Dégâts de gibier
De mal en pis
Un jeune éleveur d’Agey fait part d’une situation de plus en plus préoccupante sur ses terres.

« Il n’y a jamais eu autant de sangliers, les populations ne cessent d’augmenter, les dégâts aussi», s’inquiète Alexandre Dufour, rencontré le 14 janvier en matinée à l’issue d’un tour de ses parcelles. Installé depuis 2012 sur une ferme de polyculture-élevage bovins viande avec 60 vêlages charolais et salers, ce jeune éleveur de 35 ans partage son agacement face à cette situation : «il est vraiment très difficile de travailler dans de telles conditions. Si les indemnisations tiennent encore la route dans les cultures, ce n’est aucunement le cas dans les prairies. Beaucoup de dégâts sont à déplorer dans des coteaux difficilement accessibles, la remise en état est très compliquée. Des doubles passages de herse sont nécessaires en plus du re-semis. Des chardons repoussent à la place, le matériel s’use plus rapidement, il y a même certaines casses. Je ne m’y retrouve pas financièrement. Je ne parle même pas de la problématique sanitaire avec la tuberculose... Notre zone est concernée. Cette situation n’est vraiment plus tenable».
Croissance «exponentielle»
Alexandre Dufour est d’autant plus inquiet que les populations augmentent de manière «exponentielle» au fil des campagnes: «on bat tous les records cette année. Dans le massif voisin, il doit bien y avoir une centaine de sangliers, alors qu’il n’en faudrait pas plus de 30, dans le pire des cas. Il y a quinze ans, du temps de mon père, il n’y avait aucun dégât. L’an passé, nous avons déclaré 26 ha de prairies retournées. Ce sera beaucoup plus cette fois-ci. Jusqu’à présent, les sangliers ne se manifestaient qu’en période hivernale. Maintenant, c’est toute l’année. C’est une tendance que j’ai remarquée : les sangliers vivent de plus en plus dans de petits bosquets, au milieu des prairies, Il restent de moins en moins dans les bois. Avant, quand ils étaient chassés, ils parcouraient 30 voire 40 km dans la nuit pour aller ailleurs. Là, ils semblent beaucoup moins peureux, ils se contentent de faire une boucle s’ils ne sont pas tués et ils reviennent rapidement au même endroit. Est-ce dû à l’agrainage que certains pratiquent malgré son interdiction ? Je pense bien que oui». Qu’en sera t-il l’an prochain ? Alexandre Dufour s’interroge : «il est difficile d’imaginer pire, c’est pourtant le chemin que nous prenons. J’entends dire que 9 500 prélèvements sont réalisés à cette période dans le département.
Je pense qu’il en faudrait au moins 20 000 à la fin de la chasse, une baisse des populations est impérative».
«Totalement démuni»
«Les chasseurs ne l’admettent pas, mais ils sont totalement dépassés par la situation», confie le jeune Côte-d’orien, «la moyenne d’âge des chasseurs est de plus en plus élevée dans le secteur, cela n’aide pas non plus. En plus, leur nombre de chiens est plutôt restreint. La donne est compliquée par ici. Pour que cela aille un peu mieux, il faudrait déjà arrêter les tirs sélectifs. En ne tirant pas les mères, il est normal que les populations augmentent continuellement». Alexandre Dufour se dit «totalement démuni» face à ce fléau : «nous avons organisé plusieurs réunions entre agriculteurs et chasseurs, en présence de la DDT. Force est de constater qu’on ne peut pas obliger les chasseurs à aller à la chasse, personne n’a ce pouvoir-là. Les solutions, à part l’arrêt du tir sélectif ? Les amendes relatives à l’agrainage devraient être plus importantes, elle auraient le mérite d’être dissuasives. Elles ne le sont pas aujourd’hui. Pour être efficaces, il faudrait aussi, selon moi,que les chasseurs payent les dégâts de gibier sur leur propre commune, cela aurait l’avantage de les responsabiliser. Aujourd’hui, tout est mutualisé, cela ne peut pas fonctionner ainsi. C’est triste à dire, mais nous sommes plusieurs à penser que seule la peste porcine pourrait régler nos problèmes... Notre secteur n’est pas le seul à être confronté à ces sur-populations de sangliers, j’ai beaucoup d’amis ailleurs qui rencontrent cette même problématique, c’est partout pareil. Nous avons envoyé un courrier à l’administration il y a plusieurs mois, nous tirons la sonnette d’alarme depuis bien longtemps mais rien ne change. Dans tous les cas, le but n’est pas d’avoir une guerre de territoire avec les chasseurs, car nous les connaissons bien et certains sont propriétaires des terres que nous exploitons. Nous estimons que la chasse est un loisir qui, en aucun cas, ne doit pénaliser l’activité économique agricole. Celle-ci est déjà assez pénalisée comme cela, avec ses nombreuses crises successives».
