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Parc national

Dans l’expectative

Le parc des forêts de Champagne-Bourgogne est officiellement né le mois dernier. Les agriculteurs attendent désormais la position des communes, toutes appelées à adhérer, ou non, au projet.
Par Aurélien Genest
Dans l’expectative
Vincent Renault, exploitant à Châtillon-sur-Seine, livre son ressenti sur la création du parc.
Il s’est battu dans le dossier du parc depuis 2013. Ces tout derniers mois, il avait pris un peu, voire beaucoup de recul. «Faute à la lassitude, sans doute. Les convocations en gendarmerie n’ont bien sûr rien arrangé», reconnaît-il. Vincent Renault, rencontré la semaine dernière dans sa ferme au hameau de Marigny, partage son point de vue sur la situation : «Le parc est né, ça y est, mais pour l’instant rien n’a vraiment changé et les gens n’en parlent pas beaucoup. Je pense que, depuis un petit moment déjà, tout le monde s’était fait à l’idée qu’on devra faire et vivre avec. On rabâche aux agriculteurs qu’il n’y aura pas de contrainte et que tout va bien se passer… Il faut croire que ce discours détend quelque peu l’atmosphère».
L’exploitant de 34 ans ne regrette aucunement la pression syndicale réalisée ces six dernières années, bien au contraire. Celle-ci aura permis de diminuer substantiellement la surface de terres agricoles présentes en zone de cœur : «notre travail a eu son utilité, mais nous voulions aller encore plus loin dans la démarche. Réduire davantage cette surface n’a malheureusement pas été possible. Nous devions aussi écrire une charte puis travailler le zonage : cela n’a pas pu se faire non plus, car tout était déjà écrit à l’avance dans ce projet d’État». Vincent Renault ne cache pas son scepticisme en voyant «toute la publicité» faite autour du parc : «je pense qu’on nous vend un peu trop de rêves… Personnellement, j’ai bien du mal à croire que nous allons recevoir des milliers de touristes. À lire le journal local ou à entendre certaines personnes, la sortie d’autoroute de Semoutiers va bientôt bouchonner… Soyons sérieux : si autant d’emplois que ceux qui sont annoncés sont créés, ce sera bien, mais j’ai vraiment du mal à le croire».
Vincent Renault attend désormais la constitution du conseil d’administration du parc : «il sera intéressant de voir qui sera en charge du dossier agricole. Cette personne ou ces personnes seront directement nommées par Paris et la préfecture, nous n’aurons bien évidemment pas notre mot à dire. Nous avons quand même un drôle de projet de territoire… À la fin du mois de décembre se tiendra une assemblée au cours de laquelle sera dissout le GIP. Le conseil d’administration du parc sera alors constitué, nous en saurons davantage à ce moment-là. Il faudra ensuite que les communes adhèrent au Parc : chacune a donné son avis lors des dernières consultations mais cela ne suffit pas. Toutes les communes vont être amenées à prendre position avant les élections communales».