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Syndicat Betteravier de l’Yonne

Bon millésime pour la betterave icaunaise

L’année 2014 aura été marquée par des rendements et une richesse en sucre sans précédent pour les betteraviers de l’Yonne, qui s’interrogent néanmoins, sur les futurs accords interprofessionnels et contrat type de l’après 2017
Par Dominique bernerd
Bon millésime pour la betterave icaunaise
Au micro, Didier Renoux, président du Syndicat Betteravier de l’Yonne.
Le Syndicat Betteravier de l’Yonne a tenu son assemblée générale le 21 mai dernier, à Vallery, sous l’égide de son président, Didier Renoux et en présence notamment du Directeur général de la CGB, Alain Jeanroy. L’exercice 2014 s’est soldé par un record de production à près de 95 tonnes a 16° par ha, qui place le département  dans la moyenne nationale. Un motif de satisfaction pour le président Renoux, qui s’est félicité également de l’arrivée de nouveaux planteurs Souppes, venus conforter la filière départementale depuis un an, portant à 83, le nombre de planteurs. Saluant au passage, «tous nos anciens collègues de Brienon qui ont du il y a quelques années, quitter la production, du fait de leur éloignement des sites de transformation et ce, malgré leurs compétitivités…»
La dernière campagne a été marquée également par la mise en place de la forfaitisation du collet pour la réception des betteraves, avec à la clé, moins de production laissée dans les champs et une pénalisation des silos limitée : «on livre aujourd’hui le maximum de notre récolte et on juge désormais notre travail et non plus le travail et l’humeur ou la pression des décolleteuses !» Certains points restent néanmoins à améliorer dans certaines usines, comme l’accès aux photos et le jugement des betteraves non conformes. Didier Renoux appelant de ses vœux l’usine de Souppes à rejoindre le processus de forfaitisation dès cette année. Concernant le déterrage, autre facteur de compétitivité, le département reste en-dessous des chiffres nationaux, avec seulement 55% de betteraves déterrées mais des marges de progrès sont possibles, notamment par une meilleure optimisation du matériel existant : «j’appelle les sucreries s’approvisionnant dans l’Yonne, à ce jour Souppes, Corbeilles et Connantre, à tout mettre en œuvre pour arriver à 100% de déterrage pour notre zone. Il en va de la compétitivité de la filière…» En progression par rapport à 2013, avec une moyenne de 90 jours, la durée des enlèvements est toutefois inférieure de 23 jours aux chiffres nationaux.

Comment se répartira le prix du sucre après 2017 ?
Aujourd’hui, toute la profession a le regard rivé sur l’après 2017 et la meilleure façon de s’organiser, par rapport à volatilité pressentie des revenus. Le futur accord interprofessionnel national et contrat type reste à écrire, avec pour objectif d’en conclure les modalités d’ici juin 2016. Selon le président du Syndicat Betteravier de l’Yonne : «l’écriture de ces accords sera déterminante pour notre avenir de producteur mais aussi, plus largement, pour l’existence et la pérennité de notre filière… Il ne faut pas oublier que nous sommes certes, très attachés à la culture, à nos coopératives et à nos sucreries, mais nous ne sommes pas des philanthropes et pour l’avenir, il nous faudra encore des prix et une vraie rémunération transparente. En résumé, en tant que paysan, à 20 € la tonne de betteraves, je ne sème pas, à 25 €, je calcule et à 30 €, je ne me pose pas de questions !»
Un sujet évoqué à plusieurs reprises par le président de la CGB, Alain Jeanroy, présent à Vallery, qui a mis en garde les planteurs sur la disparition des suppléments de prix après la récolte 2016. Le scénario de l’après 2017 verra la suppression de la taxe actuelle à la production de 12 €/t, le prix de référence du sucre, fixé à 404 €/t sur le marché européen, se répartissant alors entre 56% pour l’industriel et 44% pour le planteur, soit pour ce dernier, un prix de 26,26 €/t. Pas question, insiste le patron de la CGB, de revenir sur cette répartition : «certaines prises de position évoquent une part fabricant passant à 66%, c’est sûr que ce serait une façon de sécuriser le revenu de l’industrie sucrière, mais ce n’est pas acceptable !» Evoquant dans son argumentation, les écarts de compétitivité sur le marché mondial, «qui se sont fortement réduits en 10 ans. Là où le rapport était de 1 à 2 entre le Brésil et nous, il n’existe plus actuellement que 30% d’écart de coût de production, du fait notamment de la hausse des salaires et ça continue. On peut penser que d’ici une dizaine d’années, on sera à l’équivalence, au taux de change près…» Dans un cadre de dérégulation des volumes et d’une concurrence accrue, la filière a tout intérêt à voir l’émergence d’un accord interprofessionnel et d’un contrat type, encore faut-il rappelle Alain Jeanroy, «éviter toute concurrence débridée et non contrôlée, qui favoriserait automatiquement une perte de valeur pour la filière, que ce soit pour le fabricant de sucre ou le producteur de betteraves. Serons nous suffisamment majeurs pour voir l’intérêt qu’il y a, de rester dans une filière organisée… ?»

Chiffres clés de la campagne 2014/2015

Nombre de planteurs : 83
Surfaces betteravières : 1400 ha (soit 16,9 ha par exploitation)
Rendement en betteraves/ha : 82,2 t de racines à 17,95 de richesse soit 94,5 t à 16° pr ha
Rendement en sucre : 14,7 t de sucre blanc par ha
Production : 132 000 t de betteraves pour un équivalent de 20 600 t de sucre
Destination des betteraves : 53% de sucre du quota et travail à façon ; 28% alcool, éthanol, betteraves industrielles ;
19%  excédents et autres usages
Estimation surfaces 2015 : + 6%, soit 1485 ha