Filière Bio
Bons prix mais peu de récolte
La coopérative Cocebi BioBourgogne a tenu son Assemblée Générale le 6 décembre dernier à Nitry. L’occasion de revenir plus en détail sur un exercice aux résultats sans précédent, tant en volume qu’en chiffre d’affaires. Des chiffres néanmoins contrariés par la funeste collecte 2016.
Il n’est jamais facile de revenir sur des chiffres antérieurs, lorsque depuis, on a connu le pire, comme l’a rappelé dans son intervention, Franck Thibault, trésorier du Conseil d’administration de la coopérative : «présenter le rapport financier de la moisson 2015 alors que nous venons de vivre la pire collecte depuis 40 ans, nous met dans un contraste saisissant ! Car nous clôturons un exercice qui, en volume, en chiffre d’affaires toutes activités et en résultat, est le meilleur que nous n’ayons jamais réalisé».
La collecte totale 2015 progresse de 3 662 tonnes, à 18 836 tonnes, soit une progression de 24%. Une croissance due essentiellement à l’augmentation des surfaces en bio, notamment sur les zones de partenariat avec Vivescia, Capserval et 110 Bourgogne. La répartition par espèces des tonnages bio collectés auprès des adhérents ne varie guère, sauf en épeautre, passé d’un volume de 9% à 17% à la moisson 2015.
Le chiffre d’affaire de l’exercice est au diapason, à 12,5 millions€, avec une augmentation significative de la part du triage fin et du décorticage sur la plateforme de Nitry (3 M€). La progression est de 28% pour les produits de consommation simples et triés, de 34% pour les semences, de 35% pour l’approvisionnement et de 44% pour les produits annexes. La production de semences certifiées approchant pour sa part la barre des 2 800 tonnes, contre 1 604, la campagne précédente.
15% du marché français
Le bio a le vent en poupe et une vague de conversions a accompagné l’année 2015 et le printemps 2016, avec des perspectives encore à la hausse pour le second semestre.
Mais la dernière moisson est passée par là, comme le rappelle le président de la Cocebi, Jean-Marie Pautard : «nous étions parvenus à 19 000 tonnes, avec une prévision de progression devant nous conduire à 25 000 t sur la récolte 2016 et au bout du compte, on va être à 15 000t». Avec la difficulté de répondre aux contrats pris antérieurement : «on a pris la décision de servir tout le monde, mais en réduisant les volumes, sans augmenter nos prix pour autant, même si la raréfaction du produit aurait pu nous y conduire. En contrepartie, nous avons souscrit auprès de nos clients une forme de contractualisation, en leur demandant de nous acheter pour les deux ans à venir, la même quantité et au même prix».
Un exercice qui sera, même si les prix se maintiennent, difficile, compte tenu du peu de récolte, où le scénario d’alliance jouera sans nul doute un rôle majeur, souligne Jean-Marie Pautard : «l’Union de vente que j’avais appelée de mes vœux il y a cinq ans, lors du Salon Biofach de Nuremberg, est aujourd’hui en pleine maturité. Avec les coopératives Probiolor pour la Lorraine, Biocer pour le quart Nord-Ouest et Corab pour le centre-Ouest, nous pesons désormais à nous quatre, 15% du marché français». Outre la mutualisation de la vente de toutes les productions, sont également regroupées les prévisions d’assolement, en fonction des souhaits des clients.
Nitry «morne plaine»
Comme en agriculture conventionnelle, les conséquences économiques de la collecte 2016 pèsent lourd dans les trésoreries des exploitations et des mesures ont été mises en place pour leur venir en aide, comme : le paiement au 15 décembre prochain du complément de prix habituellement versé au 15 mars, ainsi que le fait de ne pas compenser les factures d’appros de l’automne et les reporter à la moisson prochaine. Le contexte est toutefois différent, explique le président de la Cocebi : «nos adhérents sont touchés financièrement, mais dans une moindre mesure, du fait que nous sommes moins impactés par les appros qu’en conventionnel et avons sans doute moins investi aussi dans le matériel. Mais l’élément essentiel est que les prix en bio se sont particulièrement bien maintenus». Avec le risque reconnait Jean-Marie Pautard, de les voir un jour redescendre : «je suis aujourd’hui très circonspect face à cette croissance importante, que l’on a tous souhaité bien sur, mais il faut tenir compte des risques liés à un phénomène de rapidité pouvant nous handicaper à plusieurs niveaux. Il nous faut être vigilant, le risque étant d’attirer sur ce marché, des gens moins fiables».
Autre point partagé par les filières bio et conventionnelle : le retard de versement des aides Pac ! «Cela va handicaper lourdement les trésoreries, qu’il s’agisse des primes au maintien bio ou des aides à la conversion pas encore touchées, à l’exemple ce cet agriculteur installé sur une zone Bac, dans le nord du département, qui attend toujours 75% de l’aide escomptée». Egalement dans le collimateur du président, l’accès aux nouvelles technologies sur le secteur de Nitry : «le travail de la coopérative est très handicapé par une desserte désastreuse du réseau Internet… Les besoins en flux d’information ont augmenté avec la gestion d’UBS et d’une partie de Ferme Bio et nous sommes totalement démunis devant des ruptures de réseau incessantes. Un déménagement des services administratifs est d’ailleurs envisagé pour aller vers une zone mieux desservie. Nous pouvons remercier les collectivités régionales et départementales, de laisser les zones à l’écart, définitivement à l’écart».
