Des fondations multiples
Dans une édition précédente, Cyril Cherreau (Donzy) évoquait la difficulté à dégager des plus-values dans un marché international. Aujourd'hui, il explique ce qu'il met en place pour reprendre le contrôle.

Cyril Cherreau, exploitant à Donzy, soulignait dans une édition précédente la complexité à dégager une plus-value entre des intrants de plus en plus onéreux et des prix des céréales régis par des fluctuations internationales. « Nous n'avons aucun pouvoir réel de les influer d'une manière ou d'une autre. La seule chose que nous pouvons faire est de stocker nos récoltes et en assurant un minimum de revenu par des contrats filières notamment », expliquait-il alors. Ainsi, il a pris la décision de construire un bâtiment. Sorti de terre en 2025, cet espace était indispensable. « Pour moi, stocker c'est se préserver, puisque la vente se fait quand on le souhaite. De plus, si l'on désire avoir une traçabilité de A à Z sur nos céréales, le stockage à la ferme est la meilleure solution ». Ainsi, il dispose avec ce nouvel ouvrage de trois cases pouvant accueillir 1 200 tonnes de céréales au total, un avantage indéniable. « Je peux dorénavant m'engager dans des contrats de multiplication, chose impossible auparavant ; m'ouvrant de nouveaux horizons. On ne sait pas ce que le futur réserve, donc j'ai fait en sorte que la partie dédiée au matériel puisse être transformée en stockage de céréales. Dans nos métiers, je pense que plus les bâtiments sont modulables, mieux c'est ». En parlant d'avenir, il souligne d'ailleurs que le bâtiment dispose de panneaux photovoltaïques. « Pour moi, c'est une solution pour accéder à des bâtis neufs à moindre coût – puisque je suis en bail emphytéotique, ce qui préserve ma capacité d’investissement. Cela étant je reste persuadé qu'avant de mettre des panneaux dans les champs, il est plus logique d'en positionner au-dessus des parkings ou des zones industrielles ».
Un avenir à présenter
Si pour Cyril Cherreau de nombreux paramètres ne sont plus contrôlés par les exploitants, d'autres le sont encore – en fonction des moyens de chacun – mais il faut impérativement « garder en tête que nous sommes exploitants agricoles et pas autre chose. Le but est de vivre de l'agriculture ». Il conclut enfin sur l'un des défis les plus complexes pour l'avenir : « redonner confiance aux gens dans notre gestion environnementale ». En effet, selon lui, « les paysages que l'on apprécie aujourd'hui sont ceux issus des générations antérieures d'agriculteurs, patrimoine que nous nous efforçons de préserver. Sans les anciens, nous ne serions pas là et la physionomie de la France serait potentiellement différente. À nous d'expliquer nos pratiques, nos contraintes, ou encore nos choix de gestion afin de ramener le consommateur à préférer les produits français. Cela assurera des revenus aux exploitants de l'Hexagone, et in fine la pérennité des exploitations et des productions ».

Erratum : Dans l'article précédent, Cyril Cherreau faisait état du PS excellent du blé et non du PH.