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Viticulture

Des couverts pour apporter de la matière organique au sol des vignes

Jeudi 9 janvier a eu lieu une journée de formation, organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, sur la maîtrise des couverts et des engrais verts en viticulture. Avec pour objectif de sensibiliser les viticulteurs à l’intérêt de l’implantation de couverts végétaux dans l’inter-rang des vignes.
Par Christopher Levé
Des couverts pour apporter de la matière organique au sol des vignes
Benoît Bazerolle a expliqué aux viticulteurs les types de mélanges possibles pour les couverts, afin de favoriser l’apport de matière organique dans le sol.
«L’objet de la formation est de sensibiliser les viticulteurs à l’intérêt de l’implantation de couverts végétaux dans l’inter-rang de vignes, tout en leur signifiant les avantages et les inconvénients de cette technique», indique Benoît Bazerolle, conseiller viticulture à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. «Car c’est une technique nouvelle en vigne étroite, une technique plus éprouvée en vigne haute et large, et une technique largement éprouvée en grandes cultures. L’idée est d’acquérir des références sur la restructuration du sol, sur le coût de l’implantation et du passage, les bénéfices possibles en restitution d’éléments minéraux du style azote, phosphore, potasse…», détaille-t-il.
Lors de la formation, les viticulteurs présents ont donc pu voir l’intérêt et la faisabilité d’un couvert végétal, mais aussi découvrir les outils d’autodiagnostic de fonctionnement d’un sol, adapter la composition des couverts végétaux en fonction de situations pédoclimatiques différentes, et repenser les modalités de semis (dates et matériels). «On réfléchit depuis plusieurs années sur le sol. D’une part sur la réduction de l’utilisation du désherbage chimique, où il faut trouver des alternatives. D’autre part sur l’intérêt que porte le viticulteur à vouloir travailler sur l’activité biologique du sol, à le refaire vivre avec les micro-organismes», explique Florian Bussy, conseiller viticulture à la Chambre d’agriculture de l’Yonne.

Les légumineuses pour capter l’azote
Les viticulteurs intéressés peuvent tester la technique des couverts sur leurs exploitations. «Je conseille de choisir une parcelle qui se porte bien au niveau de la vigueur et des rendements, une parcelle facile à travailler car il y a l’implantation des couverts, des semis, mais aussi la phase plus délicate de destruction. Donc il faut pouvoir intervenir facilement», confie Benoît Bazerolle.
Quant aux types de couverts ? «Ce que l’on conseille c’est de faire des mélanges avec quatre à six espèces, pas plus», continue le conseiller viticulture à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. «Dans ces mélanges là, le plus souvent on choisi la famille des légumineuses (féveroles, pois d’hiver, pois fourrager, trèfles, vesces) à hauteur de 50 à 70 % en fonction de l’état de la parcelle».
Alors, pourquoi des légumineuses ? Car elles ont la capacité de capter de l’azote atmosphérique qu’elles vont ensuite retransformer en azote minérale, disponible rapidement pour le sol et la plante. «Et on complète le mélange avec des graminées (avoine, seigle) et une espèce du type phacélie, de la famille des hydrophyllaceaes. Ainsi que les crucifères (comme le radis, la moutarde ou le colza) avec un objectif de capter l’azote qui peut être dans le sol au moment de l’automne et de le restituer quand on détruit la plante au printemps», ajoute Benoît Bazerolle. «On s’adapte selon le type de sol et selon le viticulteur».
Aussi, il faut veiller à détruire les plantes avant les risques de gelées printanières, soit avant fin mars.

Des reliquats azotés réalisés
«Le but est également de mesurer la matière organique qu’il faut apporter au sol, afin de la limiter», reprend Florian Bussy.
Pour suivre la dynamique des couverts végétaux, des reliquats azotés sont réalisés, à l’image de ce qu’il se fait en grandes cultures pour piloter la fertilisation, deux à trois semaines après la destruction du couvert puis à des stades clés du développement de la vigne : à cinq-six feuilles étalées, à la floraison, en entrée d’hiver et sortie d’hiver, «pour voir la dynamique de l’azote dans les sols. Même si c’est très difficile de savoir quelle est la part qui va être utilisé réellement par la vigne», conclut Benoît Bazerolle.