Accès au contenu
Organisation professionnelle

CAVB : besoin de maîtrise dans un contexte mouvementé

La dernière assemblée générale de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) a fait le bilan d'une année 2024 où la Bourgogne émerge, dans un contexte viticole français très déprimé. À l'heure de passer la main, son président, Thiebault Huber, a redit la nécessité pour la profession de conserver une certaine maîtrise sur de nombreux sujets.

Par Berty Robert
CAVB : besoin de maîtrise dans un contexte mouvementé
Thiebault Huber assure la présidence de la CAVB depuis 2018. Il a choisi de passer la main cette année.

Il tenait la barre depuis 2018 : Thiebault Huber, président de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) a annoncé qu'il allait passer la main, lors de l'assemblée générale du 11 avril à Beaune. Un nouveau conseil d'administration, fort de 27 membres, vient d'être élu. Thiebault Huber se retire sur un beau bilan, marqué notamment par l'obtention d'une importante réforme fiscale concernant les conditions de transmission des exploitations viticoles. Une réforme qui avait mobilisé l'ensemble du monde viticole français et dont l'issue favorable a été obtenue grâce aux actions conjuguées du sénateur de Côte-d'Or, François Patriat, du sénateur de l'Yonne Jean-Baptiste Lemoyne, et du député de Saône-et-Loire, Benjamin Dirx. Au-delà, le président sortant de la CAVB est revenu sur une récolte 2024 historiquement faible. « Un contexte, soulignait-il, qui nous rappelle que nous devons nous doter de moyens pour maîtriser notre outil de production. Il nous faut aussi des outils de régulation en termes de capacité de plantation. »

Une Amérique qui fragilise

La maîtrise des plantations est un des éléments qui, aujourd'hui, font que la Bourgogne est l'une des rares régions viticoles françaises à ne pas être confrontée à une grave crise économique, « mais il n'y a pas que cela, précisait Thiebault Huber : le travail de fond en matière de maîtrise de la production, la recherche technique sur la qualité des vins ou sur la qualité sanitaire de nos cuveries, sont aussi déterminants. » Reste que, face aux menaces que le gouvernement américain de Donald Trump fait peser sur les exportations françaises, tout cela peut sembler fragile. Autre sujet important pour Thiebault Huber : la durabilité des vignes qui constituera sans doute l'un des prochains sujets sur lesquels la CAVB devrait mobilier les parlementaires. En écho, il évoquait évidemment la problématique flavescence dorée (voir encadré), à propos de laquelle « on doit pouvoir conserver des stratégies alternatives. Nous sommes responsables, il s'agit de nos vignes. » Pour 2025, le maintien du plan de lutte contre cette maladie imposera une hausse de cotisation pour les Organismes de gestion (ODG) afin de pallier une baisse des crédits Région. En 2024, un budget de 1,2 million d'euros aura été mobilisé face à la menace : « Ce budget, martelait Thiebault Huber, on en a besoin, ce n'est pas le moment de relâcher la pression ! La Bourgogne a été la première région de France à inscrire la prospection dans son travail sur la flavescence dorée. C'est un sujet sur lequel on peut travailler en bonne intelligence dans une logique de réduction des produits insecticides. » Une nécessité pour un secteur qui, rappelait le président sortant de la CAVB, pèse 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 50 000 emplois dans la région et qui attire 2 des 12 millions d'œnotouristes qui se rendent chaque année en France.

Flavescence dorée et matériel végétal

Sur la flavescence dorée : En 2024 la maladie est surtout présente dans le sud de la Saône-et-Loire, en Côte-d'Or, elle est signalée de manière plus ponctuelle, mais, plus inquiétant : l'Yonne qui était jusqu'alors plutôt épargnée, est maintenant touchée. Sur cette problématique, la CABV travaille avec le Service régional de l'alimentation (SRAL). Sur près de 5 200 analysées réalisées, 439 échantillons se sont révélés positifs à la flavescence. 60 communes viticoles sont concernées, dont 9 nouvelles en 2024. Des modalités expérimentales en termes de prospection et de lutte prophylactique sont mises en place. Cette lutte se fait avec le soutien financier de l'État, de la Région BFC des Conseils départementaux de Saône-et-Loire, de l'Yonne et de la Côte-d'Or, et du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). Si le budget mobilisé sur la question représente 1,2 million d'euros, il faut y ajouter du bénévolat de vignerons pour une valeur estimée de 400 000 euros, équivalent à 12 500 journées : un véritable coût caché de la lutte contre la maladie.

Sur le matériel végétal : La CAVB s'est emparée de ce sujet dès 2018. La volonté est aujourd'hui de se réengager dans ces problématiques et de ne pas les laisser uniquement aux pépinières, dans le but d'améliorer l'adéquation offre/demande. Parmi les projets qui entrent dans ce cadre : l'idée de créer un plant de vigne d'origine BFC. La CAVB estime également qu'on a peut-être trop délaissé la dimension pépiniériste dans la formation des vignerons. Elle veut les sensibiliser aux métiers de la pépinière. Pépiniéristes et vignerons se sont trop longtemps ignorés.