Agriculteurs en difficulté
Des dispositifs d’aide pour enrayer les suicides dans le milieu agricole
Chaque jour en France, un agriculteur se donne la mort à cause des difficultés persistantes dans le monde agricole. Dans le département, des dispositifs, comme Réagir 89, travaillent pour aider les paysans à sortir de situations délicates afin d’éviter que ces derniers ne passent à l’acte en leur proposant des solutions concrètes et en les accompagnant dans les démarches nécessaires pour sortir la tête de l’eau.

Mardi, le député LREM du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, a remis au Premier ministre, Jean Castex, un rapport présentant des pistes pour accompagner le plus tôt possible les agriculteurs en situation délicate et ainsi éviter le suicide, malheureusement trop fréquent dans le milieu agricole.
Dans l’Yonne, divers organismes œuvrent chaque jour pour lutter contre ce fléau et accompagner les agriculteurs qui ont besoin d’aide. C’est le cas du dispositif Réagir 89 de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, mis en place en 2015 suite à des constats de difficultés dans le monde agricole icaunais. « Le président de la Chambre d’agriculture de l’époque, Étienne Henriot, avait souhaité mettre en place un dispositif qui mettrait en jeu l’ensemble des partenaires de l’agriculture. Car la détection des agriculteurs en difficulté peut se faire par n’importe lequel de leur partenaire », indique Laurence Barbé, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Yonne. « Réagir 89 n’est pas en concurrence avec les autres dispositifs, bien au contraire. On essaye de mettre tout le monde dans la boucle pour qu’un maximum de choses soient faites. Il y a Agri’écoute avec la MSA, des formations qui sont faites par la FDSEA, ainsi que Solidarité paysans. Tout le monde essaye de travailler à son niveau sur cette problématique ».
Une démarche volontaire
Alors, comment fonctionne Réagir 89 ? « Le principe, c’est une démarche volontaire. C’est l’agriculteur qui contacte les dispositifs et non l’inverse. Il faut vraiment que cela vienne de lui », explique Laurence Barbé. « Lorsqu’un agriculteur appelle le dispositif, on essaye déjà de dégrossir le problème et on essaye de connaître le degré de difficulté qu’il a. Ensuite, on lui propose de faire un diagnostic. On se rend chez lui, on examine son état d’endettement (la première cause du suicide chez les agriculteurs) en reprenant ses résultats comptables ».
Un diagnostic social et moral est également fait. « Si on sent que le souci de l’agriculteur est principalement d’ordre social et moral, on le met en relation avec une assistante sociale de la MSA, avec qui on travaille beaucoup sur le sujet ».
Des solutions sont proposées à l’agriculteur. « On peut quelques fois le renvoyer vers des appuis plutôt techniques lorsque le problème est de l’ordre de la rentabilité. Mais on peut aussi lui proposer une table-ronde avec les principaux créanciers de l’agriculteur, afin de voir les aménagements de dettes que l’on peut faire. Parfois, on peut lui dire d’arrêter son activité car il n’y a malheureusement pas d’autre solution pour lui. On propose alors un accompagnement à la cessation d’activité avec nos juristes pour pas qu’ils ne soient livrés à eux-mêmes. Il y a aussi l’appui d’un conseiller si l’agriculteur souhaite transmettre son exploitation ».
Depuis 2015, 220 agriculteurs ont fait appel à Réagir 89 (38 en 2015, 96 en 2016, 32 en 2017, 14 en 2018, 27 en 2019 et 13 en 2020) avec très probablement un grand nombre de vies sauvées grâce à l’implication des différents conseillers.
À lire également
FDSEA : Remettre le bien-être paysan au cœur du débat
Réagir 89 est joignable au 03 86 94 22 22.
