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Syndicalisme

«Ceux qui nourrissent le pays ont droit à un salaire digne»

A quelques jours de la manifestation organisée par la FDSEA et les JA de la Nièvre, Stéphane Aurousseau, président de la FDSEA 58, livre les motifs de la «surdose» paysanne. 

Par S.L
«Ceux qui nourrissent le pays ont droit  à un salaire digne»
Stéphane Aurousseau : «Ceux qui nourrissent le pays ont droit à un salaire digne ! Tant que les conditions de rémunération des agriculteurs ne seront pas réunis par l’Etat, la pression ne retombera pas.»

Quelle est l’ambiance sur le terrain en ce moment ?

S.A : L’ambiance est celle d’une profession qui cette année n’aura pas de salaire mais qui en parallèle voit ses pratiques constamment remises en question par la réglementation, les contraintes et les contrôles. La pression réglementaire est désormais insoutenable et le projet d’extension de la zone vulnérable est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Certains paysans sont aujourd’hui tellement excédés qu’ils sont prêts à renoncer à la conformité réglementaire malgré les risques encourus. 

Chaque semaine amène son lot de contraintes nouvelles sans pour autant qu’elles soient génératrices de revenus et cela n’est plus supportable. Il y a un moment où il faudra que les gens gagnent leur vie, et si cela doit se faire au détriment de la
réglementation, certains paraissent prêts à trancher en ce sens. 

Manifestement, il ne faut pas grand-chose pour mettre le feu aux poudres … On entend ci et là le terrain qui gronde sérieusement.

Sur le terrain, les agriculteurs attendent que le syndicalisme joue son rôle et les paysans souhaitent que nous passions à l’action. Après les actions engagées auprès de la grande distribution et l’envoi à la préfète d’un courrier demandant la suspension des contrôles, la suite logique c’est la manifestation. Il y a un trop plein dans les campagnes qui doit s’exprimer. L’Etat est ciblé mais nous interpellons également les politiques car ceux-ci ne voient l’agriculture que sous l’angle du paysage, de l’eau et de la faune sauvage, point de vue que nous ne partageons pas. Nous sommes des chefs d’entreprise et notre finalité c’est de dégager du résultat pour faire vivre nos familles et nos territoires ruraux. Aujourd’hui, les grandes cultures travaillent à perte depuis deux campagnes, l’élevage a une rentabilité minime depuis 7 ans et ce n’est plus supportable. Il nous faut des engagements politiques concrets sans quoi le bouchon de la marmite va sauter, c’est vrai.

 

Quels objectifs pour la tenue de l’action syndicale du 15 octobre ?

Le message c’est l’interruption de tous les contrôles dans les fermes jusqu’à retour à meilleure fortune de nos entreprises agricoles. Si l’on est pas capable d’assurer un salaire décent à ceux qui chaque matin se lèvent pour donner au pays sa nourriture, que l’on ait au moins la décence de leur épargner l’angoisse des contrôles Nous allons aussi alerter l’état et les collectivités locales sur la dégradation de la conjoncture économique avec des résultats qui seront négatifs dans bon nombre d’exploitations  en 2014, situation face à laquelle l’Etat, le conseil général et le Conseil régional sont aujourd’hui particulièrement passifs. Ce n’est plus tolérable, les élus doivent nous dire quelle est leur vision de l’avenir de nos fermes et c’est en substance le message que nous ferons passer le 15. Cette action est une première étape. Nous poserons les demandes le 15 octobre et nous irons chercher les réponses le 5 novembre dans le cadre de l’appel à mobilisation qui sera lancé par la FNSEA. La campagne est lasse de l’incompétence avec laquelle les gouvernements successifs s’attachent à alimenter la vindicte populaire sur les pratiques agricoles et à constamment remettre en cause notre métier. Il faut désormais que le message passe..