Contre la précarité alimentaire, la solution du glanage

Une surproduction, un client qui fait défaut, des produits qui restent après une récolte mécanisée… Les maraîchers peuvent, dans certaines circonstances, se retrouver avec des légumes qui ne trouvent plus preneur. Pourtant, cette production pourrait être très utile aux structures de solidarité alimentaires qui, tout au long de l'année, distribuent des denrées aux personnes socialement fragilisées. Face à des situations de ce genre qui peuvent se poser dans la région, l'association Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires (Solaal Bourgogne-Franche-Comté) a décidé de mettre sur pied une organisation permettant de collecter ces produits alimentaires, par la voie du glanage. Elle le fait à l'échelle du territoire de la Communauté de communes Auxonne Pontailler Val de Saône, dans l'est de la Côte-d'Or et dans le cadre du Plan alimentaire territorial (PAT) de cette collectivité. 

Réduire les pertes agricoles

« Cette volonté de mettre sur pied des opérations de glanage auprès des producteurs locaux est une des idées qui ont émergé après que nous ayons établi un diagnostic des initiatives solidaires qui existent déjà sur le territoire, et réfléchi à ce que nous pourrions créer en complément, explique Amaëlle Begin-Loisy, coordinatrice régionale de Solaal BFC. Le but est aussi de permettre à tous les acteurs de la solidarité alimentaire de mieux se coordonner. » Ce projet de glanage, destiné à lutter contre la précarité alimentaire en proposant des produits frais, locaux et de qualité, et en réduisant les pertes agricoles, se monte en partenariat avec la Banque alimentaire, le pôle d'économie solidaire Active, le Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam) Le Serpolet, dans le Jura, les épiceries sociales Le P'tit coup de Pouce (Auxonne) et L'Entraide cantonale (Pontailler), l'association de jardins partagés La Hutte du Berger (Athée) et le Secours catholique. Les glanages seront réalisés par les bénévoles de toutes ces associations. « Solaal est la porte d'entrée pour tout producteur qui souhaiterait donner la possibilité de glaner, ajoute Amaëlle Begin-Loisy. Nous contacterons tous nos partenaires associatifs afin de trouver les bénévoles nécessaires au bon déroulement de l'opération. » 

Déduction fiscale

Les produits récupérés dans les champs seront redistribués directement aux associations du territoire. Quant aux producteurs volontaires, ils pourront bénéficier d'une déduction fiscale égale à 60 % du coût de revient de la marchandise collectée. Solaal gère également tout l'administratif et notamment la fourniture de l'attestation fiscale. Quelques producteurs maraîchers de la Communauté de communes Auxonne Pontailler Val de Saône approchés par Solaal BFC ont fait part de leur intérêt pour l'initiative. L'objectif est maintenant d'avoir une vision claire des quantités de produits à glaner. Ces glanages peuvent être mis en place très rapidement : Solaal fait signer au producteur une convention qui encadre l'action. Sur les questions d'assurance, c'est bien l'association qui réalise le glanage qui est responsable de ses glaneurs. « Ces derniers sont d'abord les bénévoles des associations, souligne la coordinatrice régionale de Solaal, mais on peut très bien imaginer un élargissement du panel de glaneurs : par exemple, nous sommes en lien avec la coopérative Dijon Céréales qui souhaite mobiliser certains de ses collaborateurs sur ce projet. » Des opérations de ce type, Solaal BFC en organise déjà depuis mai dans la Nièvre, en partenariat avec une maraîchère de la région de Nevers (Les Jardins de Marigny, chez Mathilde Lafaye, à Sauvigny-les-Bois). Lors de ces glanages, plus de 500 kg de produits ont été collectés (salades, cardes…) Un exemple qui devrait inspirer, en Côte-d'Or et ailleurs en BFC…