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Cuma Yonne

Comment faire face aux impayés ?

Comment anticiper ou gérer les impayés des adhérents, pour ne pas mettre en péril le fonctionnement des Cuma et en briser la dynamique de groupe  ? Un thème retenu par l’Antenne Yonne pour une matinée d’échanges à l’attention de responsables de Cuma départementales.
Par Dominique Bernerd
Comment faire face aux impayés ?
De gauche à droite  : Walter Huré, Président de la fédération Cuma Yonne, Flora Chapotin, animatrice, Cyrille Fournier, Conseiller d’entreprise à la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
Jusqu’où aller dans le dialogue pour éviter une procédure judiciaire face à des adhérents en retard de paiement de leurs factures  ? Comment définir une stratégie tout en respectant une politique équitable pour tous ? Peut-on aller jusqu’à la suspension d’utilisation du matériel ? Jusqu’à l’exclusion de l’adhérent? Autant de sujets évoqués lors de cette réunion d’échanges avec des présidents ou des trésoriers de Cuma du département, dont certains sont déjà confrontés à la problématique qui n’a fait que s’aggraver suite à la crise traversée par l’agriculture en 2016. Le président des Cuma de l’Yonne, Walter Huré, le reconnait  : «il y a l’aspect financier bien sûr, mais il faut aussi une approche humaine au problème et réussir à repérer en amont les personnes les plus fragiles, pour qui ce n’est plus seulement un problème de paiement». Un avis partagé par ce président d’une Cuma de Puisaye Forterre  : «attention dans le contexte que l’on vit, à ne pas culpabiliser l’agriculteur. Il faut savoir faire la part des choses et ne pas oublier le contexte car si on tape sur le gars, on ne sait jamais jusqu’où ça peut aller».

Avec la question en filigrane du rôle que doit jouer un président ou trésorier, en cas d’impayés, car si la Cuma permet d’investir à plusieurs en limitant les coûts et les charges, elle forge également un esprit de groupe pouvant être mis à mal par des prises de positions radicales. Ne pouvant non plus jouer ad aeternam le rôle de banquier, au risque de fragiliser toute la structure pour sauver une personne.

Ne pas culpabiliser
Le rôle d’un président a évolué, comme l’a rappelé Flora Chapotin, animatrice à la fédération des Cuma Yonne  : «en plus de sécuriser la santé financière de sa Cuma et l’esprit collectif, son rôle est aussi désormais, d’orienter les exploitants en difficulté vers des organismes susceptibles de les accompagner et trouver une solution». Conseiller d’entreprise au dispositif Réagir 89, Cyrille Fournier a pour sa part insisté sur l’importance à ne pas culpabiliser une personne vis-à-vis d’un groupe et à tenir un discours fédérateur  : «il y a une facture impayée, j’ai un souci en tant que responsable, trouvons une solution ensemble».

Mais le dialogue parfois ne suffit pas et il est important en ce cas, de formaliser les choses, ne serait-ce que par respect d’équité entre tous et montrer aux autres adhérents que le président cherche à sécuriser l’outil de travail. Important également, de bien définir les statuts, rappelle Flora Chapotin : «à commencer par la politique d’intervention  : à partir de quand ? Qui intervient  ? D’où la nécessite de travailler en binôme pour ne pas laisser le mauvais rôle au trésorier». Ce conseil, dans le cas où le remboursement de tout ou partie de la dette se ferait à partir du capital social de l’adhérent  : «ne jamais le faire directement, mais toujours après avoir signé une convention de compensation».
Anticiper, dialoguer, agir, sanctionner… L’approche des actions à mener est parfois difficile pour un président de Cuma, ce qui n’a pas échappé à l’un d’entre eux, présent dans la salle  : «comment avec tout ça, ne pas faire peur à ceux qui nous succéderont demain  ? Comment même allons-nous les recruter ?»