Désherbage
Des alternatives au désherbage chimique
Allongement de rotation et désherbage mécanique : 2 leviers à conjuguer pour un désherbage plus efficient et plus respectueux des ressources en eau.
Les rotations courtes sont souvent synonymes d’une hyperspécialisation de la flore adventice avec parfois, dans nos parcelles, des peuplements importants à gérer en graminées (vulpin, ray-grass, bromes sp) mais aussi en adventices dicotylédones telles que géraniums sp., coquelicot, crucifères et diverses ombellifères. Dans ce contexte, métazachlore et diméthachlore sont, actuellement, deux molécules herbicides permettant de gérer en partie ces flores complexes. Le service agro-développement SeineYonne (1) recherche depuis 2011, notamment dans le cadre de ses plateformes Artemis (2) sur les systèmes de cultures, des solutions alternatives de désherbage avec 2 principaux objectifs :
- augmenter l’efficacité du désherbage en gérant les niveaux de peuplement et l’apparition de résistance,
- mettre en œuvre des stratégies plus respectueuses de l’environnement sans pénaliser la marge nette de l’exploitation.
Ces expérimentations pluriannuelles Artemis, conduites à la fois à Evry en limon de plateaux et à Nitry en argilo-calcaire après une analyse multicritère, mettent en évidence les éléments suivants :
- à l’échelle de la parcelle, l’allongement de la rotation est un levier fort pour réduire les peuplements en adventices. À Evry, en introduisant une orge de printemps à la place d’un 2ème blé, le peuplement de vulpie est diminué de 90 %. Dans ce système, le désherbage mécanique amène les mêmes efficacités que le désherbage chimique. À Nitry, il y a 0 graminée dans le blé après avoir introduit un tournesol puis une orge de printemps dans la rotation. En rotation triennale, le désherbage 100 % mécanique est en échec complet malgré 3 passages d’outils.
- à l’échelle de l’exploitation, l’allongement de la rotation et la diversité de l’assolement permettent de dégager plus de jours praticables pour intervenir de façon mécanique. D’après nos résultats pluriannuels, désherber mécaniquement demande en moyenne 12 jours supplémentaires sur une exploitation de 200 hectares. Il est beaucoup plus difficile de pouvoir dégager ce temps nécessaire sur des cultures exclusivement d’automne, dans une rotation colza, blé et orge d’hiver, où les passages de herse étrille, de bineuse et de houe rotative se réalisent principalement en période automnale et hivernale. En lien avec la météorologie, cela devient nettement plus envisageable avec des passages de fin février à juin sur des cultures d’été et d’automne présentes dans l’assolement.
- à l’échelle d’un territoire, la mosaïque de cultures permet de réduire les applications à un instant t et sur une même zone géographique de molécules à risque.
S’approprier les solutions
L’allongement de la rotation est donc un levier majeur, à la fois pour rendre plus efficient le désherbage classique, pour se donner les chances de réussir des passages de désherbage mécanique et aussi pour réduire les applications de métazachlore et diméthachlore à l’échelle d’un territoire. Toutefois, la pertinence des cultures introduites au printemps et en été est principalement liée à la réserve utile des parcelles et aux débouchés disponibles. En argilo-calcaire, plus ou moins superficiel, il n’est pas toujours évident de garantir un rendement satisfaisant en orge de printemps ou en tournesol ! L’effet des légumineuses (pois chiche et autre pois de printemps) dans la rotation est également une alternative agronomique intéressante pour redonner de la fertilité dans nos sols icaunais. Cela permet notamment d’accompagner la dynamique de croissance des colzas dès l’automne suivant et, ainsi, de moins laisser s’exprimer la concurrence adventice. Certains de nos adhérents s’essayent désormais au désherbage mécanique : l’objectif n’est pas de supprimer totalement le désherbage classique mais de limiter les applications (nombre de passages et doses) de spécialités commerciales à base de métazachlore et/ou de diméthachlore tout en contenant le niveau de salissement.
Avec ces 7 années d’expérimentation, l’union SeineYonne accompagne les agriculteurs vers l’allongement des rotations et vers une réflexion à la mise en pratique du désherbage mécanique dans leurs parcelles.
(1) SeineYonne : union entre les coopératives 110 Bourgogne et Ynovae
(2) Artemis (Animation du Réseau de Travail sur l’Expérimentation, la Mécanisation, les Intrants et le Sol) : plateforme d’innovation agro- environnementale qui regroupe principalement les coopératives et Chambres d’agriculture de Bourgogne et de Franche-Comté. Artemis a été créée pour tester de nouveaux systèmes de productions végétales.
- augmenter l’efficacité du désherbage en gérant les niveaux de peuplement et l’apparition de résistance,
- mettre en œuvre des stratégies plus respectueuses de l’environnement sans pénaliser la marge nette de l’exploitation.
Ces expérimentations pluriannuelles Artemis, conduites à la fois à Evry en limon de plateaux et à Nitry en argilo-calcaire après une analyse multicritère, mettent en évidence les éléments suivants :
- à l’échelle de la parcelle, l’allongement de la rotation est un levier fort pour réduire les peuplements en adventices. À Evry, en introduisant une orge de printemps à la place d’un 2ème blé, le peuplement de vulpie est diminué de 90 %. Dans ce système, le désherbage mécanique amène les mêmes efficacités que le désherbage chimique. À Nitry, il y a 0 graminée dans le blé après avoir introduit un tournesol puis une orge de printemps dans la rotation. En rotation triennale, le désherbage 100 % mécanique est en échec complet malgré 3 passages d’outils.
