Accès au contenu
Coopératives

Cerepy de nouveau à l’heure chinoise

Après une première visite au printemps dernier, la coopérative Cerepy a de nouveau accueilli une délégation de représentants chinois, parmi lesquels, le directeur général adjoint du Centre de Commerce Agricole du Ministère de l’Agriculture, M. Song Juguo

Par Dominique Bernerd
Cerepy de nouveau à l’heure chinoise
Quand les vins de Chablis, à l’heure des échanges de cadeaux, jouent le rôle d’ambassadeur de tout un département…

De par son site Internet et sa présence sur les réseaux sociaux, la coopérative Cerepy de Saint-Julien-du-Sault est aujourd’hui bien référencée dans certains pays étrangers, notamment la Chine. Pour preuve cette double visite en quelques mois, de représentants chinois, venus s’enquérir sur les spécificités du modèle coopératif et les possibilités de le transposer à l’échelle d’un continent.

 

Cette fois-ci, la délégation était composée majoritairement de représentants du ministère de l’Agriculture et d’Industries de transformation, soucieux de concrétiser des échanges commerciaux et trouver des sources de matières premières, comme l’explique Germain Bour, directeur de la coopérative : «la Chine connaît une croissance importante et continue depuis une dizaine d’années et si elle représente aujourd’hui 23% de la population mon-diale, elle ne possède que 7% de terres cultivées et la problématique majeure du pays est de trouver les ressources alimentaires suffisantes pour nourrir l’ensemble de sa population…» Le problème est d’autant plus important que le pays doit conjuguer avec des difficultés de ressources en eau dans certaines régions et une récurrence de plus en plus grande de phénomènes climatiques dévastateurs.

La sécurité alimentaire au cœur des entretiens

Parmi les sujets que la délégation a souhaité explorer : l’organisation et le fonctionnement d’une coopérative, l’accompagnement des adhérents en terme de services techniques et de services, ainsi que la sécurité alimentaire, au travers de la traçabilité. Un thème particulièrement sensible aux yeux de la population depuis notamment le scandale du «lait à la mélamine» : «ils nous ont posé pas mal de questions sur nos certifications, comment on gérait le risque bactériologique, les risques de maladie, les résidus chimiques, les corps étrangers, comment se pratiquent les audits… Il est évident que le sujet les préoccupe et qu’aujourd’hui, il leur est particulièrement impor-tant de se prémunir de tout risque potentiel». La délégation s’est montrée également intéressée par la manière dont la coopérative communique avec ses adhérents, particulièrement via les réseaux sociaux comme tweeter, avec le «Club Marché». Un type de communication encore inconnu dans le pays.

L’avenir dira si ce type de relations et de visites amicales permettra de déboucher un jour sur une collaboration pérenne au travers d’échanges économiques. Cerepy se dit prêt à relever le défi: «de par notre adhésion à Cere-via, nous disposons aujourd’hui d’une double porte d’entrée dans le pays pour nos orges de brasserie, que ce soit par le biais du site des Tellines à Fos sur Mer, ou du chargement containers de la plateforme Capserval à Gron…» Pour l’heure, les instances de la coopérative ont été invitées à participer à un salon international dédié à l’agroalimentaire, devant se dérouler en octobre prochain dans la province de Shandong.

Interview

Directeur général adjoint du Centre du Commerce Agricole rattaché au ministère de l’Agriculture, M. Song Juguo conduisait la délégation en visite à Cerepy le 1er septembre dernier.

TdB : Un modèle de coopérative comme Cerepy existe t-il aujourd’hui en Chine ?

M. Song Juguo : «En fait ce type de coopératives, même s’il s’est bien développé ces dernières années, est encore pour nous relativement récent. Pour l’instant, elles n’ont pas beaucoup de fonctions ni réellement de pouvoirs. Notamment dans le domaine des conseils techniques, qui relèvent plutôt de chaque gouvernement local, où un bureau s’occupe de la promotion des nouvelles techniques…»

La consommation de viande par habitant en augmentation constante, influe-t-elle sur vos importations ?

«Du fait de sa population immense, notre pays a établi une ligne rouge pour l’alimentation humaine à ne pas franchir, concernant nos trois sources principales que sont le maïs, le blé et le riz. En deçà d’un certain volume de productions, c’est toute la stratégie du pays qui serait menacée. Mécaniquement, du fait d’une alimentation de plus en plus carnée, nos besoins en la matière seront demain encore plus importants. En même temps, nous importons déjà beaucoup de colza pour la production d’huile et les résidus peuvent servir d’aliments pour le bétail, comme par exemple avec les tourteaux…»

 

La France est-elle pour la Chine un partenaire majeur en matière d’exportation de céréales ou oléagineux ?

«Nous n’avons pas de préférence en la matière. En fait, notre stratégie politique nous conduit à diversifier les différents pays auxquels nous faisons appel. Comme vous dites chez vous, « il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier… ! » En fait, notre choix est surtout régi par la loi des marchés…»

 

Quel est le rendement moyen de blé à l’ha en Chine ?

«En Chine, l’unité de surface est le «Mou», qui représente environ 1 quinzième d’ha et notre production moyenne est de 400 kg de blé par Mou».

 

Le développement des villes est-il un frein pour l’agriculture chinoise ?

«Comme je l’évoquais tout à l’heure, nous avons une ligne rouge à ne pas franchir pour assurer notre sécurité alimentaire, ce qui se traduit par le maintien absolu d’une surface cultivable estimée à 1,8 milliard de Mous (ndlr : 120 millions d’ha) Ce qui signifie pour chaque région, l’obligation pour développer son urbanisme, de compenser la surface occupée, par la création de nouvelles terres agricoles…»