Les moissons ont commencé en milieu de semaine dernière
Compliqué... compliqué... compliqué !
Les moissonneuses-batteuses ont commencé à investir les parcelles d’orge, dans la Nièvre, dans le courant de la semaine dernière. Après une année 2015 marquée par la sécheresse, 2016 présente un scénario des plus catastrophiques. Pas une culture pour en rattraper une autre. Tour d’horizon avec Michaël Geloen, de la Chambre d’agriculture.

A une semaine de différence avec l’année 2015, les moissons ont commencé dans la Nièvre en milieu de semaine dernière, autour du 28 ou du 29 juin, selon les secteurs. C’est l’orge qui lance la campagne de récolte mais 2016 s’annonce déjà comme une année catastrophique... Une de plus. Si certains techniciens de coopérative évoquent «la pire année depuis 1977», ce qui est sûr, c’est qu’aucune culture ne tire son épingle du jeu. Les nouvelles sont mauvaises. À la Chambre d’agriculture, Michaël Geloen tire les premiers enseignements sur les orges : «ce n’est bon ni sur les rendements ni sur la qualité. Les informations qui nous remontent font état de rendements allant de 30 à 65 q/ha, avec une moyenne à 50 q/ha mais je connais un agriculteur qui n’a fait que 34 q/ha. Et en qualité, on tourne autour d’une moyenne de 30 à 50% de calibrage, avec des extrêmes très bas, par exemple à moins de 30%, mais aussi des teneurs en protéines de 10 à 15% et des poids spécifiques (PS) entre 50 et 60, ce qu’offre l’avoine habituellement !» Il n’ y a pas à beaucoup chercher pour trouver les raisons de ces revers de fortune : «les conditions climatiques, notamment à la montaison, ont été très mauvaises, avec un temps couvert et pluvieux, qui non seulement n’a pas favorisé le développement des plantes mais a en plus favorisé celui des maladies» relève le conseiller agricole. Il cite des cas de rhynchosporiose dont les symptômes se matérialisent par des tâches sur les feuilles et qui sont directement liés à l’humidité et au froid. «Plus la moisson avance, plus la tendance se confirme, dit-il, notamment par comparaison avec d’autres départements qui sont dans les mêmes ordres de grandeur. Ce n’est pas encourageant pour la suite de la moisson».
Craintes pour les résultats économiques
Au-delà des craintes qui se confirment sur les volumes et la qualité, c’est l’inquiétude pour les prix qui prédomine chez les agriculteurs nivernais. «Nous recevons beaucoup d’appels pessimistes d’exploitants qui éprouvent une grande peur pour leurs résultats économiques et qui craignent l’absence de valorisation de leurs cultures cette année. Après trois ans difficiles, ces récoltes leur assènent encore un coup de massue. Ils espéraient sortir la tête de l’eau et ils s’interrogent : les coopératives disposeront-elles d’assez de qualité pour faire de la bière ? Quels seront les prix de vente ?» pose Michaël Geloen. La crainte du déclassement s’ajoute à la déprime morale d’avoir de si mauvais chiffres. D’autant plus que les orges ne sont pas une exception : toutes les cultures sont «compliquées, compliquées, compliquées», cette année. En blé, «l’état sanitaire n’est guère mieux. L’humidité de fin de cycle a facilité les attaques de septoriose et de fusariose, alors que les interventions fongiques étaient quasiment impossibles à la floraison, du fait des intempéries. À ce jour (ndlr : 5 juillet), si les conditions météo que nous connaissons en ce moment se maintiennent, avec des températures à 25 ou 26°, peut-être que nous rattraperons un peu le retard, mais s’il y a encore de l’eau, on peut tout aussi bien perdre 10 jours d’un coup avant la moisson !» Et sur la qualité, le technicien n’est pas plus optimiste : «les parcelles fusariées aggravent la situation et l’on trouve aussi du piétin échaudage par endroits». Le champignon a fait blanchir les épis et les racines sont nécrosées. Et en plus, il y a un nombre non négligeable de parcelles versées, plutôt localement, mais là où la verse a fait son œuvre, «c’est encore plus problématique». «Les agriculteurs n’ont déjà pas de perspectives sur les prix mais en plus ils voient leurs cultures par terre : cela n’aide pas à la sérénité durant les moissons» admet Michaël Geloen. «Si les hypothèses de récolte correcte d’il y a deux mois laissaient supposer des situations économiques tendues, là, de nombreux agriculteurs se demandent comment ils vont passer l’année !»
Colza, pois, maïs et tournesol: compliqué aussi...