- à l’échelle de l’exploitation, l’allongement de la rotation et la diversité de l’assolement permettent de dégager plus de jours praticables pour intervenir de façon mécanique. D’après nos résultats pluriannuels, désherber mécaniquement demande en moyenne 12 jours supplémentaires sur une exploitation de 200 hectares. Il est beaucoup plus difficile de pouvoir dégager ce temps nécessaire sur des cultures exclusivement d’automne, dans une rotation colza, blé et orge d’hiver, où les passages de herse étrille, de bineuse et de houe rotative se réalisent principalement en période automnale et hivernale. En lien avec la météorologie, cela devient nettement plus envisageable avec des passages de fin février à juin sur des cultures d’été et d’automne présentes dans l’assolement.
- à l’échelle d’un territoire, la mosaïque de cultures permet de réduire les applications à un instant t et sur une même zone géographique de molécules à risque.
S’approprier les solutions
L’allongement de la rotation est donc un levier majeur, à la fois pour rendre plus efficient le désherbage classique, pour se donner les chances de réussir des passages de désherbage mécanique et aussi pour réduire les applications de métazachlore et diméthachlore à l’échelle d’un territoire. Toutefois, la pertinence des cultures introduites au printemps et en été est principalement liée à la réserve utile des parcelles et aux débouchés disponibles. En argilo-calcaire, plus ou moins superficiel, il n’est pas toujours évident de garantir un rendement satisfaisant en orge de printemps ou en tournesol ! L’effet des légumineuses (pois chiche et autre pois de printemps) dans la rotation est également une alternative agronomique intéressante pour redonner de la fertilité dans nos sols icaunais. Cela permet notamment d’accompagner la dynamique de croissance des colzas dès l’automne suivant et, ainsi, de moins laisser s’exprimer la concurrence adventice. Certains de nos adhérents s’essayent désormais au désherbage mécanique : l’objectif n’est pas de supprimer totalement le désherbage classique mais de limiter les applications (nombre de passages et doses) de spécialités commerciales à base de métazachlore et/ou de diméthachlore tout en contenant le niveau de salissement.
Avec ces 7 années d’expérimentation, l’union SeineYonne accompagne les agriculteurs vers l’allongement des rotations et vers une réflexion à la mise en pratique du désherbage mécanique dans leurs parcelles.
(1) SeineYonne : union entre les coopératives 110 Bourgogne et Ynovae
(2) Artemis (Animation du Réseau de Travail sur l’Expérimentation, la Mécanisation, les Intrants et le Sol) : plateforme d’innovation agro- environnementale qui regroupe principalement les coopératives et Chambres d’agriculture de Bourgogne et de Franche-Comté. Artemis a été créée pour tester de nouveaux systèmes de productions végétales.
Introduire le désherbage mécanique pour alléger son utilisation de produits phytosanitaires
À Noyers, en sols superficiels, Franck Menard a essayé d’introduire du lin et de la moutarde dans sa rotation pour pallier à l’utilisation de désherbants chimiques, de moins en moins efficaces selon lui. L’envahissement des nouvelles cultures par la folle-avoine et le vulpin l’ont orienté vers le désherbage mécanique. Depuis 3 ans, l’agriculteur réalise un passage de bineuse construite par ses soins dans le colza, aux alentours du 20-30 septembre. « Après cette date, je suis dans les semis et quand le colza est développé, on ne peut plus passer avec la bineuse. Je sème mon colza à 50 cm d’inter-rang, ce qui correspond à l’écartement de ma bineuse ».
Franck est satisfait de ce nouveau système : « Il n’y a pas d’impact sur le rendement du colza et le champ reste propre ! En plus, j’apporte des fientes au début du cycle, cela fait lever rapidement les pieds et ils étouffent les adventices. Je passe quand même 1 l/ha de Novall® sur le rang pour que ce soit propre, mais j’ai réduit mon utilisation de phytos de 60 %. Certes, je mets une journée à désherber mes 25 à 30 ha de colza, au lieu d’un passage de traitement de 2 heures, mais niveau économique, ça vaut vraiment le coup ! 30 €/ha pour un passage de bineuse, contre 150 à 200 €/ha pour un traitement chimique. Au bout d’un an, ma bineuse était rentabilisée ». Le cultivateur pense à introduire un passage de herse étrille dans ses céréales pour réduire encore l’utilisation de produits phytosanitaires.
Franck est satisfait de ce nouveau système : « Il n’y a pas d’impact sur le rendement du colza et le champ reste propre ! En plus, j’apporte des fientes au début du cycle, cela fait lever rapidement les pieds et ils étouffent les adventices. Je passe quand même 1 l/ha de Novall® sur le rang pour que ce soit propre, mais j’ai réduit mon utilisation de phytos de 60 %. Certes, je mets une journée à désherber mes 25 à 30 ha de colza, au lieu d’un passage de traitement de 2 heures, mais niveau économique, ça vaut vraiment le coup ! 30 €/ha pour un passage de bineuse, contre 150 à 200 €/ha pour un traitement chimique. Au bout d’un an, ma bineuse était rentabilisée ». Le cultivateur pense à introduire un passage de herse étrille dans ses céréales pour réduire encore l’utilisation de produits phytosanitaires.