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Dégâts de gibier

Des champs labourés... sans le vouloir

Au printemps dernier, des arrêtés préfectoraux -justifiés par une situation sanitaire inquiétante- interdisaient l'€™agrainage des sangliers dans la zone «tuberculose». Aujourd'€™hui, plusieurs agriculteurs situés aux contours de cette zone se plaignent de «recevoir» encore plus de gibier dans leurs champs.
Par Aurélien Genest
Des champs labourés... sans le vouloir
Nous sommes dans la commune d'€™Arrans, à quelques kilomètres de Montbard. Julien Forey, un jeune agriculteur de 31 ans, est excédé. Ses champs de colza sont de plus en plus «saccagés». Les sangliers les visitent toutes les nuits ou presque. Les problèmes liés au gibier ne sont pourtant pas nouveaux dans la petite commune. Mais pour Julien Forey, [I]«c'€™en est trop !»[i] : [I]«Depuis qu'€™il repleut, c'€™est vraiment de pire en pire»[i] constate l'€™agriculteur qui emploie notamment des techniques sans labour (TSL). Les vers et résidus pailleux sont nombreux avec ce mode de culture et les sangliers en raffolent. Le jeune agriculteur aborde la réglementation de l'€™agrainage qu'€™il considère comme une explication pertinente des dégâts dans ses champs : [I]«l'€™agrainage est interdit à Montbard mais pas à Arrans. Une partie des populations de sangliers se déplacent et voilà ce que ça donne !»[i]

[INTER]Des chasses commerciales[inter]Le jeune agriculteur, épaulé par son père Pierre et deux autres agriculteurs Philippe Sylvestre et Pascal Vion, pointent également du doigt les «grandes» chasses. [I]«Ce ne sont plus les petites chasses d'€™avant. Ce sont de véritables chasses commerciales, avec des chasseurs qui viennent de toute la France»[i]. Les quatre agriculteurs regrettent que les sangliers ne soient pas tirés avant l'€™ouverture de la chasse au bois et que l'€™agrainage soit fait [I]«abusivement»[i]. Autre remontrance de Julien Forey, cette fois-ci sur la fédération des chasseurs : [I]«Au lieu de gérer les populations de gibier, elle gère les budgets pour payer les dégâts. Je pense que c'€™est un mauvais choix. Le prix des bracelets est augmenté, de même que la taxe à l'€™hectare mais il n'€™y a pas assez de sangliers prélevés»[i].

[INTER]Quelles solutions?[inter][I]«Le loisir passe avant la profession»[i] regrettent les agriculteurs qui considèrent que leurs problèmes sont similaires à d'€™autres agriculteurs des communes voisines, aux contours de la zone réglementée. Qu'€™espérer ? [I]«Il y a bien un système d'€™indemnisations prévu mais il ne prend pas en compte la totalité des dégâts : les casses de matériels, la perte de paille et de plus en plus, une destruction des couverts dans le cadre de la préservation des sols»[i] mentionnent les agriculteurs. «Si ce que l'€™on fait est détruit, il n'€™y a plus de raison de semer ici» fait remarquer Pierre Forey, [I]«c'€™est le travail de l'€™agriculteur qui est atteint»[i]. Alors, que faire? Les agriculteurs ne savent plus quoi penser : brûler les résidus des cultures sur place serait une solution envisageable (il y aurait 70% de dégâts en moins selon Pierre Forey), mais les surfaces à brûler sont trop importantes et la pro-ximité des bois représenterait trop de risques de propagation du feu.