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Moisson

« Ce fut expéditif »

Cyril Cherreau, exploitant à La Petite Brosse (Donzy) a terminé ses moissons de blé, orge (printemps et hiver) et colza en 13 jours. Un élément inédit annonciateur de changement.

Par Chloé Monget
« Ce fut expéditif »
Cyril Cherreau, exploitant à La Petite Brosse (Donzy) a terminé sa récolte de blé, orge (printemps et hiver), colza et trèfle incarnat porte-graines au 3 juillet.

Installé à la Petite Brosse à Donzy, Cyril Cherreau est à la tête de 306 ha, dont : 105 ha de blé, 17 ha d'orge de printemps, 80 ha d'orge d'hiver (les deux semées à l'automne), 43 ha de colza, 20 ha de tournesol (non irrigué), 12 ha de trèfle incarnat porte-graines et 12,5 ha de luzerne porte-graines. Si cette dernière reste encore à récolter, comme le tournesol (d'ailleurs grêlé dans la semaine du 25 juillet), pour le reste, il explique que « les qualités sont bonnes, même s'il manque un peu de protéines ». En ce qui concerne les volumes, « le blé a donné 72 quintaux (avec un PH excellent), 39 quintaux pour le colza et 75 quintaux pour les deux types d'orge. J'ai terminé la récolte du blé, des orges, du colza au 3 juillet, en 13 jours de travail, ce fut expéditif ! ». Si pour lui ce laps de temps est assez exceptionnel, il précise avoir arrêté entre 13 heures à 20 heures « afin d'éviter les grosses chaleurs ».

Une nouvelle ère

Il poursuit sur ce point : « Lorsque j'ai travaillé aux États-Unis, j'ai été témoin de feux de machine, et dire que c'est impressionnant est un euphémisme. De ce fait, et afin de préserver les machines et surtout le personnel, j'évite de travailler durant les pics de chaleur afin de minimiser au maximum les risques même si je ne suis pas dans des parcelles aux facteurs aggravants comme je n'ai pas silex ici ». Si, dans ce cas de figure, adapter les horaires de travail est donc indispensable, il explique également que pendant les travaux il est toujours suivi par un déchaumeur : « le risque zéro n'existe pas donc autant prévoir ». Pour lui, cette situation globale d'une moisson rapide liée à de très fortes chaleurs est une tendance témoignant d'un élément spécifique : « le changement climatique est avéré, on ne peut pas dire le contraire. Et, j'ai une crainte : avoir des périodes sèches ou humides de plus en plus longues et décalées par rapport à l'accoutumée. En somme, avoir une désaisonnalité ».

Un avenir à travailler

Malgré ce contexte, il n'est pas désespéré : « comme la climatologie est humainement incontrôlable, la profession arrivera à s'en sortir si elle s'adapte, par des modifications pratiques ou des choix variétaux différents ou carrément des cultures nouvelles. Mais, pour ces dernières, il faudra des débouchés intéressants. Pour ne donner qu'un exemple, nous pouvons imaginer produire du coton dans quelques années. La question restant : à quel prix ? Les exploitants ont toujours su faire face à de nombreuses contraintes comme l'augmentation des charges ou des prix des intrants, mais actuellement les revenus, eux, ne suivent plus ». Au final, il fait le bilan de ces dernières années : « sur 5 ans nous en avons une seule année de viable puisque, par exemple, le prix des engrais a augmenté de 30 à 50 % ; plombant les trésoreries, en plus des conséquences des aléas climatiques ». Concernant les prix de vente, Cyril Cherreau évoque une situation quasi incontrôlable à l'échelle départementale, régionale ou même nationale puisque les marchés sont, eux, internationaux : « Nous n'avons aucun pouvoir réel de les influer d'une manière ou d'une autre. La seule chose que nous pouvons faire est de nous préserver en stockant nos récoltes et en assurant un minimum de revenu par des contrats filières notamment ».