Et comme il n’y a pas une nouvelle pour en rattraper une autre, le colza aussi s’annonce compliqué. Normalement, il est récolté un peu avant le blé ou simultanément en alternance avec lui, d’une parcelle à l’autre... «D’habitude, c’est déjà difficile de prévoir à l’avance mais là c’est encore plus compliqué. On commence à voir des ronds qui blanchissent du fait de la présence de sclérotinia». C’est un échaudage de la plante. «On doit encore attendre quelques jours pour avoir une idée de l’impact sur les rendements et la qualité mais c’est aussi un scénario catastrophe» indique le conseiller de la chambre. Et les pois d’hiver ne s’annoncent pas mieux, «avec une forte présence de bactériose qui a remis en cause la majorité des pois. La bactérie a créé des nécroses qui ont desséché les plantes. Les potentiels, pour les pois d’hiver qui l’ont évitée, vont de 5 à 10 q/ha !» C’est-à-dire quasiment rien... Sans parler des cas de germination sur pied... Selon Michaël, «le contexte climatique de 2016 va peser sur les emblavements en pois d’hiver à l’automne 2016». Les agriculteurs auront-ils envie de ressemer du pois à l’automne ? Quant au maïs, les variétés précoces «sont jolies mais en retard et tout dépend des conditions météo jusqu’à la récolte. Et à cause de la forte pression des limaces, des pieds de tournesol ont été détruits et ont dû être resemés». 2016 sera donc une nouvelle année à marquer d’une pierre noire.
Craintes pour les résultats économiques
Au-delà des craintes qui se confirment sur les volumes et la qualité, c’est l’inquiétude pour les prix qui prédomine chez les agriculteurs nivernais. «Nous recevons beaucoup d’appels pessimistes d’exploitants qui éprouvent une grande peur pour leurs résultats économiques et qui craignent l’absence de valorisation de leurs cultures cette année. Après trois ans difficiles, ces récoltes leur assènent encore un coup de massue. Ils espéraient sortir la tête de l’eau et ils s’interrogent : les coopératives disposeront-elles d’assez de qualité pour faire de la bière ? Quels seront les prix de vente ?» pose Michaël Geloen. La crainte du déclassement s’ajoute à la déprime morale d’avoir de si mauvais chiffres. D’autant plus que les orges ne sont pas une exception : toutes les cultures sont «compliquées, compliquées, compliquées», cette année. En blé, «l’état sanitaire n’est guère mieux. L’humidité de fin de cycle a facilité les attaques de septoriose et de fusariose, alors que les interventions fongiques étaient quasiment impossibles à la floraison, du fait des intempéries. À ce jour (ndlr : 5 juillet), si les conditions météo que nous connaissons en ce moment se maintiennent, avec des températures à 25 ou 26°, peut-être que nous rattraperons un peu le retard, mais s’il y a encore de l’eau, on peut tout aussi bien perdre 10 jours d’un coup avant la moisson !» Et sur la qualité, le technicien n’est pas plus optimiste : «les parcelles fusariées aggravent la situation et l’on trouve aussi du piétin échaudage par endroits». Le champignon a fait blanchir les épis et les racines sont nécrosées. Et en plus, il y a un nombre non négligeable de parcelles versées, plutôt localement, mais là où la verse a fait son œuvre, «c’est encore plus problématique». «Les agriculteurs n’ont déjà pas de perspectives sur les prix mais en plus ils voient leurs cultures par terre : cela n’aide pas à la sérénité durant les moissons» admet Michaël Geloen. «Si les hypothèses de récolte correcte d’il y a deux mois laissaient supposer des situations économiques tendues, là, de nombreux agriculteurs se demandent comment ils vont passer l’année !»
Colza, pois, maïs et tournesol: compliqué aussi...
Et comme il n’y a pas une nouvelle pour en rattraper une autre, le colza aussi s’annonce compliqué. Normalement, il est récolté un peu avant le blé ou simultanément en alternance avec lui, d’une parcelle à l’autre... «D’habitude, c’est déjà difficile de prévoir à l’avance mais là c’est encore plus compliqué. On commence à voir des ronds qui blanchissent du fait de la présence de sclérotinia». C’est un échaudage de la plante. «On doit encore attendre quelques jours pour avoir une idée de l’impact sur les rendements et la qualité mais c’est aussi un scénario catastrophe» indique le conseiller de la chambre. Et les pois d’hiver ne s’annoncent pas mieux, «avec une forte présence de bactériose qui a remis en cause la majorité des pois. La bactérie a créé des nécroses qui ont desséché les plantes. Les potentiels, pour les pois d’hiver qui l’ont évitée, vont de 5 à 10 q/ha !» C’est-à-dire quasiment rien... Sans parler des cas de germination sur pied... Selon Michaël, «le contexte climatique de 2016 va peser sur les emblavements en pois d’hiver à l’automne 2016». Les agriculteurs auront-ils envie de ressemer du pois à l’automne ? Quant au maïs, les variétés précoces «sont jolies mais en retard et tout dépend des conditions météo jusqu’à la récolte. Et à cause de la forte pression des limaces, des pieds de tournesol ont été détruits et ont dû être resemés». 2016 sera donc une nouvelle année à marquer d’une pierre noire.