Accès au contenu
Race Brune

Dans la maison des grandes championnes

Le syndicat de la race Brune a visité l’exploitation du Gaec Changarnier, lauréat des derniers concours de Cournon et Paris.
Par Aurélien Genest
Dans la maison des grandes championnes
Alain Terrillon, Mickaël Clerget et Laurent Changarnier, aux côtés de Mafaveur, championne du dernier salon de l’agriculture.
Pour leur assemblée générale du 4 avril, les éleveurs de la race Brune se sont réunis à Montmoyen, fief du Gaec Changarnier, suite aux résultats exceptionnels de cet élevage dans les derniers grands concours. Laurent Changarnier a présenté son exploitation et son impressionnante évolution depuis son installation en 2004 au sein de la ferme familiale. En quinze ans, le cheptel brun et sa production laitière ont plus que doublé, en passant respectivement de 70 à 150 vaches et de 450 000 à 1,4 million de litres de lait. Un très fort potentiel génétique du troupeau est à relever. Parmi ses stratégies de sélection, Laurent Changarnier ne recherche ni l’Isu, ni le lait en priorité : «Les taureaux d’aujourd’hui ont presque tous du lait, il est rare d’en voir des négatifs. Notre objectif est avant tout de faire vieillir nos vaches. Nous vendons et achetons beaucoup de génisses. Notre sélection sur les fonctionnels se base pour 50 % sur les mamelles, 30 % sur la reproduction et 20 % sur la longévité. Pour la reproduction, nous faisons le choix d’inséminer toutes les femelles, avec 95 % de doses sexées en première IA».

Plus de 110 000 litres pour Tornade
Très investi dans le domaine de la génétique, Laurent Changariner, a profité d’échanges entre éleveurs et de l’arrêt de plusieurs élevages aux alentours pour récupérer et travailler avec de très bonnes souches. Jartelle (championne à Cournon), Mafaveur (Miss BGS et meilleure mamelle à Paris) et Leslie (sa réserve) illustrent le niveau génétique de l’exploitation. D’ici un an, le Gaec Changarnier pourrait disposer de trois vaches de la même famille à plus de 100 000 litres de lait. La visite du 4 avril a permis aux participants de faire la rencontre de Tornade, une vache de 17 ans ayant dépassé la barre des 110 000 litres dans sa carrière. Bigoude, sa fille, en est presque à 90 000. Échalote, sa nièce, enregistre aujourd’hui 84 000 litres et pourrait elle aussi dépasser le cap des 100 000 l’an prochain, lors de sa prochaine lactation.

Robots et AOP Époisses
Lors de la visite, Laurent Changarnier a évoqué l’installation de trois robots de traite en 2016 : «les six premiers mois d’utilisation ont été extrêmement difficiles, j’ai regretté plusieurs fois ce choix, pour plusieurs raisons. Mais le bilan est aujourd’hui très satisfaisant, il a fallu que les vaches et nous-mêmes prenions de nouvelles habitudes. Deux robots auraient peut-être suffi, mais l’installation aurait été saturée et il aurait fallu sans cesse pousser les vaches, ce n’était pas le but recherché. Je n’ai plus aucun problème aujourd’hui». Le Gaec Changarnier fait du maïs l’un de ses éléments de base pour l’alimentation de ses bovins. Environ 80 hectares sont ainsi dédiés à cette culture. Mais l’éleveur réfléchit de plus en plus à augmenter la part d’herbe dans les rations. L’investissement dans une autochargeuse permet déjà d’apporter beaucoup plus d’herbe, notamment au cours de l’été. «Il y a beaucoup à faire dans le domaine de l’herbe. Nous ne sommes pas dans une région qui a l’habitude de miser sur cette production, c’est dommage, il y a pourtant des pistes intéressantes et économiques à travailler», indique Laurent Changarnier. Le Côte-d’orien est également revenu sur son passage en AOP Époisses depuis 2014 : cette orientation permet au Gaec comptant cinq associés de vendre son lait à un prix moyen de 410 euros/1 000 litres.

Résultats laitiers
Cette assemblée générale avait débuté en salle le matin à Essarois, avec une présentation de la toute nouvelle fédération Nord Est (voir encadré). Les résultats laitiers de l’année écoulée ont également été présentés à cette occasion. Contrairement aux autres races laitières du département, la Brune n’a pas augmenté sa production sur la dernière campagne. Celle-ci a même légèrement reculé (de 8 100 kg lait/vache en 2017 à 8 056 kg l’an passé, toutes lactations confondues). «Encore plus localisée sur le plateau que les autres races, la Brune a davantage ressenti l’effet de la sécheresse. Nous restons toutefois largement au-dessus de la moyenne nationale avec 600 kg de lait /vache supplémentaires», relève Jean-François Dessolin, technicien à Alysé. Les taux cellulaires représentent la seconde fausse note du dernier exercice. «La moyenne est passée de 307 000 à 312 000 cellules/ml en un an, le printemps humide que nous avons eu peut expliquer, en partie, cette détérioration. Il y a probablement des progrès à faire au niveau génétique», ajoute l’intervenant.

Cap sur Châtillon
Le prochain rendez-vous de la race Brune est désormais le grand concours organisé dans le cadre des Journées châtillonnaises, les 1er et 2 juin prochains. Mickaël Clerget, président du syndicat interdépartemental, a apporté quelques précisions à ce sujet : «Nous avons pris en compte les réactions des divers participants l’an passé. Ces remarques nous ont amenés à̀ revoir quelques points essentiels de notre règlement de concours afin d’intégrer, comme il se doit, les nouveaux éleveurs au sein de notre famille. Notre souhait principal est que l’ensemble des animaux soient préparés de manière commune pour une présentation homogène avec un travail d’équipe pour faire renaître la convivialité de cette exposition».

Une nouvelle fédération

Après une longue période de préparation, la fédération Nord Est a vu officiellement le jour il y a quelques semaines, lors de la dernière assemblée générale de BGS. «GEN Brune est né. Cette fédération est composée des syndicats de la Côte-d’Or, de la Haute-Marne, des Hauts de France, ainsi que des départements historiques de la zone Eurogénétique quelque peu élargie», indique Mickaël Clerget, qui poursuit : «de nouveaux membres motivés ont pris leur activité récemment au sein du bureau. Nous voilà enfin en règle dans le cadre du règlement zootechnique européen (RZE). Notre syndicat devient adhérent de cette fédération qui chapeautera les évènements inter-départementaux et régionaux. Les syndicats départementaux garderont l’organisation de leurs évènements locaux». La présidence de GEN Brune est assurée par Alain Terrillon, éleveur à Griselles, en Côte-d’Or, qui livre ici son ressenti : «Cette nouvelle organisation offre la possibilité à des éleveurs d’autres départements, où il n’y avait pas de syndicats, de pouvoir se rattacher à une entité. Notre nouvelle fédération compte environ 2 000 vaches, je pense que nous pouvons aller en chercher au moins autant dans un avenir proche. Plus nous serons nombreux et plus nous aurons de poids dans les discussions. Cela sera bénéfique pour la promotion de la race Brune et son développement».