De beaux raisins tombés du ciel
La récolte bat son plein depuis la semaine dernière. Les conditions météorologiques favorables du mois de septembre annoncent un bon millésime malgré la grêle de fin juin.
Pierre Boisson, viticulteur à Auxey-Duresses, a débuté les vendanges lundi 8 septembre et livre ses impressions : «Les vignes qui ont souffert de la grêle sont en retard et seront récoltées en dernier. Mais pour les moins impactées, c’est plutôt satisfaisant». Le vigneron se réjouit du «bon rattrapage» de la culture après la tempête du 28 juin : «heureusement que la grêle est tombée assez tôt dans la saison. Certaines plantes ont pu se refaire avec les mois pluvieux qui ont suivi. Des grumes ont pris la place de celles qui étaient tombées. Elles sont bien gonflées. Le temps ensoleillé du mois de septembre est très favorable». L’état sanitaire est très correct selon Pierre Boisson. Ce dernier informe ne pas faire «la chasse aux degrés» : «comme il y a une phénomène de dilution, il faut garder une certaine acidité pour éviter d’avoir quelque chose de mou... Je pense que nous aurons des vins assez gourmands comme en 2009». L’année restera, malgré tout, décevante en quantité : «lissée sur mon exploitation, je devrais être à moins 40%. Après les deux dernières années que nous venons de vivre, attendre un peu pour avoir un peu plus de matières et risquer d’avoir des raisins abimés était juste impensable».
«Il y a du boulot dans les vignes !»
Martine Bidault habite Puligny-Montrachet. Cette ancienne vendeuse de journaux et de magazines de presse s’est recyclée dans les métiers viticoles en 2009 : «Mon établissement a fermé et je me suis orientée dans ce domaine que je connaissais déjà bien. J’effectue différentes tâches de novembre à juillet, je suis une intermittente. Je participe aux vendanges chaque année». Invitée à donner son point de vue sur les difficultés à recruter des vendangeurs cette année -constat dressé par plusieurs viticulteurs -, la Côte d’orienne de 59 ans ne garde pas sa langue dans sa poche : «ce n’est pas évident pour les gens qui ne connaissent pas le métier. Certains peuvent trouver cela exigeant d’un point de vue physique et notamment pour leur dos qui est beaucoup sollicité. Il y a aussi le système français qui ne motive pas à travailler : entre toucher le chômage et aller en vendanges, autant rester chez soi ! Pourtant, je peux vous le dire, il y a du boulot dans les vignes, et toute l’année !». Martine Bidault poursuit sur sa lancée : «certains viticulteurs ne veulent plus loger tellement il y a de normes aujourd’hui. Il faut un nombre précis de douches, de lits, de toilettes... Ça décourage forcément. Avant, il ne fallait pas se poser ce type de questions. Cette année à Auxey-Duresses, il y a des jeunes qui viennent de Lorraine : ils ne seraient pas venus s’ils n’étaient pas logés et cela se comprend facilement. Même chose pour la cuisine et la restauration : aujourd’hui, on ne donne pas n’importe quoi à manger, c’est là aussi réglementé !»