Filière volaille
De l’université au poulailler
Une femme d’agriculteur vient de changer de métier en optant pour la viande blanche.
C’est ce qui s’appelle changer radicalement de vie. Virginie Begin, 43 ans, était agent de service à l’Université de Bourgogne depuis 1996. «Je faisais le ménage et j’étais à l’accueil de la fac... Pour dire vrai, cela ne me plaisait plus du tout» confie cette habitante d’Esbarres. Mariée à Martial, agriculteur dans ce même village du canton de Brazey-en-Plaine, Virginie Begin voulait se diriger vers une autre voie professionnelle, elle qui était lassée de parcourir des kilomètres en allant tous les jours à Dijon. L’idée de se lancer dans une pension de chevaux, sa passion, lui est bien passée par la tête mais a été rapidement abandonnée, faute à une rentabilité jugée trop aléatoire. Il y a deux ans, suite à des échanges avec des techniciens des Établissements Sirugue, la Côte d’orienne a finalement opté pour un poulailler. «Ce projet présentait de nombreux avantages comme celui de travailler à seulement 200 mètres de chez moi» relève Virginie Begin, qui a inauguré son bâtiment de 1340m2 vendredi 22 mai en compagnie d’une centaine de personnes. Le premier lot de 29 500 poussins arrivera le 11 juin. «J’ai vraiment hâte d’y être, ce sera un nouveau départ pour moi» confie t-elle en présence de son fils Thomas, lui aussi heureux d’accueillir des animaux sur l’exploitation familiale dédiée jusqu’ici aux productions végétales. Virginie Begin se sent prête à débuter dans cette nouvelle aventure après avoir suivi une formation de six jours pour apprendre le fonctionnement de ce bâtiment automatisé. L’éleveuse pourra compter quoiqu’il arrive sur les conseils et l’aide des techniciens des Établissements Sirugue et LDC. En ce qui concerne l’aspect financier, un prêt de 380 000 euros à été accordé par une banque. «Il sera amorti sur quinze ans, ce montant est supérieur à ce qu’il se fait d’habitude car il y avait beaucoup de terrassement à effectuer et nous avons fait le choix d’une dalle bétonnée» poursuit Virginie Begin. Son nouveau salaire, proche du Smic, devrait être sensiblement le même qu’auparavant, mais avec beaucoup moins d’heures et moins de charges : «un poulailler représente beaucoup de surveillance mais seulement deux heures seraient réellement travaillées par jour. N’ayant plus à me déplacer à Dijon, ce sera aussi des frais en moins chaque mois, sans parler du plaisir à faire ce que je fais, ce ne sera vraiment pas comparable».
Quel avenir pour la filière volaille ?
Cette question a été posée à Jérôme Voisin, ingénieur commercial Porcs et Volailles à la SA Sirugue : «L’horizon est dégagé ! C’est la viande la moins chère et elle est facile à cuisiner. Aussi, la consommation française de poulets ne cesse de croitre avec plus de 10% gagné en 10 ans. Pour accompagner cet élan, nos partenaires locaux (LDC) investissent lourdement dans leurs outils d’abattage et nous sollicitent pour créer de nouveaux bâtiments. Les banquiers nous font confiance car les rentabilités éleveurs sont au rendez-vous. Les responsables politiques soutiennent la filière car nous raisonnons développement local. Un bâtiment comme celui de Virginie consomme 70 ha de céréales de Côte d’Or , crée 5 emplois induits en Bourgogne et alimente 25 000 habitants dans l’Est de la France. Tous ces éléments permettent à la SA Sirugue de proposer de nombreux projets pour de futurs éleveurs, en volailles plein-air Label de Bourgogne, en canards à rôtir et en poulets Le Gaulois».