Accès au contenu
Espèces fourragères

Dactyle et fétuque élevée : deux espèces à redécouvrir !

La fétuque élevée et le dactyle sont deux espèces fourragères qui présentent des atouts
pour diversifier un système fourrager mais au niveau national, elles sont sous exploitées.
Par Cyrielle Delisle
Dactyle et fétuque élevée : deux espèces à redécouvrir !
La fétuque élevée dispose désormais d’un feuillage souple plus facile à pâturer.
«Le dactyle et la fétuque élevée sont deux espèces qui ne sont pas assez utilisées, malgré leurs nombreux atouts. Elles souffrent en effet d’une mauvaise image – difficile à pâturer, faible valeur alimentaire… qui aujourd’hui n’est plus vraiment fondée. Or, ces graminées revêtent plusieurs avantages. Elles permettent de sécuriser le système fourrager grâce à leur tolérance à la sécheresse, de faire des stocks rapidement et de façon abondante du fait d’une pousse précoce au printemps et de valoriser l’herbe d’automne grâce à une très bonne repousse après l’été. Bien cultivées, elles sont également très pérennes (10 ans ou plus)», explique Julien Greffier du Gnis. Ces deux plantes offrent aussi un fort potentiel de rendement qui, en conditions non limitantes, peuvent atteindre jusqu’à 15 tonnes de MS/ha.

Une graminée tout terrain
Après 50 ans de sélection, la fétuque élevée dispose désormais d’un feuillage souple plus facile à pâturer. C’est le «4x4 de la graminée. Agronomiquement, c’est une plante parfaite, tolérant tous les types de sols et disposant d’une grande résistance à la submersion», précise Julien Greffier. Grâce à son système racinaire capable de descendre très profondément, la fétuque élevée pousse sous des températures élevées (jusqu’à 30-32 °C) et supporte mieux que d’autres espèces, le piétinement.
La fétuque élevée procure un foin riche en fibres, facile à faner. «C’est une plante très sociable, donc bien adaptée pour être conduite en association ou en mélange. Son point faible reste sa valeur alimentaire (UFL 0,79 contre 0,98 pour un ray-grass anglais à un même stade). Pour l’optimiser, il est nécessaire de récolter la fétuque élevée plus tôt et de ne pas dépasser le stade début épiaison ou tout simplement, de l’associer à une légumineuse.» Enfin, pour améliorer son appétence au pâturage, il est préférable de choisir des variétés à feuilles souples (dominantes sur le marché) et de revenir plus rapidement, pour éviter le durcissement des feuilles.

Dans l’air du temps
Quand il est «cultivé», le dactyle ne pousse pas en touffes. C’est une plante très résistante à la fois à la sécheresse (pousse jusqu’à 35 °C), grâce à une régulation stomatique performante et aux grands froids. «Le dactyle est une plante adaptée au pâturage, car non remontante et résistante au piétinement. C’est d’autre part la graminée la plus riche en protéines, même si sa valeur UF est d’un point inférieur au ray-grass anglais. Par contre, il reste sensible aux excès d’eau et a besoin d’azote pour bien exprimer son potentiel. Il est donc judicieux, voire indispensable de miser sur les associations. Attention toutefois aux associations avec les légumineuses, le dactyle étant assez agressif au fil des années, il convient de choisir une légumineuse qui ne sera pas dominée comme une variété de trèfle blanc agressive, une luzerne… Une petite astuce consiste à regarder dans les fossés s’il est présent. Si c’est le cas, mieux vaut réduire la dose de dactyle dans le mélange», observe Julien Greffier. Pâturé, son appétence diminue sur les cycles longs, un retour, au maximum toutes les trois semaines, est donc conseillé.
A noter que pour profiter pleinement du potentiel de ces deux graminées, il est nécessaire de soigner la préparation du sol et de ne pas les semer trop tard en automne, leur implantation étant lente. De plus, toutes les variétés ne se valent pas, elles sont donc à adapter au contexte de chacun. «Des parcelles en dactyle ou fétuque dans un système fourrager diversifié, peuvent permettre de commencer le pâturage tôt et également d’y mettre les génisses laitières l’été pour ne pas avoir à rouvrir le silo d’ensilage.»