Croissance «exponentielle»
Alexandre Dufour est d’autant plus inquiet que les populations augmentent de manière «exponentielle» au fil des campagnes: «on bat tous les records cette année. Dans le massif voisin, il doit bien y avoir une centaine de sangliers, alors qu’il n’en faudrait pas plus de 30, dans le pire des cas. Il y a quinze ans, du temps de mon père, il n’y avait aucun dégât. L’an passé, nous avons déclaré 26 ha de prairies retournées. Ce sera beaucoup plus cette fois-ci. Jusqu’à présent, les sangliers ne se manifestaient qu’en période hivernale. Maintenant, c’est toute l’année. C’est une tendance que j’ai remarquée : les sangliers vivent de plus en plus dans de petits bosquets, au milieu des prairies, Il restent de moins en moins dans les bois. Avant, quand ils étaient chassés, ils parcouraient 30 voire 40 km dans la nuit pour aller ailleurs. Là, ils semblent beaucoup moins peureux, ils se contentent de faire une boucle s’ils ne sont pas tués et ils reviennent rapidement au même endroit. Est-ce dû à l’agrainage que certains pratiquent malgré son interdiction ? Je pense bien que oui». Qu’en sera t-il l’an prochain ? Alexandre Dufour s’interroge : «il est difficile d’imaginer pire, c’est pourtant le chemin que nous prenons. J’entends dire que 9 500 prélèvements sont réalisés à cette période dans le département.
Je pense qu’il en faudrait au moins 20 000 à la fin de la chasse, une baisse des populations est impérative».
«Totalement démuni»
«Les chasseurs ne l’admettent pas, mais ils sont totalement dépassés par la situation», confie le jeune Côte-d’orien, «la moyenne d’âge des chasseurs est de plus en plus élevée dans le secteur, cela n’aide pas non plus. En plus, leur nombre de chiens est plutôt restreint. La donne est compliquée par ici. Pour que cela aille un peu mieux, il faudrait déjà arrêter les tirs sélectifs. En ne tirant pas les mères, il est normal que les populations augmentent continuellement». Alexandre Dufour se dit «totalement démuni» face à ce fléau : «nous avons organisé plusieurs réunions entre agriculteurs et chasseurs, en présence de la DDT. Force est de constater qu’on ne peut pas obliger les chasseurs à aller à la chasse, personne n’a ce pouvoir-là. Les solutions, à part l’arrêt du tir sélectif ? Les amendes relatives à l’agrainage devraient être plus importantes, elle auraient le mérite d’être dissuasives. Elles ne le sont pas aujourd’hui. Pour être efficaces, il faudrait aussi, selon moi,que les chasseurs payent les dégâts de gibier sur leur propre commune, cela aurait l’avantage de les responsabiliser. Aujourd’hui, tout est mutualisé, cela ne peut pas fonctionner ainsi. C’est triste à dire, mais nous sommes plusieurs à penser que seule la peste porcine pourrait régler nos problèmes... Notre secteur n’est pas le seul à être confronté à ces sur-populations de sangliers, j’ai beaucoup d’amis ailleurs qui rencontrent cette même problématique, c’est partout pareil. Nous avons envoyé un courrier à l’administration il y a plusieurs mois, nous tirons la sonnette d’alarme depuis bien longtemps mais rien ne change. Dans tous les cas, le but n’est pas d’avoir une guerre de territoire avec les chasseurs, car nous les connaissons bien et certains sont propriétaires des terres que nous exploitons. Nous estimons que la chasse est un loisir qui, en aucun cas, ne doit pénaliser l’activité économique agricole. Celle-ci est déjà assez pénalisée comme cela, avec ses nombreuses crises successives».