Dominique Bernerd
La collecte totale 2015 progresse de 3 662 tonnes, à 18 836 tonnes, soit une progression de 24%. Une croissance due essentiellement à l’augmentation des surfaces en bio, notamment sur les zones de partenariat avec Vivescia, Capserval et 110 Bourgogne. La répartition par espèces des tonnages bio collectés auprès des adhérents ne varie guère, sauf en épeautre, passé d’un volume de 9% à 17% à la moisson 2015.
Le chiffre d’affaire de l’exercice est au diapason, à 12,5 millions€, avec une augmentation significative de la part du triage fin et du décorticage sur la plateforme de Nitry (3 M€). La progression est de 28% pour les produits de consommation simples et triés, de 34% pour les semences, de 35% pour l’approvisionnement et de 44% pour les produits annexes. La production de semences certifiées approchant pour sa part la barre des 2 800 tonnes, contre 1 604, la campagne précédente.
15% du marché français
Le bio a le vent en poupe et une vague de conversions a accompagné l’année 2015 et le printemps 2016, avec des perspectives encore à la hausse pour le second semestre.
Mais la dernière moisson est passée par là, comme le rappelle le président de la Cocebi, Jean-Marie Pautard : «nous étions parvenus à 19 000 tonnes, avec une prévision de progression devant nous conduire à 25 000 t sur la récolte 2016 et au bout du compte, on va être à 15 000t». Avec la difficulté de répondre aux contrats pris antérieurement : «on a pris la décision de servir tout le monde, mais en réduisant les volumes, sans augmenter nos prix pour autant, même si la raréfaction du produit aurait pu nous y conduire. En contrepartie, nous avons souscrit auprès de nos clients une forme de contractualisation, en leur demandant de nous acheter pour les deux ans à venir, la même quantité et au même prix».
Un exercice qui sera, même si les prix se maintiennent, difficile, compte tenu du peu de récolte, où le scénario d’alliance jouera sans nul doute un rôle majeur, souligne Jean-Marie Pautard : «l’Union de vente que j’avais appelée de mes vœux il y a cinq ans, lors du Salon Biofach de Nuremberg, est aujourd’hui en pleine maturité. Avec les coopératives Probiolor pour la Lorraine, Biocer pour le quart Nord-Ouest et Corab pour le centre-Ouest, nous pesons désormais à nous quatre, 15% du marché français». Outre la mutualisation de la vente de toutes les productions, sont également regroupées les prévisions d’assolement, en fonction des souhaits des clients.
Nitry «morne plaine»
Comme en agriculture conventionnelle, les conséquences économiques de la collecte 2016 pèsent lourd dans les trésoreries des exploitations et des mesures ont été mises en place pour leur venir en aide, comme : le paiement au 15 décembre prochain du complément de prix habituellement versé au 15 mars, ainsi que le fait de ne pas compenser les factures d’appros de l’automne et les reporter à la moisson prochaine. Le contexte est toutefois différent, explique le président de la Cocebi : «nos adhérents sont touchés financièrement, mais dans une moindre mesure, du fait que nous sommes moins impactés par les appros qu’en conventionnel et avons sans doute moins investi aussi dans le matériel. Mais l’élément essentiel est que les prix en bio se sont particulièrement bien maintenus». Avec le risque reconnait Jean-Marie Pautard, de les voir un jour redescendre : «je suis aujourd’hui très circonspect face à cette croissance importante, que l’on a tous souhaité bien sur, mais il faut tenir compte des risques liés à un phénomène de rapidité pouvant nous handicaper à plusieurs niveaux. Il nous faut être vigilant, le risque étant d’attirer sur ce marché, des gens moins fiables».
Autre point partagé par les filières bio et conventionnelle : le retard de versement des aides Pac ! «Cela va handicaper lourdement les trésoreries, qu’il s’agisse des primes au maintien bio ou des aides à la conversion pas encore touchées, à l’exemple ce cet agriculteur installé sur une zone Bac, dans le nord du département, qui attend toujours 75% de l’aide escomptée». Egalement dans le collimateur du président, l’accès aux nouvelles technologies sur le secteur de Nitry : «le travail de la coopérative est très handicapé par une desserte désastreuse du réseau Internet… Les besoins en flux d’information ont augmenté avec la gestion d’UBS et d’une partie de Ferme Bio et nous sommes totalement démunis devant des ruptures de réseau incessantes. Un déménagement des services administratifs est d’ailleurs envisagé pour aller vers une zone mieux desservie. Nous pouvons remercier les collectivités régionales et départementales, de laisser les zones à l’écart, définitivement à l’écart».
Dominique Bernerd