De la tennis à la basket, des terrains de sport à la rue
Nées sur les plages anglaises, popularisées sur les parquets américains, les tennis et baskets ont quitté depuis longtemps les terrains de sport pour envahir la rue et les podiums. De la Converse de Chuck Taylor aux Air Jordan de Michael Jordan, en passant par les Stan Smith d’Adidas, elles racontent un siècle et demi d’histoire où se mêlent innovations techniques, culture populaire et business planétaire.
Difficile aujourd’hui d’imaginer un dressing sans une paire de tennis ou de baskets. Qu’elles soient blanches et épurées, colorées et techniques, ou encore signées par une star du sport ou de la musique, ces chaussures sont devenues un objet universel. Pourtant, leur histoire commence bien loin des podiums de mode et des vitrines de collectionneurs.
Des « plimsolls »
Tout démarre au XIXe siècle, avec l’invention du caoutchouc vulcanisé par Charles Goodyear en 1839. Cette matière souple et résistante permet à la Liverpool Rubber Company de produire les premières chaussures légères à semelles de caoutchouc, baptisées plimsolls. On les porte sur les plages anglaises, puis sur les courts de tennis, sport en plein essor dans les clubs huppés. Elles sont silencieuses, pratiques, et contrastent avec les rigides chaussures de cuir. Très vite, dans la langue française, elles prennent tout naturellement le nom de « tennis ».
Converse, la basket américaine par excellence
Mais c’est aux États-Unis que la basket, telle qu’on la connaît, va vraiment naître. En 1917, la Converse Rubber Company sort la Converse All Star, conçue pour le basketball, un sport jeune mais en plein développement. Dans les années 1920, quand le joueur Chuck Taylor adopte le modèle et en devient l’ambassadeur, l’histoire s’accélère : la chaussure prend son nom en 1932 (Chuck Taylor All Star) et devient un standard sur les parquets américains. Pendant des décennies, aucune autre basket ne rivalise.
Adidas, Puma et la performance sportive
En parallèle, l’Europe n’est pas en reste. Les frères Dassler, fondateurs d’Adidas et de Puma dans l’Allemagne des années 1920, misent sur l’innovation sportive : crampons pour les sprinteurs, chaussures adaptées aux disciplines olympiques. Jesse Owens remporte ses quatre médailles d’or aux Jeux de Berlin en 1936 chaussé d’un modèle conçu par Adi Dassler. La chaussure de sport devient un outil de performance… et de prestige national.
En 1964, Adidas crée une chaussure spécialement conçue pour le tennis, sport en plein essor. La marque fait appel au numéro un du tennis français, Robert Haillet, pour superviser la création de ce premier modèle en cuir. Au début des années 1970, Adidas signe un contrat avec le meilleur joueur de tennis du moment, l'Américain Stan Smith. En 1978, elle est rebaptisée l'Adidas Stan Smith, modèle devenu iconique.
La rue adopte la basket
Puis, à partir des années 1950, la basket sort des stades. James Dean et Elvis Presley apparaissent en jeans et tennis, offrant une image de liberté qui séduit la jeunesse. Dans les années 1970 et 1980, la rue s’empare définitivement de la basket. Le hip-hop, né dans le Bronx à New-York, l’élève au rang de symbole. Et le groupe Run DMC va propulser les Adidas Superstar sans lacets lors de ses concerts. En 1986 est signé le premier contrat entre une marque et des artistes de rap. En 1985, Michael Jordan et Nike bouleversent à leur tour le paysage avec les mythiques Air Jordan, qui deviennent un phénomène mondial. La basket n’est plus seulement un outil sportif : c'est un signe d’identité à la culture afro-américaine, un marqueur social et culturel.
Symbole d'une génération, d'une communauté, d'un style, les baskets sortent définitivement de la sphère du sport et infiltrent la rue.
Du sport au luxe
Depuis, la vague ne s'est jamais arrêtée. Les années 1990 voient l’explosion des Air Max de Nike, des Stan Smith d’Adidas ou encore des Reebok Pump. Certaines éditions limitées atteignent des sommes folles sur le marché de la revente. Les collaborations avec des créateurs de mode brouillent les frontières entre sport et luxe. Dans le même temps, les marques investissent dans des matériaux recyclés et des semelles toujours plus sophistiquées, cherchant à conjuguer style et responsabilité environnementale.
De la plage anglaise aux podiums des Fashion Weeks, du parquet des salles de basket aux trottoirs des métropoles, la tennis et la basket racontent bien plus qu’une simple histoire de chaussures. Elles reflètent les mutations sociales, l’essor du sport moderne, la puissance de la culture populaire et, plus que jamais, la manière dont chacun exprime son identité à travers ce qu’il porte aux pieds.
Tennis, baskets, sneakers
Les tennis désignent des chaussures basses en toile et caoutchouc. Le mot apparaît en français en 1894 soit vingt ans après l'invention de ce sport. La basket est plus récente. Elle entre dans le dictionnaire en 1953 pour définir une chaussure de sport plutôt montante adaptée à la pratique du basket-ball. La sneaker désigne une chaussure conçue à l'origine pour faire du sport, mais dont l'usage a été détourné pour la rue. Dérivée du verbe to sneak qui signifie se faufiler, elle évoque le fait de marcher sans faire de bruit.
Les crampons de Kylian Mbappé
Sportifs et grandes marques imaginent des chaussures techniques qui ne concèdent rien à l'esthétique. Créées par et pour le joueur de foot Kylian Mbappé, ces chaussures témoignent d'une nouvelle génération de crampons avec chaussette intégrée. Concentré de technologies, elles sont à l'image du jeu du sportif. Côté design, le graphisme est subtilement travaillé. De nombreux indices à découvrir font référence au parcours personnel du jeune joueur internationalement reconnu. Il signe là sa première chaussure, fruit d'une collaboration avec Nike.
Un musée bien dans ses baskets à Romans-sur-Isère (26)
Installé dans l’ancien couvent de la Visitation, au cœur de Romans-sur-Isère (26), le Musée de la chaussure regroupe plus de 20 000 pièces, allant de sandales égyptiennes millénaires aux brodequins de samouraï en passant par les « getas » portées par les jeunes geishas. On y découvre aussi des créations de haute couture contemporaines, sans oublier les baskets et autres mocassins, derbys, bottines, escarpins, mules…
Plus d'infos sur www.museedelachaussure.fr.
