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Chambre d’agriculture

Dernière session avant moissons

Différents projets de loi sont en cours d’examen, qui ne seront pas sans conséquence pour l’agriculture départementale notamment. Autant de sujets abordés lors de la Session trimestrielle qui s’est déroulée le 17 mai dernier.
Par Dominique Bernerd (D’après éléments techniques Chambre agri 89)
Dernière session avant moissons
Pour Etienne Henriot, le débat sur l’agriculture mérite mieux que des «discours binaires…»
Par delà l’état végétatif des cultures, c’est un problème de logistique, qui inquiète aujourd’hui le monde céréalier départemental, conséquence des difficultés d’acheminement pour évacuer les marchandises. Les inondations hivernales ont notamment entrainé des avaries au niveau de deux écluses en amont de la Seine, qui ralentissent considérablement la navigation et le président de la Chambre d’agriculture, Etienne Henriot, s’alarme de la situation : «nous sommes dans l’incapacité d’évacuer normalement par voie fluviale nos céréales et même si nous parvenons à faire passer des bateaux plus petits, c’est une voie logistique qui nous est aujourd’hui supprimée. Nous arrivons à mi-mai, les moissons peuvent commencer dans la seconde quinzaine de juin, les silos sont pleins et les clients pas servis». Un autre facteur, de conjoncture syndicale cette fois, est venu perturber les acheminements depuis un mois, avec les grèves perlées enregistrées à la SNCF, ralentissant ou bloquant la circulation des trains, notamment pour tout ce qui était expédié vers le sud. Nombre d’opérateurs se sont reportés sur le transport routier, mais la pénurie s’installe et les tarifs flambent, à l’exemple d’un Montereau/Rouen, passé de 7 €/tonne à 13 €/t. Alors que les stocks de report d’une campagne à l’autre, dans le département, ne dépassent pas d’ordinaire 10% d’une récolte normale, ils pourraient doubler cette année, voire tripler en raison de ce faisceau de difficultés logistiques. Un stockage au sol momentané des céréales à venir n’est pas exclu. Les difficultés de livraison font par ailleurs, que certains acheteurs de céréales icaunaises se sont reportés sur d’autres marchés, comme la région Centre, les Hauts de France, voire l’Allemagne. Le coût financier n’est pas négligeable non plus, précise Etienne Henriot : «sur la partie export notamment, si vous ne parvenez pas à remplir des bateaux qui attendent dans les ports la marchandise, vous avez des pénalités».

Des cultures en demi-teinte
Sur un plan végétatif, les cultures souffrent de la pluviométrie importante enregistrée à l’automne et l’hiver derniers, surtout en sols hydromorphes. Le colza notamment, qui a subi parallèlement une forte pression de ravageurs à l’automne et connu une période de floraison courte et assez froide, peu propice à une fécondation idéale. Implantations «compliquées» en ce qui concerne les cultures de printemps, avec un potentiel déjà revu à la baisse. Pour ce qui est du blé et de l’orge d’hiver, les conditions jusqu’ici, incitent à un «relatif» optimisme, à l’exception là aussi, des parcelles ayant connu un excès d’eau. En revanche, les semis de betteraves auront été réalisés dans de bonnes conditions. Si d’une manière générale, les cours de la viande connaissent une petite embellie, les disparités demeurent, notamment pour ce qui est de la filière porcine, avec des cours actuels nettement inférieurs à 2017. En bovin, maintien de prix élevés pour ce qui est des broutards, mais pas pour les jeunes bovins laitiers qui ont repris leur baisse saisonnière. Si la filière lait voit le prix du beurre repartir à la hausse en dépit d’un volume de poudre maigre à l’intervention très conséquent, celui du lait n’est toujours pas au rendez-vous.
Ouf ! Les Saints de glace sont passés… Les risques de gelée ont disparu et la filière viticole voit un bon potentiel se mettre en place, avec l’espoir après 2 ans de galère, d’une récolte correspondant aux attentes. La pénurie enregistrée en chablis a fait s’envoler les prix avec des cours supérieurs de 50% à la «normale» en ce qui concerne le vrac. Reste avec la récolte 2018, à reconquérir les marchés perdus ces dernières années, faute de vin à vendre.

«L’agriculture ce n’est pas ça»
Le projet de Schéma Départemental Cynégétique est en cours d’élaboration par la Fédération des Chasseurs de l’Yonne. L’occasion peut-être, d’aplanir les points de divergence avec le monde agricole, comme l’agrainage, sujet sensible s’il en est, compte tenu de l’équilibre à trouver pour éviter que les sangliers n’aillent chercher leur nourriture en plaine, tout en ne favorisant pas la prolificité des laies. Le principe d’agrainage contrôle et déclaré à l’administration en vigueur dans le Loiret et la Côte d’Or, pourrait semble t-il, être repris par l’Yonne. Parmi les sujets faisant débat avec l’administration, celui du drainage : les projets portés par les agriculteurs rencontrant nombre de difficultés d’instruction. Là aussi, la Chambre d’agriculture souhaiterait voir déclinée une «charte drainage» dans le département, à l’image de ce qui est en place en Saône et Loire, souligne Etienne Henriot : «n’oublions pas que certain secteurs du département seraient incultes s’il n’y avait pas de drainage».
Nombre de projets de loi sont en cours d’examen, parmi lesquels le Plan d’actions phyto. Une version bis d’Ecophyto visant à «réduire la dépendance de l’agriculture aux produits phytosanitaires». Avec l’impression, regrette le président Henriot, «que l’on considère l’agriculture comme partant de zéro, utilisant à tort et à travers des produits phytos et qui n’aurait pas pris conscience de ses responsabilités en la matière…» Appelant à la vigilance face à des situations où l’agriculteur se verrait privé d’outils permettant de mener à bien certaines productions, faute de solutions techniques de remplacement. L’occasion pour le président de la Chambre d’agriculture de sortir de sa pondération habituelle et de laisser parler sa colère : «les discours binaires, moi je commence à en avoir marre ! J’entends dire y’a des bons, y’a des mauvais, y’a des noirs, y’a des blancs… L’agriculture, ce n’est pas ça ! Réduire à deux systèmes où ceux là sont des gentils, ceux là sont des méchants, c’est inadmissible…»

Élections Chambre le 31 janvier
Plus que deux sessions avant la fin de la mandature. Les prochaines élections des membres de la Chambre d’agriculture se dérouleront le 31 janvier prochain, avec une campagne électorale débutant le 7 janvier. Si le nombre de collèges reste identique, la prochaine mandature sera synonyme d’un nombre d’élus ramenés de 44 à 33 membres, complété de 8 membres associés au maximum (contre 10 aujourd’hui). Avec pour la première fois, l’apparition d’un vote électronique en parallèle du vote par correspondance. Date limite pour finaliser les listes électorales : le 1er octobre prochain.
Les travaux de rénovation du bâtiment de la MSA respectent le calendrier prévisionnel et devraient être achevés courant novembre prochain. Pour une inauguration conjointe des trois  bâtiments constituant le «Pôle agricole Guynemer», samedi 15 décembre.