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Patrimoine

Canal de la Cent Fonts : une passerelle entre hier et aujourd’hui

Depuis deux ans bientôt, le canal de la Cent Fonts bénéficie d’un projet d’aménagement d’envergure, dont les travaux se termineront fin 2014. La réhabilitation de l’ouvrage cistercien s’inscrit dans un projet global qui allie tourisme et gestion de l’eau.
Par Anne-Marie Klein
Canal de la Cent Fonts : une passerelle entre hier et aujourd’hui
Le canal à Saulon-la-Chapelle prend des allures de rivière... Hubert Poullot, président de la communauté de communes du Sud dijonnais et maire de Saint-Philibert, a toujours cru dans ce projet de restauration du canal de la Cent Fonts, un projet qui allie
C’est une rivière au nom improbable, tantôt orthographiée [I]«Sans Fond»[i], tantôt [I]«Cent Fonts»[i], qui chemine sur 17 km, depuis sa source à Perrigny-les-Dijon, pour se jeter dans la Vouge au niveau de l’Abbaye de Cîteaux, après avoir traversé Fénay, Saulon-la-Rue, Saulon-la-Chapelle, Noiron-sous-Gevrey, Corcelles-les-Cîteaux, Izeure et Saint-Nicolas-les-Cîteaux.
Le cours de son histoire se confond avec l’histoire de l’abbaye cistercienne, patrimoine naturel et patrimoine historique se retrouvant fortement imbriqués depuis que les moines, en l’an de grâce 1212, ont décidé de creuser un canal pour assurer l’alimentation en eau de leur abbaye. Travaux titanesques pour l’époque que de creuser à main d’homme 11 kilomètres de canal et bâtir des ouvrages qui marquent encore les esprits d’aujourd’hui: deux déversoirs latéraux et un pont aqueduc de 5 m de haut, le pont des Arvaux, qui permet le passage du canal au-dessus de la rivière Varaude, à Noiron-sous-Gevrey.
[INTER]Un projet mûrement réfléchi[inter]
Formidables hydrologues, les moines n’avaient pas le droit à l’erreur, car au fil de son parcours, la Cent Fonts alimentait aussi une dizaine de moulins cisterciens, dont le dernier est implanté dans l’enceinte même de l’Abbaye, au droit d’une cascade de plus de 8 mètres de haut. Une chute qui permet de calculer que les moines ont respecté sur toute la longueur de l’ouvrage une pente moyenne de 1 mm pour 1 mètre de rivière, soit un mètre par kilomètre... Si les moines ont choisi d’utiliser l’eau de la Cent Fonts, c’est que le débit de cette rivière est très particulier : c’est le cours d’eau du bassin versant de la Vouge le moins exposé au risque de sécheresse en période d’étiage. Les débits, qui peuvent être faibles, varient peu tout au long de l’année. Mais depuis des années, faute d’entretien régulier, le fond du canal voit son lit occupé par 80 cm de sédiments.
L’appellation Cent Fonts fait référence aux cent fontaines existant sur son cours et semble être historiquement la plus juste. C’est celle en tout cas qui a été retenue par la communauté de communes du Sud dijonnais, présidée par Hubert Poullot, pour s’engager dans le projet de restauration du canal, après que les moines, n’ayant plus la capacité d’entretenir cet ouvrage, ont demandé aux collectivités territoriales d’en acquérir la propriété pour 1 euro symbolique. Le projet, tentant, méritait cependant réflexion et études approfondies.
L’occasion était belle pour les collectivités territoriales concernées et les élus des communautés de communes du Sud Dijonnais et du Pays de Nuits Saint-Georges (pour 24% du linéaire), de s’engager dans un projet de réhabilitation du canal de la Cent Fonts, mêlant sauvegarde du Patrimoine, aménagement touristique et de loisirs et maîtrise de la gestion de l’eau.

[INTER]Patrimoine sauvegardé, environnement préservé...[inter]
Le canal traverse les communes de Saulon-la-Chapelle, Noiron-sous-Gevrey- Corcelles-les-Cîteaux, Izeure, Saint-Nicolas-les-Cîteaux. Après réflexion et études, les élus ont présenté un projet suffisamment attractif pour justifier un fort engagement des collectivités territoriales et de l’Europe. 80% du financement des 480 000 €/HT de travaux nécessaires aux aménagements sont assurés par des fonds européens, le Conseil général, le Conseil régional et divers fonds.

Hubert Poullot, pour la communauté de communes du Sud Dijonnais, peut dresser aujourd’hui un premier bilan satisfaisant d’une action initiée en 2012. Au terme des opérations de nettoyage, d’aménagement et de réhabilitation des berges [I]«le canal aura retrouvé son débit naturel, ses abords seront accessibles à tous avec des sentiers pédagogiques informant sur la flore et la faune»[i]. La préservation du milieu naturel a nécessité une attention toute particulière à l’aspect environnemental, avec un cahier des charges [I]«très pointu»[i]. En 2013, c’est la partie sud du canal qui a été réhabilitée, de l’Abbaye de Cîteaux à Noiron-sous-Gevrey. En 2014, s’ouvre la seconde tranche de travaux qui va concerner le canal jusqu’à l’entrée de Saulon-la-Chapelle.
Parcours de mémoire, d’histoire, parcours de loisirs et de découverte aussi... ce nouvel écrin pour un canal presque millénaire va faire connaître ou relier des lieux emblématiques des communautés cisterciennes qui se sont succédées : l’abbaye bien sûr, le marais du Poulot, le pont aqueduc des Arvaux et une curiosité, la forêt du millénaire (plantée pour les 900 ans de l’abbaye, en prévision de son millénaire).
A mi-chemin de la fin des travaux, Hubert Poullot insiste sur la force d’entraînement d’un projet de développement local, touristique et de loisirs. Un projet ancré dans une histoire cistercienne dont la richesse patrimoniale a contribué à l’attractivité de la région et une démarche [I]«qui s’inscrit dans la modernité, car elle respecte la mémoire patrimoniale et historique tout en s’adaptant aux différents usages d’aujourd’hui»[i].