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Une démarche volontaire
Alors, comment fonctionne Réagir 89 ? « Le principe, c’est une démarche volontaire. C’est l’agriculteur qui contacte les dispositifs et non l’inverse. Il faut vraiment que cela vienne de lui », explique Laurence Barbé. « Lorsqu’un agriculteur appelle le dispositif, on essaye déjà de dégrossir le problème et on essaye de connaître le degré de difficulté qu’il a. Ensuite, on lui propose de faire un diagnostic. On se rend chez lui, on examine son état d’endettement (la première cause du suicide chez les agriculteurs) en reprenant ses résultats comptables ».
Un diagnostic social et moral est également fait. « Si on sent que le souci de l’agriculteur est principalement d’ordre social et moral, on le met en relation avec une assistante sociale de la MSA, avec qui on travaille beaucoup sur le sujet ».
Des solutions sont proposées à l’agriculteur. « On peut quelques fois le renvoyer vers des appuis plutôt techniques lorsque le problème est de l’ordre de la rentabilité. Mais on peut aussi lui proposer une table-ronde avec les principaux créanciers de l’agriculteur, afin de voir les aménagements de dettes que l’on peut faire. Parfois, on peut lui dire d’arrêter son activité car il n’y a malheureusement pas d’autre solution pour lui. On propose alors un accompagnement à la cessation d’activité avec nos juristes pour pas qu’ils ne soient livrés à eux-mêmes. Il y a aussi l’appui d’un conseiller si l’agriculteur souhaite transmettre son exploitation ».
Depuis 2015, 220 agriculteurs ont fait appel à Réagir 89 (38 en 2015, 96 en 2016, 32 en 2017, 14 en 2018, 27 en 2019 et 13 en 2020) avec très probablement un grand nombre de vies sauvées grâce à l’implication des différents conseillers.
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« Il y a une surmortalité par suicide chez les agriculteurs »
« Il y a une surmortalité par suicide chez les agriculteurs de l’ordre de 30 % par rapport à la population générale avec un taux de suicide encore plus important dans l’élevage bovin viande et l’élevage bovin lait », confie Alain Lagneau, directeur régional adjoint de la MSA Bourgogne. « Aussi, on note que ce sont principalement des hommes dans les tranches d’âge 45-54 ans et 55-64 ans. On constate également un accroissement du taux de suicide dans la population agricole. On était de l’ordre de 150 à 200 suicides par an, en France, en 2010. Aujourd’hui, on dépasse les 350 suicides annuels. D’où le chiffre symbolique qui est souvent évoqué : en France, un agriculteur par jour met fin à ses jours (avec pour dernier chiffre connu : 372 suicides en 2015, en France) ».
La MSA Bourgogne s’inscrit dans un plan national de prévention du risque suicidaire, à travers diverses actions. « L’objectif est de faire en sorte que les gens expriment leurs difficultés et le plus tôt possible, de façon à ce que les choses ne s’aggravent pas de façon trop importante, pour en venir à ce type d’extrémité », ajoute Alain Lagneau. « Nous avons un dispositif national, Agri’écoute, qui est un numéro national accessible 24 h/24, 7 J/7. En 2019, il y a eu 3310 appels sur l’année, au niveau national, soit près de 100 appels par jour ».
La MSA propose également, depuis 2017, le dispositif d’aide au répit pour les exploitants en situation d’épuisement professionnel. « Le principe est de leur permettre de souffler et d’être remplacés sur l’exploitation par le Service de remplacement durant quelques jours ». Depuis 2017, 372 exploitants ont bénéficié de ce dispositif en Bourgogne.
Agri’écoute est joignable au 09 69 39 29 19.
La MSA Bourgogne s’inscrit dans un plan national de prévention du risque suicidaire, à travers diverses actions. « L’objectif est de faire en sorte que les gens expriment leurs difficultés et le plus tôt possible, de façon à ce que les choses ne s’aggravent pas de façon trop importante, pour en venir à ce type d’extrémité », ajoute Alain Lagneau. « Nous avons un dispositif national, Agri’écoute, qui est un numéro national accessible 24 h/24, 7 J/7. En 2019, il y a eu 3310 appels sur l’année, au niveau national, soit près de 100 appels par jour ».
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Agri’écoute est joignable au 09 69 39 29 19.