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Action syndicale

De la viande locale et rien d’autre

Les Jeunes agriculteurs de Saulieu-Liernais ont mené une action coup de poing le 14 décembre.
Par Aurélien Genest
De la viande locale et rien d’autre
Les JA réunis la semaine dernière à Saulieu, vite rejoints par plusieurs collègues au cours de leur opération.
Le panneau « Viande 100 % Charolaise, 100 % Bourgogne Franche-Comté » du supermarché Bi1 de Saulieu a été bâché la semaine dernière par les Jeunes agriculteurs locaux. « Cette publicité est mensongère », déplore Cédric Sonnet, président du canton JA, « nous avons appris que l’établissement vendait de la viande Black Angus importée des USA. J’en ai même acheté personnellement pour en avoir la preuve. Cette viande bourrée d’hormones de croissance n’a rien à faire dans nos supermarchés. Dans le berceau du Charolais, terre d’éleveurs, ce type de produit n’a pas sa place ». L’éleveur du village de Villargoix avait convoqué ses troupes vendredi dernier. Après le bâchage du panneau publicitaire, les agriculteurs côte-d’oriens se sont entretenus avec le directeur de l’établissement avant d’aller faire un petit tour dans les étals.

« Inacceptable »
Un discours correct mais très ferme a permis de mettre « les points sur les i ». Victor Judrin, JA de Montlay-en-Auxois, a rappelé le droit les consommateurs de manger « bon et local » : « Le Black Angus élevé dans des parcs d’engraissement intensifs aux États-Unis n’a rien à voir avec le Black Angus élevé à l’herbe. JA ne cautionne pas ce type d’importations qui est inacceptable. Rien ne vaut la viande française, tracée, avec un suivi sanitaire irréprochable. L’impact carbone, notion tant mise en avant en ce moment, nous n’en parlerons même pas ici. Il ne doit pas être très bon avec ce type d’importations… ». Cédric Sonnet a rappelé pour sa part le strict cahier des charges imposé aux éleveurs français, évoquant au passage les nombreuses dérives de la production américaine avec son alimentation à base de soja et maïs OGM.

Éleveurs engagés
« Toutes les personnes réunies aujourd’hui élèvent des Charolais », fait Cédric Sonnet, « aujourd’hui, nous avons tous des bêtes vendues depuis un mois et demi, mais elles sont encore dans nos cours de ferme. Elles ne partent pas. Les prix ? Entre 3,50 et 3,70 euros/kg au maximum, c’est très décevant. Il faudrait un euro de plus. À ce titre, nous demandons un rendez-vous avec le responsable de Schiever pour que nous nous mettions enfin d’accord sur la démarche Éleveurs engagés, qui nous permettrait de vendre notre viande plus chère. Il est impossible de concrétiser quoi que ce soit avec eux depuis près de deux ans ».

De l’Angus à proximité

Raphaël Leu participait à cette opération coup de poing. Ce jeune éleveur de 28 ans, domicilié à Montigny-sur-Armançon, travaille en Gaec avec ses parents. Son troupeau bovin allaitant est composé majoritairement de Charolais mais compte également plusieurs Angus : « Nous commençons tout juste le développement de cet élevage, nous n’avons que quelques animaux en race pure, mais si le supermarché de Saulieu veut absolument cette race, qu’il sache qu’il s’en élève à seulement 10 km de son établissement. Les JA, et plus largement le monde agricole, fait la promotion de la viande locale avant tout, ce n’est pas uniquement une affaire de race. Dans mon cas, je pourrai m’engager à fournir des Angus au supermarché dans environ un an, si celui-ci est demandeur ».