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Visite de blés traités au purin d’ortie et à l’eau dynamisée

Des essais fongicides alternatifs sur blé

Dans le cadre de l’opération Innov’action, la Chambre d’agriculture de la Nièvre, et ses techniciens «grandes cultures», ont organisé une visite d’essais fongicides sur blé alternatifs, jeudi 28 mai, chez Bernard Robin à Pouvesles. 12 modulations à base de produits naturels ont été testées.
Par Emmanuel Coulombeix
Des essais fongicides alternatifs sur blé
Les techniciens de la chambre ont d’abord réalisé un bilan agro-climatique de l’année, devant la trentaine de participants.
L’agro-écologie est dans l’air du temps. Au point de susciter de nombreuses mesures de la part des pouvoirs publics et d’intégrer dans les dispositifs d’essais des pratiques inspirées par l’agriculture bio-dynamique. C’était le cas la semaine dernière à Pouvesles, chez un agriculteur adhérent du Groupement de développement agricole (GDA) Bourgogne-Nivernaise, qui recevait une trentaine de ses collègues à l’invitation des techniciens de la Chambre d’agriculture. Ce qui était mis en avant, ce jeudi-là, c’était l’utilisation de purin d’ortie (mais aussi d’algues) et des combinaisons avec de l’eau dynamisée, mais aussi, pour certaines des 12 modulations, avec des produits phyto-pharmaceutiques conventionnels tels que Vacciplant ou Voxan... Après un bilan agro-climatique, réalisé au milieu des blés par Michaël Geloen, Judith Nagopae, responsable des essais à la Chambre, et Cédric Zambotto et Amaury Fichot, techniciens, ont conduit les participants au pied des 12 parcelles testées, afin qu’ils puissent se rendre compte par eux-mêmes de l’effet produit contre les maladies, la septoriose en particulier. Tous ont studieusement considéré les épis de blés et leurs feuilles, d’une modulation à l’autre, constatant quelques différences de pression maladie mais relativement peu prononcées... Si ce n’est des IFT et des coûts de traitement, affichés devant les parcelles, variant respectivement de 0,2 à 1 et de  25 à 57 euros/ha. A ce compte-là, c’est la modulation n°4, avec un traitement à base de purin d’ortie à 5% au stade 2 noeuds et un Voxan 0,5 à la dernière feuille étalée (DFE), qui semble s’en sortir le mieux, avec un coût de 39 euros/ha et un IFT de 0,2 (contre la parcelle témoin n°12 au Voxan 0,5 à DFE qui affiche 25 euros/ha et un IFT de 0,2). Et des résultats très encourageants, c’est-à-dire dont les feuilles de blé sont à peine plus atteintes par la septoriose que celles de la parcelle traitée de façon conventionnelle...

«Année peu sensible aux maladies»
D’abord sceptiques, même si curieux et attentifs, les agriculteurs ont aussi témoigné de leurs doutes sur cette technique à base de purin d’ortie. Les résultats ne les ont pas complètement convaincus. Et les conseillers de la Chambre d’agriculture ont tenu à relativiser l’état des différents essais, sachant que, selon Michaël Geloen, «ce n’est pas une année très significative car elle est très peu sensible aux maladies». Les essais fongicides alternatifs, selon les dates de semis et de désherbage et la pression maladie (fusariose, septoriose...), valaient surtout pour le côté exotique de la pratique et des matières premières utilisées. Le purin d’ortie, ici, avait été acheté auprès d’un fournisseur spécialisé installé depuis de nombreuses années dans le Maine-et-Loire. Son produit est donc plus «normalisé» que des purins d’ortie que chaque agriculteur peut toutefois lui-même fabriquer à la ferme même s’il court le risque, mal filtré, d’être inopérant. Il faut compter 1 kg d’ortie pour 10 litres de traitement par passage. La Chambre se doit d’informer les agriculteurs sur cette tendance encouragée à la réduction des phytos et aux alternatives au tout chimique. Et il en était de même avec l’eau dynamisée... Celle-ci aussi peut se trouver en ferme  : il s’agit d’eau de pluie collectée qui traverse trois cuvettes dans un sens puis dans l’autre avant d’être plus chargées en énergie et en molécules proches du corps humain. Les 12 modulations valaient le coup d’oeil mais, c’est bien entendu après les moissons que les techniciens pourront évaluer l’impact sur les rendements...