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«Conjoncture délicate, tension perceptible …»

Alors que l’érosion marquée des cours des bovins laisse planer des inquiétudes légitimes dans la campagne Nivernaise, la conjoncture céréalière soucie tout autant. Cours en baisse, conditions de récoltes impactant la qualité : La tension sur le terrain est bien réelle.
Par Stéphane Aurousseau
«Conjoncture délicate, tension perceptible …»
Stéphane Aurousseau
Mes chers collègues, la période s’avère difficile pour nous en ce milieu d’été. Dans nos villages et dans nos fermes, l’inquiétude est perceptible. Toutes productions confondues, les signaux envoyés par les marchés, par l’État, …par la météo…suscitent des appréhensions croissantes.

D’un côté, les prix des bovins s’effondrent, tant sur la viande que sur les animaux maigres, et ce, alors qu’aucun des fondamentaux du marché n’aient pu le laisser prévoir. Production stable, consommation stable, niveau d’importation en baisse, pas ou peu de stock… Les acteurs sur ces marchés pourraient bien se trouver plus vite qu’à leur tour exposés à la colère des éleveurs.
Côté grandes cultures, même tonalité. Voici déjà longtemps que les biens pensants de l’agriculture, qu’ils soient ministres ou pas, nous rabattent les oreilles que les céréaliers sont les [I]«nantis de l’agriculture française»[i], que les cours des grains sont durablement orientés à la hausse et que tout légitime une réaffectation des soutiens communautaires au dépend des grandes cultures. Patatras …  Un an plus tard, les propos péremptoires du ministre volent en éclat. Le prix des grains est au plus bas et chute quotidiennement, et certains d’entre nous envisagent de rencontrer leur banquier pour couvrir les besoins en trésorerie.
Et il en est encore pour prétendre que gouverner c’est prévoir !
Face à ce constat, interpellé par les représentants de la FRSEA Bourgogne le 27 juin à Dijon, Stéphane Le Foll rétorque : [I]«ma vision ce sont de petites exploitations très diversifiées. Cette réforme est injuste pour vous, mais c’est comme ça.»[i] Consternant ! Comment peut-on traiter avec une telle brutalité des familles d’agriculteurs dont on a la responsabilité, et qui vont payer chers ces choix dogmatiques ?

Mais pendant que notre ministre ferme les yeux sur l’évidence, les incertitudes pèsent lourd sur les exploitations agricoles. Car, en parallèle de ces facteurs conjoncturels où tantôt le temps sec, tantôt l’excès de pluviométrie jouent au chat et à la souris avec le moral des paysans et avec l’état des cultures, la machine infernale, administrative celle-ci, continue à semer son lot de découragement et d’épuisement :

[G]Toujours pas de lisibilité suffisante sur la PAC[g] alors que d’ores et déjà se prépare dans nos fermes la prochaine campagne de production. DPB, PMTVA, ICHN, transparence … Autant de soutiens cruciaux dans l’équilibre économique de nos entreprises et sur lesquels les éclairages du ministère deviennent urgents. Nous allons devoir nous adapter, encore faudrait-il savoir à quoi.

[G]Une imagination sans bornes en matière de surenchère environnementale :[g] interdiction de traitements phytosanitaires dans certains périmètres, traitements insecticides de nuit, de futures MAE dans le cadre de la PAC au caractère antiéconomique …
Le choix du ministre ce n’est pas la diversification, non ! Le choix du ministre c’est la décroissance, la régression agricole … Dans quelques années, manger français relèvera de l’exception dans une économie mondialisée où l’entêtement à mettre des bâtons dans les roues de la production agricole pèse chaque jour un peu plus sur la compétitivité de nos produits.

[G]Une paperasserie renforcée au fil des mois :[g] Curage de fossés, défrichement, irrigation, installations classées, documents uniques, zones vulnérables… l’accumulation des contraintes administratives pèsent lourd sur notre travail. La faiblesse de nos revenus, l’incapacité dans laquelle nous sommes de déterminer notre prix de vente en fonction de nos charges ne nous permet pas d’assumer correctement ces tâches administratives qui augmentent sans cesse. A ce rythme là beaucoup d’entre nous vont se décourager. Si ce n’était la fourniture des besoins alimentaires du pays qui étaient en jeu, ce serait moins grave…
Il est en conséquence nécessaire que les choses bougent, de gré ou de force ! Et la FDSEA ne se résignera pas à cet état de défaillance politique.

Les prochaines semaines seront, souhaitons le, propices à l’achèvement de nos travaux saisonniers. Et à l’issue de ceux-ci, si la réaction des acteurs de nos filières, des élus de nos territoires et de la puissance publique n’est pas à la hauteur des difficultés, alors le temps de la mobilisation sera venu. Face aux problèmes, nous proposerons des solutions, qui ne seront peut-être pas les meilleures, mais ce seront les nôtres et elles feront bouger les lignes.