Accès au contenu
économie

Des chiffres qui ne font pas rêver

CERFrance BFC vient de présenter les résultats économiques prévisionnels de 2016.
Par Aurélien Genest
Des chiffres qui ne font pas rêver
François Massuard a analysé quatre types d’exploitations en Côte d’Or.
Une réunion d’information s’adressant aux cadres et collaborateurs des entreprises et organisations partenaires de l’agriculture était organisée par CERFrance BFC mercredi 19 octobre à Saint-Apollinaire. Sans grande surprise et même s’il ne s’agit que de prévisions, l’exposé du chargé d’études François Massuard a démontré d’énormes difficultés quel que soit le système d’exploitation. Pour les grandes cultures de la plaine, les rendements et les prix affichent une forte baisse avec un produit historiquement bas (1031€/ha). L’EBE négatif (-6€/ha) ne couvre pas le remboursement des annuités. Le résultat courant chute sévèrement à -265€/ha. «Le résultat courant moyen est de -5 500 € /UTAF sur les quatre dernières années» révèle François Massuard, considérant «préoccupante» la situation des trésoreries. Le taux d’endettement total augmente régulièrement au profit du taux d’endettement court terme.

Les plateaux au diapason
Pour les grandes cultures en zone plateau, le produit se retrouve lui aussi à un niveau inédit (915€/ha). La diminution des charges de structures se retrouve annulée par les hausse des charges opérationnelles. Comme en plaine, l’EBE (6€/ha) ne couvre pas le remboursement des annuités. Le résultat courant ne fait pas mieux que -190€/ha. La moyenne de celui-ci sur les quatre dernières années se retrouve à -6000€/UTAF. «En trois ans, les investissement ont chuté de 200€/ha de SAU» fait remarquer le chargé d’études, précisant qu’une partie des emprunts moyen terme sert désormais à la consolidation de la trésorerie. Pour ces deux systèmes de grandes cultures, François Massuard conseille d’«anticiper et de gérer du mieux possible» les déficits de trésorerie. à ce titre, l’assurance récolte a été discutée durant cette réunion : les agriculteurs étant aujourd’hui assurés s’en sortent visiblement  mieux que les autres.

Bovins lait plateau
La surproduction pèse fortement sur les cours chez les systèmes bovins lait localisés sur les plateaux. Le prix moyen du lait pondéré sur cinq mois est de 9% inférieur à la même période de 2015 (302€ / 1000 l contre 331€/1000l). Le produit total (lait et viande) se dégrade encore et tombe à 1428€/ha, soit une perte de 250€/ha en seulement un an. Les résultats diminuent encore une fois avec un EBE à 137€/ha et un résultat courant négatif à -111€/ha (les chiffres 2015 étaient respectivement de 353€/ha et 51€/ha). «Les investissements marquent le pas mais le taux d’endettement continue de progresser» déplore François Massuard, ajoutant toutefois une note d’optimisme : «avec le ralentissement de la production mondiale, les prix repartent à la hausse depuis quelques semaines. La mise en œuvre de la réduction volontaire et temporaire de la production va accélérer la baisse des volumes : le prix du lait va se redresser, mais après la résorption des stocks. Il faut gérer au plus près la trésorerie et ne pas amputer sa capacité de production future».

Bovins viande spécialisés
Difficile constat également pour les systèmes bovins viande spécialisés. Faute à la Turquie, le marché à l’export du maigre tarde à se stabiliser et l’afflux de vaches laitières de reforme perturbe un marché de gros bovins déjà malmené. Le produit s’érode à nouveau (997€/ha contre 1081€ /ha en 2015). L’EBE est faible à 243€/ha. Le résultat courant ne pointe qu’à 40€/ha. «La situation financière se dégrade avec un résultat courant par UTAF inférieur à 7000 euros. La trésorerie nette chute à -3700 euros» commente François Massuard, pour qui l’autonomie fourragère, l’efficience des coûts et la productivité du travail restent des leviers de maintien de la rentabilité.

Un accompagnement spécifique

CERFrance BFC a élaboré et mis en place des dispositions exceptionnelles pour répondre à la conjoncture particulièrement difficile. Depuis mi-septembre, CERFrance BFC propose à l’ensemble de ses adhérents agriculteurs un accompagnement spécifique gratuit. Sur rendez-vous dans l’une des 12 agences CERFrance BFC, l’équipe des conseillers reçoit les adhérents demandeurs pour réaliser une prévision simplifiée d’EBE ou une prévision simplifiée de trésorerie sur l’exercice en cours. Cette prestation de conseil «flash» peut bien entendu être complétée par toutes études plus complètes sur mesure donnant à chacun le maximum de visibilité sur les mois et années à venir. En parallèle, CERFrance BFC propose aux adhérents subissant de fortes difficultés de trésorerie, d’étudier avec eux la mise en place d’un échéancier sur mesure;