pour préserver leur patrimoine viticole. En 2025, plusieurs projets porteront des avancées scientifiques majeures. 

Par Cédric Michelin
Des « influenceurs » techniques
Un aperçu des travaux techniques menés par le BIVB.

Les médias locaux et nationaux étaient invités en janvier à la Cave d’Élisée à Beaune, en Côte-d'Or, pour une conférence de presse d’un nouveau genre : on y parlait recherche fondamentale et appliquée. Autant dire qu’il fallait s’accrocher à son siège, ne serait-ce que pour suivre le calendrier chargé du Pôle technique du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). Deux thèmes déjà gigantesques sont dans les esprits : la décarbonation, avec l’objectif à 2035 de tendre vers la neutralité carbone, et les leviers à court terme d’adaptation au changement climatique. Ils restent dans les deux vocations du Pôle : « préserver la qualité des vins et en conserver la diversité qui fait la richesse de la Bourgogne et  produire des références » débutait Jean-Philippe Gervais, directeur du Pôle. À ses côtés, une équipe qui s’est fortement étoffée depuis le plan 2020-2025. De nombreux chefs de projets sont en charge de coordonner des recherches très pointues, autour de l’agrométéo, des sols, du matériel végétal, de l’œnologie… Car la philosophie a changé, ce n’est plus le BIVB qui fait des appels à projets, mais lui qui fait des appels à manifestation d’intérêts. Ainsi autour de la table se retrouvent ceux motivés et compétents, que ce soit « des vignerons, des représentants du négoce, des techniciens, des Chambre d'agriculture, des coopératives, la Confédération des appellations et vignerons bourguignons (CAVB), l'Inao, les organismes de gestion (ODG), l'Inrae, l'Institut français de la vigne et du vin (IFV), des universitaires, d'autres interprofessions, des œnologues, des pépiniéristes, des tonneliers, des verriers… ». Un véritable réseau « d’influenceurs techniques ». Le projet le plus emblématique de ces espaces d’échanges d’un genre nouveau est le Plan national contre le dépérissement de la vigne (PNDV) pour une viticulture durable. 

Agir aujourd'hui pour se projeter demain

« Les choix stratégiques des axes de recherches doivent donc se faire encore plus en amont, avec tous les membres et partenaires de la filière », rajoute Céline Chauvenet, directrice technique adjointe. L’exemple le plus emblématique tourne autour du matériel végétal. « Les élus veulent qu’on travaille sur les nouveaux cépages mais autour des cépages emblématiques, des résistants, à fin d’adaptation… On construit alors le chemin sur le temps long et année après année », poursuit-elle, ce qui donne une structuration et une visibilité à long terme. À l’image donc du dérèglement climatique qui nécessite anticipation et adaptation. Ce que font les vignerons depuis toujours. « Ils testent énormément et… ne le disent pas », regrettent Céline Chauvenet qui les invite à se faire connaître pour plus de suivis. « Déguster un croisement de gascon avec un syrah, si l’idée se présente, on peut lancer le projet. Il n’y a pas de mauvaises solutions », si la filière donne son feu vert. Complexe mais pas impossible en somme. La recherche a l’habitude de faire chou blanc, de trouver par hasard et parfois d’apporter des révolutions. 

300 micro-cuvées à déguster

Les observatoires des scientifiques – dont ceux du BIVB — lancent régulièrement des alertes, comme le décrochage des températures en 1988, déjà, de + 1,5 °C. Un palier soudain dans un réchauffement constant qui pourrait à nouveau se reproduire. Mais cette fois, peut-être pas dans le sens d’un meilleur équilibre acidité/sucre. « Il y a des menaces émergentes sur les moûts et donc sur nos vins. A-t-on là des signaux faibles ou des micro-organismes non identifiés avant ? ». En 2015, le BIVB et le Comité Champagne en partenariat avec l’Inrae et l’IFV ont lancé un programme d’ampleur s’engageant ensemble pour une durée minimale de 15 ans dans le but de créer des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium, mais à typicité régionale. Puisque les AOC de Bourgogne partagent les mêmes cépages que la Champagne, le programme de création variétale est commun. Les équipes du BIVB et de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire s’associent pour le programme de création variétale nommé CEPInnov, dont le cœur est une parcelle à Aluze, en côte châlonnaise. Les cépages pinot noir, chardonnay, mais aussi le gouais sont ainsi croisés avec des variétés résistantes. En 2024, ce sont 300 nouvelles variétés en Bourgogne qui sont ainsi suivies et dégustées après la même micro-vinification. Une première historique.

Des « influenceurs » techniques