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Grands Jours de Bourgogne

Chablis ou les «Portes d’Or» de la Bourgogne

Acheteurs et prescripteurs du monde entier, se pressent tous les deux ans, à la découverte cinq jours durant, du vignoble bourguignon, au fil d’un parcours les conduisant de Chablis à la Côte Chalonnaise, en passant par Beaune et la Côte de Nuits.
Par Dominique Bernerd
Chablis ou les «Portes d’Or» de la  Bourgogne
Venus du Québec, Sylvain Labbé et Murray Couture partagent la même passion pour les vins de Bourgogne.
Evènement bisannuel, exclusivement réservé aux professionnels, les «Grands Jours de Bourgogne» réunissent tous les deux ans, fin mars, un public d’acheteurs venu du monde entier. Qu’ils soient cavistes, courtiers, prescripteurs, importateurs, restaurateurs ou sommeliers, tous se pressent pour parcourir cinq jours durant le vignoble bourguignon, en quête de nouveaux millésimes et découvertes prometteuses. Une formule offrant aux participants, la possibilité de découvrir plus de 10 000 vins différents et rencontrer plus d’un millier de vignerons bourguignons au fil des étapes. L’occasion aussi, d’une vitrine exceptionnelle pour un vignoble qui «pèse» aujourd’hui 1,48 milliard € de chiffre d’affaires, avec des vins vendus pour près de la moitié à l’export. Comme de tradition, c’est à Chablis, «Portes d’Or» de la Bourgogne, qu’a débuté le 12 mars dernier ce voyage initiatique à travers la région. L’occasion d’y découvrir, outre les «trésors» du chablisien, la palette des différentes appellations du Grand Auxerrois. Avec cette année encore, parmi les visiteurs, plus d’une cinquantaine de pays représentés, dont une délégation importante venue de Chine et autres pays d’Asie. Une «mondialisation» qui, en dépit de crus prestigieux, ne doit pas faire oublier combien la concurrence est rude pour la Bourgogne viticole, dont les 1,34 million d’hectolitres produits et les 183 millions de bouteilles commercialisées chaque année, ne représentent guère plus que 0,4% de toute la production mondiale.

Une obligation d’y être…
Viticulteur à Serrigny, dans le Tonnerrois, Raphaël Masson en est à sa cinquième participation et si le retour commercial n’est pas toujours au rendez-vous, il sait reconnaitre l’importance de l’évènement : «c’est même une obligation d’y être, car une belle promo de toutes les appellations du département, notamment pour les vins du Tonnerrois, dont la notoriété, en dehors des Bourgogne Epineuil, reste à développer». La concurrence est rude en ce début de matinée pour le vigneron de Serrigny, les visiteurs se pressant en priorité vers les «grosses pointures» du chablisien. Raphaël Masson n’en perd pas pour autant le sourire : «c’est difficile de sortir du lot, car on est quand même 150 réunis ici, mais de toute façon, compte tenu des marchés que j’ai eu en début d’années, je n’ai déjà plus grand chose à vendre dans l’immédiat». Bientôt 14 heures et du côté de l’appellation Coulanges-la-Vineuse, Jean-Luc Houblin se félicité des rencontres de la matinée : «les gens vont voir en priorité les incontournables et ensuite, traînent à travers les stands en prenant leur temps. Nous ne sommes pas l’attraction, mais malgré tout, parvenons à tirer notre épingle du jeu, surprenant même certains acheteurs». Un brésilien, un japonais, un ancien courtier perdu de vue… «Je crois que l’on va retravailler ensemble, mais de toute façon, avec ou sans suite économique, l’essentiel est d’être là».

«Les blancs, y sont pas pire»
Parmi les propos entendus au fil des allées, quelques inquiétudes concernant le marché américain: certains négociants craignant que la politique menée par le président Trump ne viennent pénaliser les vins bourguignons, du fait de taxes supplémentaires. Venus pour leur part du Québec, Sylvain Labbé et Murray Couture sont des habitués des ces Grands Jours. Sylvain pouvant même relever du guiness book des records, avec pas moins de huit participations au compteur! Un amoureux de whiskys aux goûts éclectiques : «Je représente l’industrie du bois, mon vrai travail ! Le second, c’est le plaisir du vin». Murray son compère et complice en dégustations partage la même passion. Restaurateur à Québec, il est présent aussi pour la semaine, même s’il confesse volontiers ne pas avoir beaucoup de vins de Bourgogne sur sa carte: «ça revient trop cher chez nous, une fois rendus sur table». Qu’à cela ne tienne ! Le plaisir n’attend pas et si les rouges de l’Yonne dégustés jusque là n’ont pas remporté tous ses suffrages, Murray a d’autres couleurs en réserve : «moi, j’m’en retourne aux blancs ! Y sont pas pire!».