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Plateaux

De moins en moins de colza

Plusieurs exploitants ont décidé de réduire significativement leur sole de colza. Le point avec un jeune agriculteur d’Ampilly-les-Bordes.
Par Aurélien Genest
De moins en moins de colza
Clément Babouillard est passé d’une surface de 110 ha à 42 ha en seulement trois ans.
Des résultats de plus en plus variables, un plafonnement des rendements, un climat changeant, l’arrivée des grosses altises, des cours qui n’évoluent pas et des frais de culture toujours aussi importants fragilisent le colza sur les plateaux. L’ensemble de ces paramètres pourrait engendrer une baisse relativement importante des surfaces ensemencées ce mois d’août en haute Côte-d’Or. Clément Babouillard, jeune exploitant à Ampilly-les-Bordes, a commencé de diminuer sa sole de colza depuis maintenant trois ans : «Nous sommes passés de 110 à 42 ha. Pour nous, le colza est une déception pluriannuelle. Cet été, la culture a livré un rendement de 26 q/ha après des dégâts de gel et de grosses altises. Nous plafonnons à 30 q/ha : ce niveau de rendement reste exceptionnel, je ne l’ai enregistré qu’une seule fois depuis mon installation il y a dix ans. Parfois, nous descendons à 23 voire 22 q/ha». À cette problématique du rendement s’ajoute celle des grosses altises qui viennent de faire de gros dégâts pour la seconde campagne consécutive. «Ces insectes représentent un énorme problème qui pourrait vite se généraliser à l’ensemble du département», indique le JA de 33 ans, «de plus, les frais engagés sont considérables avec cette culture, pour une rentabilité qui n’est pas toujours au rendez-vous, à cause des aléas climatiques qui frappent de plein fouet nos petites terres ». Président du canton FDSEA d’Aignay-Baigneux, Clément Babouillard précise que l’ensemble de ses collègues agriculteurs font face à ces problématiques : «plus généralement, le colza revient trop souvent dans nos rotations, depuis trop longtemps. Cela génère des problèmes de tout ordre. Le climat et les grosses altises font beaucoup bouger les choses en ce moment. Tout le monde réfléchit et cherche des solutions».

Pas de recette miracle
Clément Babouillard a semé son colza les 7, 8 et 9 août, avec une avance d’une dizaine de jours sur son calendrier : « j’ai aussi apporté de l’azote minéral, je vise une pousse plus dynamique à l’automne pour rendre la culture plus résistante aux grosses altises. Le colza, pour l’heure, est assez beau, il a bien profité des quelques averses qui ont permis une levée assez rapide». Clément Babouillard tente de varier ses têtes d’assolement en optant désormais pour du tournesol, du pois d’hiver, de la moutarde et de la luzerne, en plus du colza. Ces différentes cultures «ne font pas de miracles pour autant», indique l’exploitant : «la rentabilité des têtes d’assolement sur le plateau châtillonnais est toujours un problème. Le pois, par exemple, a donné 37 q/ha cette année. Avec un prix de 170 euros la tonne, nous obtenons a peu près la même rentabilité que celle du colza à 26 q/ha, mais nous avançons beaucoup moins d’argent. En effet, un pois d’hiver coûte 250 voire 300 euros/ha pour le produire. Le colza, c’est plutôt 450 voire 500 euros/ha selon la conduite». Malgré l’impact du gel cette année, la moutarde cultivée au Gaec de la Contrée apporte généralement satisfaction avec ses 13 q/ha de moyenne sur cinq ans : «les rendements varient de 11 à 18 q/ha, nous nous en contentons sur nos terres superficielles. Le problème, avec la moutarde, vient encore des grosses altises… La lutte pourrait même devenir plus délicate qu’en colza car les moutardes, semées plus tardivement, sont plus vulnérables à l’automne». La luzerne de Clément Babouillard, elle, se destine intégralement à l’alimentation du bétail : «je la valorise avec mon troupeau charolais. Je réfléchis aussi à une rentabilité directe qui pourrait être le séchage en grange, mais cela représente un investissement conséquent. En ce qui concerne le tournesol, son prix n’est plus très attractif après la suppression de la prime oléique, mais cette culture engage relativement peu de trésorerie, et nous rentrons dans les clous partir de 18 q/ha. Le tournesol m’a été très utile cette année pour une parcelle de re-semis initialement destinée à la moutarde».

Du colza associé ?

Clément Babouillard a participé à la réunion « Bilan de campagne » organisée fin juillet à Bretenière. La culture du colza associé a été présentée à cette occasion, l’agriculteur livre son ressenti : « Il s’agit, selon moi, d’une piste parmi d’autres. Associer le colza à la féverole, par exemple, pourrait apporter bien des solutions à nos problèmes, mais je retiens pour l’instant la complication du travail et la nécessité d’avoir du matériel adapté pour réaliser ce semis associé. Des amis viennent de tester cette technique, je serai attentif aux résultats pour éventuellement me lancer plus tard ! ».