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Grandes cultures

De la pomme de terre fécule dans votre assolement

A l’occasion de son assemblée générale le 15 décembre, L’Admien  a exploré le potentiel de développement de la production de pomme de terres fécules dans les terres nivernaises: un débouché sécurisé mais une rentabilité sous conditions.
Par Lucie Lecointe
De la pomme de terre fécule dans votre assolement
La coopérative féculière de Vecquemont, implantée dans la Somme, cherche à saturer son outil industriel. La perspective d’un débouché sécurisant pourrait tenter quelques producteurs nivernais.
Et si la pomme de terre fécule trouvait sa place dans l’assolement nivernais? C’est la question que se sont posé les agriculteurs de l’Admien (Association pour le Développement et la Maîtrise de l’Irrigation dans les Exploitations de la Nièvre) et la coopérative féculière de Vecquemont implantée dans les Hauts-de-France. Pour les 800 exploitants coopérateurs de Vecquemont, la production de pommes de terres fécule est plus proche de celle de la betterave que de celle de la pomme de terre de consommation qui est beaucoup plus exigente, en termes de stockage par exemple. «On peut stocker la pomme de terre fécule en bout de champ, ce qui est moins contraignant que le stockage en frigo pour la pomme de terre de consommation. De même, les investissements en matériels pour l’implantation
et la récolte sont moins importants !» explique Olivier Brasset, président de la coop.

Un débouché sécurisant...
L’atout principal de cette production est le débouché assuré à l’usine de Vecquemont, qui souhaite atteindre son potentiel maximum de transformation à un million de tonnes de pommes de terres chaque année. Les apports des producteurs de Normandie, Nord-Pas de Calais et Picardie ne suffisent pas à saturer l’outil industriel, d’autant que les perspective de débouchés alimentaires sont porteuses, notamment sur des segments à forte valeur ajoutée: non OGM, sans gluten, casher...
Le prix minimum garant, en progression depuis 2012, s’établi à 59 euros/tonnes à 17% d’amidon, 63 euros/tonne avec les différents compléments de prix, et de près de 75 euros/tonne lorsque la densité est de 20%.

... mais des exigences sur les parcelles
L’intérêt économique de cette culture est en effet lié à la capacité à produire des pommes de terres avec de forts taux de richesse féculière. «Notre industriel achète de l’amidon, pas de la pomme de terre» précise Thibaut Ricour, ingénieur-conseil à la coopérative. Le choix de la parcelle, la variété, l’amendement, et bien sûr les conditions météorologiques influencent directement la richesse féculière. Cette année a été plutôt décevante en termes de rendement, comme a pu le constater Vincent Saillard, qui a planté un hectare en essai: «la pression mildiou a été exceptionnelle en juin-juillet, je pense que je ferai autour de 35 tonnes», soit 15 de moins que le rendement moyen.

Seconde condition essentielle: avoir des tares (fanes, terres, cailloux) inférieures à 15%, pour ne pas subir de malus sur le prix. Le coût élevé du transport routier jusqu’à Vecquemont (750 euros par hectare pour un rendement de 50 tonnes), impose lui aussi des tares faibles en cailloux. Les terres sableuses offrent ces avantages. Les sols limono-argileux de Bourgogne nivernaise semblent également convenir.
Autre élement à prendre en compte: la production exige de la disponiblité. De juin à septembre d’abord, pour assurer une protection phytosanitaire attentive, «J’ai fait sept passages cette année» témoigne Vincent Saillard. «En fonction des années, la culture peut exiger plus de passages» prévient Thibault Ricour. La récolte en septembre-octobre demande elle aussi de la disponibilité.... «Pas facile car ces périodes sont déjà chargées» réagit un agriculteur.

La pomme de terre fécule, avec de bons rendements, une richesse féculière élevée et de faibles tares, peut apparaître comme une opportunité de diversification assez peu risquée. «Réaliser des essais de cultures de pommes de terres fécule dans la Nièvre donnerait des perspectives intéressantes à notre réflexion»  conclut Didier Guyon, président de l’Admien.