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Montbard

Colza ou pas colza ?

Jean-Luc Gerbron a terminé ses moissons la semaine dernière à Benoisey. L’agriculteur évoque la prochaine campagne et ses hypothétiques semis de colza.
Par AG
Colza ou pas colza ?
L’exploitant de 35 ans surveille la météo pour prendre sa décision.
Seulement deux hectares récoltés cette année, avec un très maigre rendement de 10 q/ha : la récolte de colza de Jean-Luc Gerbron ne restera pas dans les annales, lui qui en cultive habituellement une quarantaine d’hectares avec des bennes bien plus garnies. « La culture n’a quasiment pas levé à cause de la sécheresse, comme un peu partout ici », rappelle l’agriculteur côte-d’orien, « j’ai gardé le peu de pieds qui avaient réussi à se développer, sans y faire le moindre frais. Le sec et ensuite les altises n’ont rien pardonné. Je n’avais pas désherbé toutes les terres, j’ai donc pu repartir avec de l’avoine, de l’orge et du pois de printemps sur les autres hectares ». Jean-Luc Gerbron va prendre, sous peu, sa décision de se relancer ou non dans cette crucifère : « tout dépend du temps, si aucune précipitation n’est annoncée, ce ne sera pas la peine. Nous avançons constamment la date des semis, mais s’il pleut fin août, je sèmerai fin août. Ce n’est vraiment pas facile dans cette culture, même en dehors du champ : certains exploitants qui avaient gardé leur colza rencontrent aujourd’hui des problèmes avec leur assurance. On leur avait dit de ne pas retourner leurs parcelles car le nombre de pieds était parfois suffisant. Une fois revenus sur place, les assureurs n’ont pas voulu indemniser les cultures, ravagées par les insectes, car la faute du climat, selon eux, n’est pas avérée. Dans tous les cas, réaliser 15 q/ha avec six ou sept insecticides est tout sauf rentable ».

Des prix en baisse
Jean-Luc Gerbron travaille sur 320 ha dont près de la moitié est en grandes cultures. Le Côte-d’orien, qui possède également un atelier bovin comptant 140 vaches charolaises, se lance dans un résumé de ses autres récoltes : « L’herbe est de qualité, mais il manque de la quantité. La récolte a été hétérogène, j’ai sorti moins de 5 t/ha par endroits. J’ai été contraint d’acheter de l’herbe sur pied pour combler cette perte de production estimée à 15 % par rapport à une année normale ». La paille est relativement abondante mais Jean-Luc Gerbron en a tout de même acheté sur 80 ha, au lieu de 50 ha habituellement : « j’ai le colza en moins cette année. Aussi, je préfère voir large au vu des conditions climatiques ». Concernant les graines, la moisson d’orge d’hiver, sur une surface de 45 ha, a terminé sur des rendements de 55 q/ha dans la variété Esterel, entre 50 et 55 q/ha pour Touareg et 60 q/ha en Salamandre. Le calibrage, décevant, n’atteint que 82 et hypothétique le passage en brasserie. L’adhérent de Dijon Céréales a poursuivi la moisson avec ses pois de printemps et un rendement de 33 q/ha sur 15 ha : « c’est assez décevant là aussi, il faut généralement 40 q/ha pour que cette production soit intéressante ». Ses 50 ha de blé terminent aux environs de
60 q/ha dans les variétés Compil, Goncourt, Rubisco et Amstrong, avec de bonnes protéines allant de 12,5 à 14. « Je craignais que cela soit pire avec l’échaudage », confie l’exploitant, qui enregistre ses plus bas rendements (50 q/ha) dans son blé sur blé : « j’avais été contraint d’en faire l’an passé suite à des problèmes de repousses. Je ne suis pas le seul dans ce cas, il manque généralement 10 q/ha dans ces champs-là. Le problème qui se pose désormais avec le blé est son prix. Les cours sont décevants. Il y a un an, j’avais réussi à en vendre 180 voire 190 euros la tonne. Nous sommes plus proches des 155 euros aujourd’hui ». L’avoine de printemps et le triticale terminent respectivement à 35 et 50 q/ha.

Des inquiétudes

Jean-Luc Gerbron s’interroge sur ses futures têtes d’assolement, dans le cas où il ne repartirait pas en colza : « je fais déjà un peu de luzerne, c’est une piste à creuser. Il y a aussi le tournesol et peut-être le soja dans les meilleures terres, même si cela reste risqué d’en faire par ici. Il y a également l’avoine et le pois, je verrai en temps voulu ». L’inquiétude du moment est aussi liée au temps très sec qui ne cesse de perdurer : « nous sortons tout juste d’une sécheresse qu’une autre commence… Celle-ci est d’autant plus problématique que, contrairement à l’an passé, les nappes n’avaient pas pu se recharger… Il n’est pas facile de s’adapter, il va falloir se pencher pour de bon sur la question des réserves d’eau en hiver ». Délégué syndical FDSEA de son canton, Jean-Luc Gerbron s’interroge aussi sur les importants dégâts de gibier dans son secteur : « les sangliers vont partout. Il n’y a pas un pré où il n’y a pas un coup de nez. Dans les champs, mettre du blé barbu ne sert même plus à rien, cela devient très difficile de travailler. Quand je vois ce que l’on m’a indemnisé cette année, c’est une honte, j’espère que la situation va s’améliorer dans les mois à venir ».