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Syndicalisme

Christiane Lambert à la rencontre des adhérents

La présidente de la FNSEA Christiane Lambert était en visite dans le département vendredi 7 et samedi 8 décembre. Un programme chargé qui lui a permis de recueillir les problématiques nivernaises du moment. Sa venue s’inscrit aussi dans le cadre de la campagne aux élections à la Chambre d’agriculture. Retour sur ces deux journées syndicales intenses.
Par Théophile Mercier
Christiane Lambert à la rencontre des adhérents
De gauche à droite : Cédric Bernier, président des JA 58, Stéphane Aurousseau, président de la FDSEA 58 et Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
« Ne nous laissons plus faire, relevons la tête »
Le meeting syndical organisé sur l’exploitation des Blandin à Saint Péreuse a été le point d’orgue de la visite de Christiane Lambert dans la Nièvre. Juchée sur une botte de paille et micro en main, la présidente de la FNSEA a déroulé les avancées syndicales obtenues ces derniers jours. Une centaine de personnes avait fait le déplacement pour l’occasion.
L’intervention a débuté par ce qui fait l’actualité brûlante du moment, la mobilisation des gilets jaunes. Christiane Lambert a coupé court d’entrée à toute rumeur de ralliement. « Dans l’agriculture nous avons des organisations reconnues avec des représentants désignés. Lorsqu’on appelle à la mobilisation nous fixons à l’avance une heure de début et de fin. C’est la raison pour laquelle, la FNSEA n’ira pas manifester aux côtés des gilets jaunes. Nous préférons aller à la rencontre de nos parlementaires. C’est un triste spectacle que nous voyons là. Certains voulaient imaginer une démocratie directe qui témoigne d’elle-même qu’elle ne marche pas. Mais si le gouvernement continue à contourner les syndicats, il s’expose à des lendemains difficiles. Il nous faut plus de reconnaissance de sa part, et non plus être considérés comme des ralentisseurs de réformes. Le syndicalisme est là aussi pour accompagner ceux qui foncent mais ceux aussi qui décrochent. Qui mieux que le syndicalisme et les services de la Chambre d’agriculture pour accompagner tous ces publics ? J’ai dit au Président de la République lors de ma première rencontre à l’Élysée, vous ne pourrez pas transformer l’agriculture sans vous appuyer sur les corps intermédiaires. Il a préféré y aller en direct et malheureusement aujourd’hui nous sommes en panne le pied sur le frein ».

« La pression va porter ses fruits »
C’est l’un des sujets le plus développé par Christiane Lambert, la loi Agriculture et Alimentation (Égalim). Cette dernière a été adoptée en octobre dernier, mais il restait encore à faire valider les ordonnances pour que cette loi puisse entrer en vigueur.
Ces derniers jours la FNSEA a mis la pression au gouvernement car ce dernier avait l’intention de reporter l’adoption des ordonnances en raison de la mobilisation des gilets jaune. « J’entends parfaitement les revendications portées, mais pourquoi faudrait-il encore une fois que l’on baisse la garde sur les prix ? Nous ne sommes pas d’accord ! Depuis deux ans nous portons à la FNSEA/JA la construction du prix en marche avant. Il faut donc que la loi Égalim s’applique » estime la présidente de la FNSEA avant de poursuivre sur les bénéfices de cette loi. « L’agriculture est challengée. Les Français expriment de nouvelles attentes qui nous bousculent. Ces dernières sont des opportunités de marché si nous savons les saisir. C’est rassurant de voir que les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour la qualité. L’exemple de “ C’est qui le patron ” en est la parfaite illustration. La référence producteur est devenue 0,39 €, et référence rayon 0,99 €. Si les Français achètent plus de bio et plus de signes de qualité nous devons être capables d’y répondre. À condition que les prix viennent en retour, car oui plus vert, c’est plus cher, mais on ne peut pas faire plus vert lorsqu’on est dans le rouge ! Désormais nous avons obtenu que les ordonnances qui encadrent le seuil de revente à perte soient signées et opérationnelles au 1er janvier 2019 ».

« La transition écologique nous coûte ! »
L’écologie est un des sujets majeurs de notre société et la FNSEA souhaite s’y engager également. Mais pour Christiane Lambert cette transformation se fait à marche forcée, encore une fois au détriment de l’agriculteur. « Savez-vous que la taxe sur la pollution diffuse nous coûte chaque année 140 millions d’euros. Il est d’ailleurs prévu une augmentation de cette redevance de 50 millions d’euros. Nous sommes une nouvelle fois pénalisés ».
Pour la présidente, toutes ces discussions ont débouché sur des avancées syndicales fortes. « Nous avons obtenu une épargne de précaution pour les agriculteurs. C’est la possibilité d’optimiser fiscalement lorsque tout va bien, sans cotisations et sans impôts. Vous avez donc la possibilité de mettre de l’argent de côté mais aussi un stock fourrager ou du vin dans la limite de 40 000 euros par an». Autre avancé, c’est la détaxation du GNR, le carburant agricole. « Nous avons obtenu aussi récemment l’interdiction d’importation d’animaux ou végétaux qui ne respectent pas les mêmes règles de production que nos standards européens. Très bien, c’est signé, mais on commence quand ? Enfin, je signale que nous avons mené une expertise juridique sur la publication de l’ONG Greenpeace concernant les fermes soi-disant usines. Nous souhaitons voir si cette carte a bien respecté la nouvelle réglementation de la RGPD sur la protection des données personnelles ». D’autres organisations syndicales ont par ailleurs soutenu l’initiative de l’ONG. « Avançons ensemble, les pieds sur terre et la victoire sera au bout en rouge et vert ! » a conclu Christiane Lambert sous les applaudissements.