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Difficultés économiques

Demain est un autre jour

La fin d’année approche et nombre de trésoreries vont se retrouver dans le rouge. Un agriculteur du canton de Grancey-le-Château évoque sa situation et ses adaptations.

Par Aurélien Genest
Demain est un autre jour
Damien Mugnier semait ses blés à la tombée de la nuit, la semaine dernière à Busserotte-et-Montenaille.

«Les mois qui arrivent s’annoncent compliqués. Les agriculteurs ont peu de marge dans cette guerre économique où tout le monde tire de son côté» confie Damien Mugnier. Cet agriculteur de 42 ans, qui terminait de semer ses blés le 30 septembre à quelques kilomètres de Grancey-le-Château, est revenu sur la dernière moisson, lui qui exploite 300 hectares de productions végétales avec un associé et deux salariés : «2014 est la moisson du siècle, mais dans le sens négatif. A part le colza qui atteint 30q/ha, les blés et les orges de printemps dépassent difficilement 35q/ha. L’orge d’hiver est à 50q/ha. Les blés sont germés à 80% et sont déclassés. Je travaille beaucoup avec les marchés : j’ai vendu une partie à 185€/t mais un dégrèvement d’au moins 35€/t est annoncé. Ce qui n’était pas contractualisé devrait faire 112€/t». Face à ce constat, Damien Mugnier a pris contact avec sa banque dès la fin de la récolte : «il ne fallait pas attendre et agir vite. Les problèmes, notamment climatiques, se multiplient depuis plusieurs années dans nos petites terres superficielles. Ce nouvel épisode conjugué à la baisse des cours va laisser une trace assez violente dans nos campagnes qui manquent de cruellement de compétitivité, de part leur faible potentiels de rendements. Nous avons commencé de faire un bilan et évoqué les solutions possibles pour gérer la trésorerie sur l’exploitation. Il fallait évacuer le court-terme. Heureusement, la banque nous a écoutés et la dette devrait être étalée sur du moyen-terme».

 

Engraissement et méthanisation

Un autre nuage noir annonce : celui de la nouvelle Politique agricole commune et ses «coups de rabots». En guise de parade, le Côte d’orien envisage d’agrandir son atelier d’engraissement de taurillons charolais et limousins: «il passera de 100 à 250 têtes prochainement. Je compte sur une augmentation de l’EBE pour combler la perte des soutiens européens». Damien Mugnier réfléchit constamment sur la manière de «faire mieux» chaque jour dans son métier d’agriculteur : «il faut être de plus en plus technique et s’adapter du mieux possible dans un environnement qui change continuellement. C’est facile à dire mais un peu plus compliqué à réaliser, mais c’est cette philosophie qui me fait avancer au quotidien». Toujours à la recherche d’adaptations, Damien Mugnier envisage de se lancer dans un projet de méthanisation. «Pour ce faire, il me faudra au moins 3 000 tonnes de fumier. Je vais attendre de voir ce que donne mon atelier d’engraissement une fois au complet. Je suis également à la recherche de partenariats pour viser une plus grosse structure». Les nouvelles technologies, Damien Mugnier les connaît bien : l’agriculteur s’était lancé dans le photovoltaïque en 2008 et ne regrette pas cette orientation qui lui permet d’avoir un complément de revenus, «très pratique», surtout en ces temps difficiles.