Accès au contenu
Action syndicale à Château-Chinon

Des broutards devant la sous-préfecture

Jeudi 12 novembre, à l’appel des cantons FDSEA de Château-Chinon, Montsauche-les-Settons et Moulins-Engilbert et des JA, des éleveurs ont entrepris le siège de la sous-préfecture de Château-Chinon. De 16h à plus de minuit, ils ont déposé 7 broutards charolais devant les grilles, afin d’alerter l’État sur leurs situations financières catastrophiques.
Par Emmanuel Coulombeix
Des broutards devant la sous-préfecture
En milieu d’après-midi, le 12 novembre, les éleveurs du réseau FDSEA/JA du Morvan ont fait le siège de la sous-préfecture de Château-Chinon, avec 7 broutards symboles de leurs difficultés économiques.
«Vous êtes le représentant de l’Etat. Vous avez des numéros de téléphone. Nous voulons des décisions». Ainsi Pierre Bobin, le président FDSEA du canton de Montsauche-les-Settons a-t-il engagé le dialogue avec François Rosa, vers 15h30, lui demandant d’ouvrir les jardins de la sous-préfecture afin d’y poser symboliquement ses sept broutards charolais. Le sous-préfet a opposé un refus poli aux délégués syndicaux (FDSEA et JA), expliquant que «vous vous organisez comme vous le souhaitez pour manifester sur la voie publique mais que la sous-préfecture est une propriété privée et l’émanation de la représentation de l’État» et qu’il ne saurait donc répondre favorablement à cette demande. Une demi-heure plus tard, les agriculteurs, une cinquantaine, ont donc installé un parc de contention devant le portail du bâtiment public, dispersé de la paille et fait sortir les animaux de la bétaillère. Jusqu’à plus d’une heure le lendemain matin, les broutards ont donc fait le siège du centre-ville de Château-Chinon, symboles de l’exaspération et du désarroi des professionnels. A plusieurs reprises, durant la soirée, le représentant de l’Etat a entendu et «admis» des témoignages poignants des éleveurs, qui sortent d’une «crise sanitaire commerciale», «une bidouille» due à la réglementation contre la FCO, avec des charges qui ont explosé pour nourrir les animaux ne pouvant être vendus durant plus de deux mois.
Ces animaux, quand ils partent aux enchères dans les marchés au cadran, sont payés à des prix bien inférieurs à ceux du mois de septembre, et cela alors que la période des vêlages s’annonce à grands pas et que les stabulations sont déjà pleines... L’urgence est prégnante, la tension et l’abattement bien palpables, l’impasse pointée du doigt quand «quoiqu’il arrive, M. le sous-préfet, vous, vous êtes toujours payé à la fin du mois» !
En fin de soirée, vers minuit et demie, les syndicalistes, qui avaient fait une déclaration officielle de manifestation tout en s’engageant à ne causer aucune dégradation, ont fait intervenir les responsables départementaux de la FDSEA et des JA, ainsi que de nombreux adhérents venus de la soirée «élevage» qui s’est tenue, un peu plus tôt, à Châtillon-en-Bazois (lire page 8).

Jean-Pierre Fleury en invité-vedette
Tour à tour, Emmanuel Bernard et Stéphane Aurousseau, les présidents de la section bovine et de la FDSEA 58, puis Alexandre Lorré, président des JA58, ont pris la parole devant François Rosa, pour lui dresser le tableau de l’élevage allaitant dans le département et faire remonter des griefs et des revendications   : les promesses non tenues de la PAC et du Plan de soutien à l’élevage, l’embargo russe supporté seulement par les éleveurs, l’année blanche toujours pas en place, les mesures MSA promises aux éleveurs et qui ne concernent plus que ceux qui touchent moins de 4184 euros de revenus, la sécheresse de l’été, la FCO crise «commerciale», le rapport de l’OMS sur la viande «cancérogène», le jour où le commerce doit reprendre... «Nous attendons des mesures de dégagement du marché, un abattage de broutards ou un geste des Pouvoirs publics sur la perte de valeur des broutards» a résumé Stéphane Aurousseau, retraçant les différents «coups de massue» reçus par les éleveurs ces dernières années.

Et, en invité-vedette de la soirée syndicale venu soutenir les troupes, Jean-Pierre Fleury, le président de la Fédération nationale bovine (FNB) a fait part de son sentiment au sous-préfet   : «vous devez veiller à ce que des réponses soient apportées. Je crains que la base ne passe devant ses responsables, ça a déjà commencé ! La présence de ces broutards symbolise toutes nos difficultés. Nous, à la FNB, nous ne serons pas responsables car nous avons assez dit les choses aux Pouvoirs publics» !